Les aléas d’une jeune pro-européenne en Suisse

L’Europe s’invite à l’Université d’été du parti socialiste

Deux heures trente-six, deux trains et deux cars postaux. C’est très exactement ce qui sépare Berne de Chandolin, lieu où se tenait ce week-end l’Université d’été du Parti socialiste (PS). Accueillie à mon arrivée par Martin Naef, co-président du Nomes et conseiller national, je me rends au Grand Hôtel de Chandolin pour une mission bien particulière: raconter l’Europe à un petit groupe de socialistes qui s’est inscrit au workshop animé par Martin Naef. A mes côtés, Pascal Graf, secrétaire général de la young european swiss (yes), l’organisation de jeunesse du Nomes et voix de la jeune génération pro-européenne suisse.

Bien qu’enthousiasmée à l’idée de cet atelier, c’est dans un état d’esprit plutôt mitigé que je me rends à Chandolin en ce samedi 8 août. En effet, forte de la lecture d’un article de 24heures de la veille relatant que «le «plan d’action Tessin» du PS, qui veut privilégier la main-d’œuvre indigène face aux frontaliers, présente des recettes que l’on jurerait concoctées par l’UDC ou le MCG. »[1], je m’attends à un public d’eurosceptiques convaincus.

Un débat engagé

14h15. Malgré la forte chaleur et la vague somnolence post-digestion, Martin Naef salue l’assemblée et nous débutons une petite présentation générale: l’Union européenne et ses institutions pour Pascal Graf, la relation Suisse-UE pour moi et, en guise de conclusion, l’histoire de la relation du PS à l’Europe pour Martin Naef. Dans la salle, le public trépigne, impatient de pouvoir débattre et poser des questions sur un sujet qui ne cesse de faire polémique ces derniers mois. Il en aura la possibilité, un peu plus tard, divisé en petits groupes.

C’est dans ces petits groupes justement que les langues se délient, les avis se prononcent, les questions affluent. «Quelles sont les solutions possibles après le 9 février?», «quelles seraient les conséquences directes d’une adhésion de la Suisse à l’UE?», «l’UE en tant que projet existe-t-elle encore?», «le parti socialiste peut-il vouloir entrer dans une UE profondément à droite?».

Difficile cependant de répondre à toutes ces questions en si peu de temps. Après une heure de discussions animées et engagées, plusieurs conclusions ont pu toutefois être tirées. Premièrement, il est temps de régler l’insécurité née du 9 février et de clarifier la question de la libre circulation des personnes, éventuellement par un second vote. Deuxièmement, si aucune solution ne devait être trouvée et que les bilatérales venaient à être abolies, l’adhésion serait une solution envisageable. Troisièmement, l’UE existe et continuera d’exister et si elle est certes un projet qui tend vers la droite, c’est justement pour cela que la gauche ne doit pas l’abandonner au profit de ses adversaires. Vous aviez dit eurosceptiques?

17h. Il est temps de conclure les discussions et Martin Naef remercie les participants pour leur engagement. A l’heure de se quitter, l’un deux me glisse à l’oreille, les yeux brillants : «Quand j’entends Martin Naef raconter l’Europe, j’ai envie d’y adhérer demain!». Et une autre d’ajouter: «cela fait plaisir que Pascal Graf et vous représentiez ces idées dans la jeunesse, cela donne de l’espoir pour le futur de la Suisse». Et voilà une bonne dose de motivation pour continuer la lutte pour une Suisse «ouverte, solidaire et européenne»[2]!


[2] Slogan du Nomes. Plus d’infos: www.europa.ch

 

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