Vu de la campagne: n’y aura-t-il aucune élue valaisanne au Parlement?

À en croire les sondages de fin septembre, le spectre d’un Valais sans aucune élue au Parlement fédéral se profilerait chaque jour davantage. Les deux sortantes du Conseil national ne se représentant pas (l’une étant devenue Conseillère fédérale), l’espoir d’une présence au Conseil des États se trouve aujourd’hui contesté par des minoritaires qui ne le seraient plus tant que cela.

Pourtant, 91 candidats aux deux chambres sur 238 sont des candidates. Elles n’étaient que 45 il y a quatre ans. Ce chiffre pourrait donc sembler très positif. En réalité, le taux de conversion de ces partantes en occupation des sièges en jeu pose d’autant plus question.

On observe, certes, que la volonté de se rapprocher de la parité paraît authentique pour la droite et le centre. Mais si la gauche l’atteint, voire la dépasse même souvent, l’UDC, elle, en reste obstinément éloignée.

Confrontés à ces constats en demi-teintes, l’angélisme n’est d’aucune utilité. Les déclarations glanées de-ci de-là au sujet de la sincérité des intentions des uns et des autres dissimulent mal certains réflexes persistants. J’ai pu m’en apercevoir sur le terrain, puisque je suis moi-même en campagne depuis plusieurs mois en vue d’une accession à la Coupole.

Un simple mot qui échappe à un interlocuteur au détour d’une conversion et voilà que renaît le spectre du tout-masculin en politique. Les pionnières qui nous ont ouvert la voie (escarpée) qui conduit au pouvoir, que ce soit en Valais ou ailleurs, doivent se sentir bien flouées aujourd’hui. Quel est donc le motif du recul de la cause qu’elles ont si ardemment défendue?

Parmi les arguments «audibles», le manque de formation des femmes m’a été rapporté à plusieurs reprises. Un journaliste m’a ainsi affirmé que présenter des candidates d’un si faible niveau nuisait en définitive à notre propre crédibilité, à nous, la nouvelle génération de femmes politiques. Le legs des pionnières évoquées à l’instant serait de la sorte remis en question à juste titre.

La réplique habituelle face à ces attaques consiste à mettre en avant les défaillances avérées de certains élus masculins. En réalité, ceux-ci sortent quasi indemnes de leur passage au travers du rideau de feu de leurs erreurs. Ignorant cette évidence, certaines femmes affirment que ce constat leur octroie un droit à l’incompétence équivalent.

Le problème est que nous aurons, les unes et les autres, une démocratie à gérer, des lois complexes à mettre sous toit et… un canton à représenter. Dans le cas du Valais, nous parlons de seulement huit représentants à la chambre basse et deux à la chambre haute. Cette condensation du pouvoir implique de bien grandes responsabilités qui pèsent sur bien peu d’épaules.

Pour me limiter à ma région, la question que je me pose est dès lors la suivante: avons-nous vraiment les moyens d’envoyer à Berne des élus médiocres, quel que soit leur sexe? Le 20 octobre, les électrices et électeurs nous livreront leur propre réponse. Elle sera claire et imparable! Telle est la seule certitude dont nous disposions, à ce stade, nous autres, les postulantes et postulants à ces si capricieux fauteuils.

Carole Furrer

Carole Furrer est candidate au Conseil national (VS) pour les élections fédérales du 20 octobre 2019. Elle est licenciée en sciences économiques de l'Université de Lausanne et active en politique. Ancienne secrétaire générale du PDC du Valais romand, au Grand Conseil valaisan durant 9 ans, elle est aujourd'hui la 1ère femme à présider des Syndicats chrétiens du Valais (SCIV). Elle est également vice-présidente de Travail.Suisse, organisation faîtière indépendante des travailleurs/ses.

Une réponse à “Vu de la campagne: n’y aura-t-il aucune élue valaisanne au Parlement?

  1. l Il y a 30 ans, Françoise Giroud disait :
    La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente.

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