Les aléas d’une jeune pro-européenne en Suisse

Le sauvetage de l’Europe passera par l’Europe

Que ce soit en Suisse, en France ou en Europe, la question des réfugiés ne cesse d’être actuelle. Placée au centre de la première session du nouveau parlement suisse qui débute ce lundi 30 novembre, elle l’a été aussi de la conférence de presse d’hier du premier ministre français Manuel Valls durant laquelle il a annoncé qu’il n’était «plus possible» pour l'UE d'accueillir autant de migrants et qu'elle devait «trouver des solutions» pour que ceux qui quittent la Syrie soient pris en charge par des pays voisins. Il a également exprimé sa crainte que les peuples disent «l’Europe, ça suffit». Alors ça y est? L’UE est-elle désormais en si grand danger qu’elle ne peut plus se permettre d’accueillir des réfugiés et se voit obligée de marcher sur ses valeurs? 

Il est clair que les attentats du 13 novembre dernier à Paris ont remis en question certaines mesures prises au sein de l’Union européenne sur la gestion des vagues de migrations. Ainsi, nombreux sont ceux qui se demandent désormais si l’accueil des réfugiés n’est pas également une porte ouverte aux terroristes de l’Etat islamique. Il semble également évident que la question de l’accueil des réfugiés ne peut plus être ajournée et qu’il est urgent de trouver des solutions. Cependant, il est aussi important d’éviter l’amalgame facile entre réfugiés et terroristes et de rappeler qu'il existe une forte convergence entre les intérêts sécuritaires européens et ceux des personnes qui cherchent protection en Europe. En effet, les deux ont besoin de voies d’accès sûres, légales et contrôlées. En outre, en refusant l’aide à ces populations, nous allons au-devant de graves violations des droits humains.[1]

Quant à ceux qui, pour les raisons évoquées ci-dessus, souhaiteraient fermer les frontières de notre pays et mettre ainsi un terme à la libre circulation des personnes, rappelons qu’il convient de différencier deux types d’immigration: l’immigration de ressortissants des pays membres de l’UE et celle de réfugiés. La première concerne l’émigration et l’immigration des habitants des pays membres de l’UE et se fonde sur les accords conclus entre la Suisse et l'UE (libre circulation des personnes dans le cadre des Accords bilatéraux I). En revanche, la question des réfugiés et de leur statut est réglée par la loi fédérale sur l’asile. L’afflux actuel de réfugiés venus du Proche-Orient et d’Afrique est un défi qui concerne l’ensemble de l’Europe et, de ce fait, la Suisse doit contribuer à trouver des solutions en collaboration avec ses voisins européens. Et ce non seulement en tant que membre de Schengen/Dublin, mais aussi en tant que pays situé au cœur de l’Europe et qui en partage les valeurs.

Enfin, n’oublions pas que l’immigration a toujours représenté une chance pour l’ensemble de l’Europe. Ainsi, les défis actuels devraient être réglés de manière commune à l’ensemble des pays de l'UE et de l’espace Schengen et non de manière nationale en fermant les frontières. Le sauvetage de l’Europe passera par l’Europe.

 


[1] Lire à ce propos l’intéressant interview de Denise Graf, coordinatrice pour les réfugiés chez Amnesty International: 

http://www.migrosmagazine.ch/societe/entretien/article/les-barrieres-ne-font-que-nourrir-les-organisations-mafieuses-et-les-passeurs

(consulté le 25.11.2015)

 

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