Les aléas d’une jeune pro-européenne en Suisse

Vaincre le sentiment d’inutilité

Elle s’appelait Lola, elle avait 17 ans. Il s’appelait Yannick, il avait 34 ans. Elle s’appelait Maeva, elle avait 27 ans. Trois personnes parmi les 89 victimes décédées au Bataclan. Trois personnes parmi les 129 victimes décédées à Paris vendredi soir. Trois personnes parmi les 269 victimes des attentats d’Ankara, Beyrouth et Paris qui ont eu lieu entre le 10 octobre et le 13 novembre. Trois personnes comme vous et moi qui, heureuses d’avoir fini une longue semaine de travail, étaient venues se détendre dans un café, à un concert ou encore à un match de foot.

Passé le choc initial intense – n’est-on plus en sécurité nulle part? –, la peur et l’envie de vengeance, l’impression d’inutilité s’installe rapidement. Que peut-on faire, en tant que personne, pour sauver notre Europe pacifique? Qu’entreprendre pour que François Hollande puisse déclarer que ça y est, la guerre est finie, la paix est revenue?

Je crois sincèrement que ce que l’on peut faire, et qui a été admirablement fait depuis vendredi sur les réseaux sociaux – malgré certains commentaires malheureux mêlant amalgames et racisme – c’est de se montrer solidaires, partager son opinion et soutenir les valeurs de notre continent. Le faire également dans la vraie vie en allumant une bougie sur sa fenêtre, en jouant «Imagine» sur son piano[1] ou encore en participant à l'un des rassemblements organisés dans de nombreuses villes d’Europe. De petites gouttes de paix dans un océan de violence certes, mais un moyen de se montrer unis dans un monde de plus en plus incertain. Et, à terme, faire triompher la joie sur la peur, la vie sur la mort.

Quant à ceux qui se plaignent que les attentats de Beyrouth et d’Ankara ont été sacrifiés sur l’autel de ceux de Paris, je réponds que les Parisiens, en tant qu’Européens, sont nos compatriotes. Qui d’entre nous n’a jamais foulé ou rêvé de fouler les pavés parisiens, dorénavant théâtre d'un massacre? Ville d’ouverture, de démocratie et de liberté, une atteinte à Paris est une atteinte en plein cœur aussi sûrement que si elle avait été perpétrée dans notre propre ville car nous partageons leurs valeurs et leur identité. Nous n’oublions pas Ankara et Beyrouth; elles sont seulement trop lointaines géographiquement, historiquement et politiquement, pour nous qui sommes, avant tout, des Européens.

Enfin, ce que Charlie Hebdo avait montré le 7 janvier, le 13 novembre l’a confirmé: ce n’est qu’en restant ensemble que nous irons de l’avant. Paris doit rester la ville de l’amour, pas de la guerre.

 

[1] Voir la vidéo sur le lien: https://www.youtube.com/watch?v=l5k0SKwt1bw. Consulté le 15 novembre.

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