Apprendre le leadership avec les moutons

Alors qu’AlBaraa Taibah, jeune citadin de Riyad (Arabie Saoudite), s’apprêtait à entreprendre des études de leadership de l’éducation aux Etats-Unis, l’idée lui vint d’expérimenter la réalité du leadership. Comment faire?

La réponse arriva en observant les bergers conduisant des troupeaux de moutons en milieu hostile. Faisant sien le proverbe selon lequel c’en forgeant que l’on devient forgeron, il se fit confier un troupeau de 164 têtes, sous la supervision pour le moins sommaire d’un berger mutique, comme sorti d’une autre époque.

Le jeune homme raconte son parcours initiatique dans son livre «The Modern Shepherd» (Le berger moderne), où l’on découvre quelques leçons de leadership :

  • Chaque mouton compte : un berger connaît chaque mouton, doit se soucier de chacun, tous les jours, qu’ils soient ouvrés ou chômés ; il doit s’assurer qu’il soit nourri, en sécurité, que les brebis soient traites à temps, etc;
  • Patience, conviction, adhésion : la carotte et le bâton ayant leurs limites, le travail du berger est plus productif et gratifiant dès lors que les moutons l’acceptent et comprennent ce qui est attendu d’eux. C’est un des défis majeurs rencontrés par l’apprenti berger qui comprend, le jour où la magie opère enfin, que son initiation a abouti.
  • Soi-même comme seul moyen de communication : comment communiquer avec un (ou 164) mouton(s) ? Comment mobiliser lorsqu’on n’a dans sa besace ni présentation Power Point, ni plan de carrière à proposer ou enveloppe budgétaire dans laquelle puiser? Le berger n’a que son attitude pour montrer la voie.

Je peux me tromper mais en leadership comme en toute chose, la qualité humaine prime. Nelson Mandela décrivait le travail du leader en termes de capacité à diriger de l’arrière quand les choses vont bien, tout en sachant passer au front quand les circonstances le demandent.

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Parlez-vous champion?

Avez-vous observé à quel point, sur le terrain, de nombreux grands joueurs de tennis marmonnent et pestent dans leur barbe? Le font-ils pour maudire leur adversaire, stimuler leur propre combativité ou, au contraire, pour s’autoflageller? J’y vois, quant à moi, leur dimension la plus humaine.

Arrivés au tournant du match, certains changent de registre et se mettent à « parler champion ». Les bras levés, on les entend invoquer des « Vamos ! » destinés à se charger à bloc, quand ils ne rugissent pas des « Come on !» le poing serré. Un vrai langage de champion, basique et galvanisant, dans la forme comme dans le fond.

Pendant ce temps, zen parmi les zens, Roger Federer serre les mâchoires absorbé, contenant énergie, émotions et indices à propos de son état intérieur.

Je rêve de « parler champion ». Imaginez une journée que chacun démarrerait d’un tonitruant « Vamos ! » dès le premier regard dans le miroir! Finis les « Oh la la la la !» affligés que seul un effort intense réussit à dégager de notre horizon.

Plus sérieusement, comme pour les champions, la manière dont nous monologuons a une incidence sur nos émotions, sur le regard que nous portons sur nous et imprègne nos comportements. Prêter attention au contenu de notre monologue est un exercice surprenant. La manière dont nous nous parlons est plus intéressante encore. Le faisons-nous à coups de griffes et de manière autoritaire ? Nous arrive-t-il de nous traiter en « ami », avec humour, bienveillance, et (pourquoi pas) une pincée d’autocongratulation?

Je peux me tromper mais en attendant de parler couramment « champion », je propose de commencer par ne pas prendre pour argent comptant l’intégralité de ce que nous nous disons, car une opinion n’est pas une vérité.

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De l’opportunité d’organiser le grand fourre-tout de l’âge

La société nous range par tranches démographiques : enfants, adolescents, adultes actifs, retraités… Elles lui permettent de nous compter, de s’organiser, de définir les prérogatives, obligations et prestations pour chaque catégorie, etc. Reconnaître l’existence de ces catégories génère, par la même occasion, de la valeur économique. Comment ? En développant des métiers et des produits adaptés à chaque catégorie. Tout le monde y trouve ainsi son compte. La preuve par l’exemple de l’adolescence.

