Les jeunes britanniques voyaient leur avenir dans l’UE

Quelques chuchotements, çà et là un rire nerveux. Sur tous les visages se lit la stupéfaction, voire l’effarement. Voilà l’ambiance qui régnait tôt ce matin à l’Ambassade du Royaume-Uni à Berne. Invités pour un «suprisingly early Referendum Results Breakfast», ce que nous espérions être une fête pour le «Remain», s’est transformé en cauchemar du «Brexit».  Chacun savait que cela serait serré, personne n’avait osé l’envisager.

Beaucoup de choses ont été dites depuis ce matin dans les médias et sur les réseaux sociaux et tous les opposants au Brexit s’accordent à dire que c’est une victoire des peurs et du nationalisme, qu’une crise européenne est en marche et que des réformes sont plus que jamais nécessaires au sein de l’Union européenne. D’autres rappellent que c’est en réaction aux crises graves que les plus grandes avancées politiques ont pu être réalisées. Enfin, du côté suisse, il paraît clair que trouver une solution concertée avec l’UE d’ici à février 2017 s’annonce de plus en plus illusoire.

Quand le temps de la tristesse, de l’énervement et de la déception du camp proeuropéen sera passé, il faudra tirer un bilan de ces derniers mois et surtout des leçons de cette défaite afin de forger une Union forte dont les membres n’auront plus envie de sortir. Par des réformes bien sûr, mais aussi en réaffirmant les valeurs européennes et en adoptant un discours différent – bien sûr qu’il y a des points qui ne fonctionnent pas, mais pourquoi ne pas parler plus souvent de ce qui marche (voir l'article de Guy Sorman à ce sujet)? L’an prochain, nous fêterons les 60 ans du traité de Rome de 1957 dont l'objectif était d'«établir les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens». Le Royaume-Uni sorti, cette phrase est plus actuelle et essentielle que jamais. 60 ans après, c’est l’occasion rêvée de la concrétiser.

La jeune génération aura un rôle décisif à jouer dans la nouvelle configuration européenne et devra montrer la voie vers une plus grande intégration. Car, et c’est l’un des seuls points positifs du résultat du référendum, les jeunes britanniques ont voté à 66% en faveur du «Remain». Ils sont nés européens et sont donc conscients des apports de l’UE dans leur vie et pour leur avenir. Ils savent que nous partageons non seulement un continent, mais aussi des valeurs, une identité, une histoire. Leur voix n'a pas été assez forte et ils n'ont pas pu empêcher leurs aînés de compromettre leur futur. Faisons en sorte que cela n'arrive plus et mettons la mobilisation des jeunes sur la liste des priorités pour l'Europe de demain.

Vendredi dernier, nous apprenions avec horreur la mort de Jo Cox, députée britannique europhile, assassinée pour ses idées. Ce vendredi, c’est un autre terrible coup de massue pour les convictions européennes qui nous a été asséné. Il est temps que cela cesse, l’Europe a urgemment besoin de bonnes nouvelles. 

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.