Ode à Erasmus

Imaginez. Vous êtes jeune, vous avez soif d’aventure, vous rêvez de voyager en Europe. Vos connaissances du continent se limitent à quelques clichés: en Italie, on mange des pâtes, en Espagne de la paëlla et les Allemands boivent de la bière. Quant aux pays de l’Europe de l’Est, c’est à peine si vous connaissez leur capitale. Vous savez qu’il y a la Lettonie, l’Estonie, par là-bas, mais c’est tout. Comme la plupart de vos collègues, il faut bien le dire. Car l’enseignement que vous avez reçu sur l’Union européenne est bien pauvre. Fort de ces (grandes) connaissances donc, vous apprenez en débutant votre cursus universitaire qu’il est possible de faire un séjour à l’étranger que l’on appelle «Erasmus».

Ni une ni deux, alléché par cette possibilité, vous envoyez le formulaire d’inscription. Et là, bingo! Vous apprenez que vous avez été retenu. Votre pays sera l’Allemagne, votre ville Munich. Quelques mois plus tard, ça y est, vous débarquez dans la capitale bavaroise. Un 2 octobre, en pleine Oktoberfest. Très vite, vous rencontrez plein d’autres jeunes qui, comme vous découvrent l’Allemagne: Portugais, Français, Tchèques, Suisses ou encore Britanniques. Et des Allemands, bien entendu. Et là, vous vous dites: mais au fond, nous partageons les mêmes valeurs, la même identité, la même histoire. Quand vous parlez d’Europe, ce qui n’était au départ que de petits compte-rendu de vos activités se transforment en plaidoyers rendant compte de la réalité de l’Europe et de ses relations avec votre pays, en l’occurrence la Suisse. Réalisant que vos connaissances sur l’UE sont limitées, vous vous renseignez, vous lisez de nombreux articles, vous échangez avec les autres Européens qui participent au programme. Et vous vous demandez pourquoi vous ne l’avez pas fait avant, tant le sujet est captivant. De fil en aiguille et de ville en ville – vous visitez Hambourg, Berlin, Nuremberg, Bamberg, Freiburg, Leipzig, Dresde et j’en passe – le temps file à vive allure, les neuf mois touchent déjà à leur fin. C’est l’heure du bilan. Largement positif.

Lors de votre séjour vous avez ainsi pu constater plusieurs choses: partir à la découverte, seul, d’un pays vous a apporté un enrichissement incomparable. Beaucoup des préjugés que vous aviez concernant l’UE ont disparu, ainsi que votre scepticisme face à ce que vous appeliez «Bruxelles». Votre participation au programme Erasmus vous a ainsi permis de déconstruire ces mythes, de renforcer l’attractivité de l’UE à vos yeux de Suisse, de vous sensibiliser aux relations existantes entre les pays d’Europe (y compris la Suisse), de favoriser les échanges avec de jeunes Européens et d’encourager l’ouverture. Bien sûr, en cherchant à en savoir davantage, vous avez pu aussi renforcer considérablement vos connaissances sur un continent aux richesses incomparables.

Du côté de vos proches, certains étaient plutôt critiques par rapport à votre engouement pour l’Europe. Mais vous avez su trouver les arguments pour leur répondre et vous avez su expliquer pourquoi cette expérience était enrichissante. Vous ne doutez donc pas qu’Erasmus soit un programme incontournable pour les étudiants qui souhaitent découvrir d’autres cultures en Europe et accéder à d’autres sources de formation – pour les jeunes par les jeunes. Il encourage à découvrir une autre Europe, renforce les liens entre les jeunes Européens et contribue à déconstruire les mythes négatifs au sujet de l’UE.

Vous étiez parti Suisse, vous êtes revenu Européen.

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.