Qui, de nos jours, pourrait concevoir une société occidentale sans adolescence? Il s’agit d’un concept, somme toute, récent, lié à l’allongement de l’espérance de vie. Autrefois, la puberté propulsait directement l’enfant vers l’âge adulte, sans escale.
En officialisant l’existence de l’adolescence, la société a reconnu les spécificités de cette population «entre deux âges », ses caractéristiques, ses droits, ses obligations, etc. L’économie en a bénéficié par l’émergence de métiers spécialisés (dans la crise d’adolescence, l’éducation, l’orientation professionnelle, etc), sans parler de secteurs aussi lucratifs que la musique, le cinéma, le sport, la mode, les soins pour adolescents…

N’est-il pas grand temps de faire de même en mettant de l’ordre dans le grand fourre-tout de la période “post-âge-officiel-de-la-retraite”? Dans les faits, une fois franchi ce seuil symbolique séparant les actifs des rentiers, les sexagénaires côtoient les centenaires, soit un écart de deux générations! Or, qui songerait à s’adresser avec le même vocabulaire et les mêmes services à un public d’enfants, d’adolescents et d’adultes? Pourquoi le faire avec les 60-100 ans ?

Au vu de l’allongement de l’espérance de vie, nous continuons à devenir officiellement vieux sensiblement au même âge que lorsque les retraites modernes ont été conçues avec pour conséquence que nous allons finir par être à la retraite en milieu de vie. Comme pour l’adolescence en son temps, reconnaître l’émergence de catégories démographiques spécifiques au sein de la population plus âgée est une question de réalisme. Face à cette reconnaissance officielle, l’économie saura créer des opportunités dans lesquelles le public cible pourra se reconnaître.

Je peux me tromper mais pour finir d’officialiser toute catégorie émergente, rien de tel que de trouver une étiquette attrayante. Tout comme pour l’enfance, l’adolescence et le stade adulte, l’étiquette en question ne doit pas automatiquement faire référence à l’âge, d’ailleurs!

Le concours d’idées est lancé : à vous de jouer.

 

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Une centaine de robots renvoyés : cherchez l’erreur!

Voici quelques jours, le pionnier japonais des hôtels robotisés réduisait de moitié ses 243 effectifs-robots. Lancé en 2015, le concept repose sur l’attrait exercé par les robots et sur des tarifs concurrentiels.

En raison du surcroît de travail (humain) occasionné par de nombreux dysfonctionnements techniques, la chaîne a décidé de se séparer de la moitié des robots fauteurs de troubles. Ainsi, le robot livreur de bagages, appelé à faire la navette entre l’intérieur et l’extérieur, se grippait selon conditions météorologiques. Ses roulettes défaillantes l’empêchaient également d’accéder à un nombre élevé de chambres. Quant au robot réceptionniste -incarné par un dinosaure-, il a été remercié pour n’avoir pas réussi à s’acquitter de toutes ses tâches (certes, les griffes n’aident pas…). Enfin dans les chambres, les mini robots destinés à répondre aux questions usuelles des clients avaient la fâcheuse habitude de réagir aux ronflements en ânonnant en boucle «Désolé, je ne comprends pas. Veuillez répéter la question ».

Reste à savoir ce que la chaîne hôtelière choisira de faire pour concilier concept robotisé, qualité du service et objectifs commerciaux. Recruter des robots plus jeunes et performants? Remplacer les engins évincés par quelques humains, en les priant de ne pas faire d’ombre aux robots qui attirent les clients?

Je peux me tromper mais « renvoyer » des robots est une chose. Quid du raisonnement humain qui a conduit à cette situation absurde, du goût immodéré pour les gadgets technologiques, de l’incompatibilité entre un robot et son cahier des charges?

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Epargnez-nous les « cadeaux selfie » !

Ne cherchez pas de définition pour l’expression « cadeau selfie » : je l’ai bricolée pour désigner les présents incompréhensibles que nous offrent des personnes si tournées sur elles-mêmes qu’elles semblent s’auto-sourire, ravies. Tout comme pour les selfies.

Selon mes observations, il y aurait deux catégories de « cadeaux selfies »:

  • Ceux dont la principale fonction consiste à alimenter l’image de celui ou celle qui les offre (alors qu’ils ont été choisis avant tout pour leur prix imbattable au dernier Black Friday), sans une pensée pour le destinataire.
  • Ceux que l’on reçoit, n’aime pas, et s’empresse de recycler plus loin, toujours sans penser au destinataire.

