Les aléas d’une jeune pro-européenne en Suisse

Pourquoi n’avez-vous rien fait?

«Ce que je peux vous dire, c’est que la jeunesse se désespère, elle est profondément désespérée parce qu’elle n’a plus d’appui, elle ne croit plus en la politique française et je pense qu’elle a, en règle générale, en résumant un peu, bien raison. Ce que je peux vous dire, c’est que le désespoir est mobilisateur et quand il devient mobilisateur, il est dangereux et que ça entraîne le terrorisme (…). Et ça, il faut que les grandes personnes qui dirigent le monde soient prévenues que les jeunes vont finir par virer du mauvais côté parce qu’ils n’auront plus d’autres solutions». Ces mots, que l’on pourrait croire l’expression de la situation actuelle, ont été adressés par Daniel Balavoine le 19 mars 1980 sur Antenne 2 (actuelle France 2) à François Mitterrand qui se présentait alors à l’élection présidentielle française.[1]

En lisant cet extrait qui est, trente-six ans plus tard, encore d’une actualité déconcertante, on est en droit de se poser trois questions: la situation politique, économique et culturelle en France n’a-t-elle pas évolué depuis les années 1980? Peut-on ainsi déduire que personne n’a rien fait pour changer les choses?  Enfin, et c’est le plus important, que peut-on faire pour que cela ne dure pas trente-six ans de plus? 

En réponse à cette dernière question, deux mesures urgentes me semblent dorénavant fondamentales, et celles-ci concernent toute l’Europe, pas seulement la France. Tout d’abord, il est urgent que les partis politiques – y compris en Suisse – offrent davantage de perspectives aux jeunes que ce n’est le cas actuellement. Car quand un grand pourcentage des 18-30 ans vote pour un parti d’extrême-droite[2] en y voyant un espoir de «changement», comme ce fut le cas en Suisse lors des élections fédérales ou en France lors des élections régionales, c’est que notre société souffre. Seuls les bons résultats de Podemos en Espagne lors des élections législatives de décembre laissent entrevoir un avenir pour la jeunesse européenne.

De plus, il est nécessaire qu’un renouveau au sein des hautes sphères politiques françaises et européennes ait lieu et que des réformes soient faites. Les résultats d’un récent sondage réalisé pour le journal le Parisien[3] montrent que 88% des Français souhaitent un renouvellement politique dans leur pays et que ceux-ci en font la priorité pour 2016, ce qui est loin d’être étonnant. En effet, comment pourrait-on placer sa confiance en quelqu’un qui, à l’instar de Nicolas Sarkozy, apparaît dans une demi-douzaine d’affaires judiciaires? Et comment espérer un renouveau de la part de ceux qui occupent la scène politique française depuis des années – Laurent Fabius, François Bayrou, Jean-François Copé, Alain Juppé, etc? Quant à l’UE, comment croire en son principe alors que la plupart des décisions semblent dictées par les dirigeants de certains grands Etats de l’UE? Et que certains députés européens souhaitent que leur pays sorte de l’Union? La France et l’Europe manquent de figures charismatiques qui sauraient à la fois incarner la volonté et les valeurs du peuple, apaiser ses doutes et lui proposer des solutions réalisables et durables.

En résumé, après la terrible année 2015 que l’Europe a traversée, il est essentiel désormais que des mesures soient mises en place afin que, dans trente-six ans, nos enfants et petits-enfants ne soient pas aux prises avec une nouvelle guerre mondiale et ne nous demandent pas: «Mais puisque vous saviez, pourquoi n’avez-vous rien fait?».

 

 


[2] 27% de jeunes ont voté UDC en Suisse le 18 octobre dernier (source Le Matin) ; 35% des jeunes ont voté Front National en France lors du premier tour des élections régionales (source Le Monde).

 

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