La roue de l’Histoire tourne plus vite qu’on ne le pense…

Bien sûr que les uns sont dans une situation économique critique. Bien sûr que les autres pourraient être plus souples dans leurs exigences envers les uns. Mais que la Grèce réclame le paiement de réparations pour l'occupation nazie 70 ans après, alors même que l'Europe traverse une grave crise d'identité, c'est risquer de mettre en péril tout le fragile édifice que constitue la paix sur le continent, rajouter des tensions là où elles sont déjà si nombreuses et menacer tout un ensemble. 

Pourquoi la Grèce ne se contente-t-elle pas d'évoquer un épisode plus récent de l'histoire allemande? Elle pourrait ainsi simplement rappeler qu'en 1953, son pays avait accepté avec 21 autres créanciers d'annuler plus de 60% de la dette contractée avant et après-guerre par la RFA. La dette de cette dernière était ainsi passée de 38 milliards de Deutschmark à 14 millions. Ceci constituerait un argument bien plus rationnel, plutôt que de rappeler à tout un peuple les folies commises par leurs aînés. 

Cependant, les Grecs ne sont pas les seuls à  blâmer dans cette affaire. Si les Allemands ne souhaitent pas faire ressurgir les heures les plus noires de leur histoire, ils pourraient toutefois se souvenir que, il y a 63 ans, c'est eux qui se trouvaient dans la situation économique de la Grèce aujourd'hui. Et que c'est à la solidarité des pays riches qu'ils doivent leur prospérité actuelle. Car on le voit, la roue tourne… Qui peut prédire ce qu'il en sera en 2079? 

 

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.