Dans les deux cas, le « cadeau selfie » se caractérise par le fait que:

  • sa valeur (pécuniaire), sa marque (prestigieuse) ou sa taille (importante) ne l’empêchent pas de « sonner faux » tant il est mal à propos et/ou disproportionné;
  • quel que soit l’angle sous lequel on l’examine, on se demande pourquoi diable on nous l’a offert;
  • après la perplexité initiale vient le cas de conscience : comment le refuser, et qu’en faire?

Voici un palmarès de « cadeaux selfies »:

  • Catégorie « deluxe »: une personne offre une paire de magnifiques mocassins à un membre de sa famille, sachant pertinemment que ce dernier n’en porte jamais. De plus, ils ne sont pas à la bonne pointure ce qui n’empêche pas le généreux de s’auto-congratuler : «Regardez la marque ! Et c’était une dernière paire en plus : une véritable aubaine ! ». Penaud, le destinataire bredouille des remerciements. Après quelques jours, il se décide à rendre le cadeau au généreux qui, par un heureux hasard, a la pointure idoine…
    Ravi, le généreux récidive l’année suivante, cette fois avec une doudoune trop petite, ne pouvant être échangée, qui a rejoint les mocassins…
  • Catégorie « sans chichis »: l’année d’après, le récidiviste a tout misé sur la transparence. Son cadeau (un objet électronique) était dans la boîte d’origine mal refermée, les différents éléments grossièrement rangés à l’intérieur. Même le papier cadeau déchiré était de la partie. Face aux yeux ronds de la destinataire, le généreux a souri ravi, reconnaissant l’avoir reçu mais n’en ayant absolument aucun usage.
  • Catégorie « ni vu ni connu »: l’année suivante, le multirécidiviste a offert un panier garni, de ceux que l’on reçoit dans un contexte professionnel. Avec ses pâtes multicolores et sa sauce au pesto alignés dans un lit de paille, le panier semblait un peu trop grand. Et pour cause : le cadeau était non seulement recyclé, mais la bouteille, élément central de toute corbeille qui se respecte, avait pris la poudre d’escampette. Le panier dégarni lui a été promptement restitué … pour rejoindre la bouteille (et les mocassins et la doudoune).
  • Hors catégorie: et puis il y a ces cadeaux indéchiffrables, comme celui qui m’a été offert une fois: une énigmatique composition faite d’un saucisson, un bougeoir et un paquet de mouchoirs en papier…  M’efforçant de ne surtout pas chercher à comprendre, j’ai mangé le premier, donné le second à une brocante caritative et rangé les mouchoirs dans mon sac.

Je peux me tromper, mais les « cadeaux selfie » sont cette patate chaude qui nous met tous ex æquo face à l’empressement de nous en défaire. C’est la manière dont nous choisissons de procéder qui fait la différence.

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Y a-t-il une obsolescence programmée des collaborateurs?

Diversité : le mot est dans l’air du temps. Il émaille les discours tandis que certains employeurs en font un argument de recrutement.

Que ce soit dans les entreprises, dans les moyens de transports empruntés à l’heure de pointe, la vie active reflète la réalité de la diversité de notre société : genres, croyances, cultures, préférences, voire tatouages (des avant-bras ou des sourcils).

Une catégorie de cette diversité est en voie de raréfaction dans le monde du travail. Je vous donne trois indices :

  • elle représente un pourcentage considérable de la population active
  • sa part augmente de jour en jour
  • elle nous concerne tous, tôt ou tard!

La bonne réponse est … les plus de 45 ans, également appelés « seniors ». Dans cet océan de diversité, où sont-ils? Combien y en a-t-il autour de vous?

Allons faire un tour en ville. Entrons au hasard dans un grand magasin. Au premier coup d’œil, les vendeurs de plus de 45 ans ne sont pas légion et encore moins au rez-de-chaussée. Où donc passent les vendeuses en cosmétique une fois qu’elles ont des rides? Juste au moment où elles seraient encore plus crédibles en matière de produits anti-âge, où l’on pourrait enfin apprécier (en vrai) les bienfaits de leurs produits, voilà qu’on ne les voit plus, nous obligeant à nous contenter d’acheter des promesses…

Certes, l’apparence compte dans ce secteur où une ride ternit le rêve. Entrons donc chez les marchands de téléphonie. La première impression suggère que la diversité d’âge s’arrête au seuil des 35 ans. Au-delà, les conseillers de vente sont-ils promus dans les bureaux, tous à la direction, dans les « call centers »… loin du public?

