Macron l’Européen?

La course  à la primaire Les Républicains bat son plein en France. Si l’on peut se plaindre de l’âge des uns et de la ligne très extrême des autres, on peut également souligner la grande absente des débats – bien que cela ne représente pas en soi en un phénomène inhabituel – l’Union européenne. Or, il semblerait qu’en ces temps de défis brûlants pour l’UE, celle-ci devrait justement être au centre des discussions, l’élément clé de chaque discours. Or, rien, le néant absolu. Sauf peut-être Alain Juppé qui a promis que sa campagne sera «bientôt l’occasion de [s']exprimer plus longuement sur l’ambition européenne [qu'il veut] redonner à la France dans les temps qui viennent». Nous attendons.

A gauche, pas de différence notable, alors même que François Hollande aurait pu (dû) profiter de la brèche ouverte par le Brexit pour faire des propositions concrètes qui lui auraient permis de redorer un blason qui en a bien besoin. Quant à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, ils ont tellement peu évoqué la question qu’il est difficile de savoir quel est leur programme à ce sujet.

C’est donc «ni de gauche, ni de droite» qu’est venue la première vraie proposition susceptible de convaincre l’électorat pro-européen de France. En effet, Emmanuel Macron a présenté son programme pour l’Europe le 24 septembre dernier lors du Sommet des réformistes européens à Lyon. Voici en substance ce qu’il propose. L’idée principale de l’ancien ministre est de lancer un vaste débat en 2017 dans toute l’UE. Pour cela, les Etats-membres organiseraient des conventions démocratiques pendant un an afin de discuter du contenu de l’action de l’UE, de ses politiques et de ses priorités – le tout de façon coordonnée afin de ne pas avoir 27 projets différents. L’objectif serait, à terme, de construire une réponse commune qui permettrait aux dirigeants de mettre en place une feuille de route et un calendrier de mise en œuvre pour les quinze prochaines années. Feuille de route qui contiendrait notamment les points suivants: consolidation de la zone euro, création d’un budget commun, renforcement de la politique commerciale, mise en place d’une politique anti-dumping et création d’un fonds européen de défense. Avec, pour finir, la possibilité laissée à chaque Etat-membre d’avancer à son propre rythme, c’est-à-dire la création d’une Europe à deux vitesses.

Alors certes, sur les trente-cinq minutes qu’a duré son intervention, ce n’est que lors des dix dernières que M. Macron a réellement avancé une ébauche de projet. Certes, on peut s’interroger sur la manière de mettre en œuvre une telle action. Certes, on peut se demander si cela n’est pas uniquement une stratégie du candidat Macron, se voyant seul sur la thématique européenne, pour conquérir le vote de l’électorat pro-européen. Certes, il faudra attendre quelques mois encore pour savoir s’il tient cette ligne, si celle-ci tient la route et si lui-même a une chance l’an prochain. Mais on peut également se réjouir de voir le thème de l’UE débarquer dans les débats en vue de la présidentielle 2017, ouvrant ainsi la porte à d’autres idées lancées par les opposants, ne serait-ce que pour concurrencer le jeune premier. Et louer le fait que certains parlementaires européens, des fédéralistes convaincus tels que Sylvie Goulard, soutiennent cette initiative.

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.