Je peux me tromper mais, comme pour les appareils électriques, y a-t-il une obsolescence programmée des collaborateurs ? Quid de la diversité générationnelle pour représenter la société telle qu’elle est, et non telle que le marketing voudrait qu’elle soit ?

Placer un vendeur dans la devanture, ou l’en éloigner, n’est-ce pas (qu’il soit junior ou senior) le confondre avec la décoration ? N’est-ce pas son savoir-faire, sa connaissance des produits, sa qualité de conseil qui comptent, aux yeux du client, et non son âge? A moins, bien sûr, qu’il y ait un lien établi démontrant que la diversité d’âge nuit gravement au chiffre d’affaires.

En cherchant bien, j’ai trouvé de la diversité générationnelle dans l’administration publique, chez Swiss et dans les CFF, aux caisses de supermarchés, dans les professions libérales, chez les indépendants et les entrepreneurs… Et bien sûr, à la tête des gouvernements.

Crédit photo: Pixabay/Creative Commons/Geralt

Le prénom est-il une marque?

Les célébrités semblent refuser d’appeler leurs enfants Pierre, Paul ou Jacques. Comme si, malgré leur notoriété, elles craignaient que leurs enfants ne passent inaperçus ou se noient dans la masse. Comme inspirées par un GPS, elles choisissent des prénoms tels que: Paris (Jackson), North (West), Brooklyn (Beckham), Dakota (Johnson)… Quand elles ne créent pas des prénoms comme sortis d’un Scrabble, elles baptisent leurs enfants au moyen de mots (Ivy Blue, Mercy, Saint).

Anne Laure Sellier, professeur à HEC Paris et chercheuse en psychologie sociale, explique dans « Le pouvoir des prénoms » qu’en tant que première étiquette sociale, notre prénom façonne la manière dont nous sommes perçus par les autres. Comme une marque, Jean-Eudes, Marcello, Huguette ou Loana ont le pouvoir d’évoquer des univers, générations, élocutions, stéréotypes. Ainsi aidés ou entravés par un prénom que nous…portons, à nous ensuite d’exercer notre libre arbitre.

Si autrefois les prénoms se transmettaient, ils sont aujourd’hui la prérogative des parents qui souvent gardent le secret avant de le dévoiler. Cette annonce déclarative s’apparenterait presque au lancement d’un produit, l’étude de marché en moins. Annoncer un prénom tarabiscoté pour découvrir qu’il a une signification contrariante dans une autre langue, est un risque contre lequel les futurs parents peuvent cependant se prémunir. L’agence de “branding” MyNameForLife propose, en effet, des prestations de « naming » incluant la compatibilité culturelle, bien avisée dans un monde mondialisé. La création de logo ne devrait pas être un souci.

Je peux me tromper, mais le grand public étant parfois inspiré par les célébrités, à quand une génération de bébés prénommé(e)s «Onex» Schmidt ou «Mercy-CEVA» Genoud ?

 

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Se recycler? A mort!

Le secteur des soins aux personnes âgées peine à recruter. Des milliers de postes seraient à pourvoir et le temps presse, face au rapide vieillissement de la population. Face à cette information, Laure s’interroge.

Spécialiste en communication, elle cherche du travail et son bilan de compétences a débouché sur une indication de « recyclage ». Puisqu’à 50 ans, on la considère trop âgée (par rapport à quoi ?) pour travailler dans sa profession, ce même âge pourrait-il être un atout dans les services aux personnes âgées ? Or, le temps de se recycler dans ce domaine, ne sera-t-elle pas prête à bénéficier elle-même desdits soins ?!

Qu’à cela ne tienne : à force de réfléchir et de chercher sur internet, elle découvre Funexpo 2018 . Non, il ne s’agit pas du salon du « fun » mais bien du salon international des arts, techniques et équipements funéraires qui se tiendra juste après la Toussaint (ça ne s’invente pas !) à Lyon.

Quoi de mieux pour se former une idée du métier que de rencontrer des professionnels ? Annoncé comme le rendez-vous incontournable de la profession, il réunit tous les deux ans 200 exposants dans trois secteurs : espace cimetière, hygiène et soins, et enfin… aménagement et architecture !? Le monde de la fin de vie ne concernerait donc pas que les soins ? Et pourquoi la communication n’en ferait-elle pas partie se demande Laure ?

Je peux me tromper mais puisque nous sommes tous amenés, tôt ou tard, à être clients de ce domaine, voilà un secteur… plein d’avenir !

Photo: Pixabay, Creative Commons

La peur aux commandes?

Où aller pour les vacances ? La question est de saison. Vaut-il mieux éviter les destinations exposées au terrorisme, aux grèves, aux virus finissant en « a »: tourista, chikungunya, zika, ebola…?

Au-delà de la prudence élémentaire, la peur pourrait aisément, si nous n’y veillons pas, conditionner une part considérable de nos choixPeur d’être malade, d’être laissé sur le carreau, de mourir…

Réservez un billet d’avion que déjà on vous demande si vous voulez une assurance contre toute éventualité peu réjouissante. Et si on optait pour une destination plus sereine, atteignable en voiture ? Là encore, la peur est du voyage car plus le véhicule est récent, plus il distillera des peurs au nom de notre confort et sécurité : biiip on roule trop vite, biiip un radar approche, biiip un véhicule nous frôle de trop près, biiip un embouteillage arrive, biiip un passager s’est détaché… 

A quand un véhicule réellement bienveillant qui alternerait les messages de danger avec les félicitations (« Bravo pour votre choix de parcours !»), l’apaisement («Vivez l’instant présent!»), voire les encouragements («Hop, hop, hop, vous serez bientôt à destination. Continuez à rouler comme vous le faites!»)? 

La peur a pour fonction première de nous alerter pour assurer notre survie, pas celle de régir notre existence. Or, à mesure que nous gagnons en connaissance, en technologie, la peur, amplifiée par le flux ininterrompu de (mauvaises) nouvelles, envahit tous les pans de notre vie. Peur des extrémismes, des guerres, des conséquences du prochain caprice de tel chef d’Etat, de la crise économique, de la destruction de l’environnement, du chômage, de vieillir, de développer une maladie dégénérative, du cancer, de grossir, de la viande rouge, du gluten … La liste est infinie, aussi longue que les alternatives pour se prémunir contre tout, les assurances pour nous protéger de tout, les multiples variantes pour accéder à la zénitude.

Je peux me tromper mais je préfère penser comme dans Astérix chez les Normands, que la peur donne des ailes, qu’elle nous informe mais ne définit pas notre vie, notre horizon. Un petit pas dans ce sens? Reprendre les commandes, au propre comme au figuré, en faisant le tri entre les peurs. 

 Photo : Alexa_Fotos Creative Commons Pixabay

Quel expert êtes-vous ?

Jamais le monde n’a compté autant d’experts. Quel que soit le sujet, Google vous trouvera un(e) expert(e) dispensant les :

  • 5 conseils pour …
  • 3 erreurs à ne pas commettre si…
  • 10 astuces pour réussir sa…

Le statut d’expert, traditionnellement acquis par l’expérience, les diplômes, les publications, la reconnaissance des pairs, vit une démocratisation grâce au web. En effet, la production sans précédent de contenu permet au plus grand nombre de dispenser la connaissance, tandis que la reconnaissance arrive sous la forme de « likes », d’abonnés, de partages, etc.

Le Littré définit l’expert comme celui qui a, par l’expérience, acquis une grande habileté dans un métier, dans quelque chose. A ce titre, Youtube est la plateforme incontournable où des experts informels permettent de résoudre une foule de problèmes pratiques. Utilisatrice régulière de tutoriels techniques, je salue la pédagogie, l’inventivité et la générosité de leurs auteurs, qui très souvent ne cherchent pas à se mettre en avant.

C’est ainsi que des savoirs traditionnels se perpétuent tandis que de nouvelles idées sont diffusées, en une myriade infinie de tutoriels. C’est également le moyen pour que des personnes hors du monde du travail quelle qu’en soit la raison (« juniors » et « seniors », mères au foyer, etc) mettent en valeur leurs compétences, manient la technologie et soient en lien avec le monde.

Je peux me tromper mais… avec une telle profusion d’experts formels et informels, il est grand temps que le monde se porte mieux.

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