Diplomatie, dites-vous ?

Dans l’intimité de mon cabinet de consultation, j’ai entendu souvent l’histoire suivante… constituée de mes souvenirs, de mes sentiments et des paroles sensibles des uns/es et des autres…

« Pourquoi si cet aspect de Moi, de mon fonctionnement me fait souffrir, ou fait souffrir mes proches ne puis-je en changer simplement ? Je veux que ça change, je suis là pour ça, dites-moi comment faire ? »

Et après quelques mois, j’entends parfois, « c’est bien joli nos partages, mais dans ma vie, je reste pris/e avec mes problèmes… » .

Pouvoir entendre, ressentir, parfois transformer ces difficultés toujours habillées de sentiments, de douleurs en jalons sur le chemin d’une évolution existentielle, c’est ce qui se passe dans la relation thérapeutique, diplomatie…

Diplomatie, en voyant le film du même nom (Volker Schlöndorff), j’ai pensé à ce qui se passe dans notre intimité quand deux sentiments s’affrontent : rester fidèle à une idée ou oser varier le regard, le positionnement. Bref retour sur la séquence historique mise en scène : un diplomate suédois veut convaincre un général allemand dans un moment sensible de la guerre, en 1944, de ne pas détruire Paris. La destructivité peut flamber puisqu’il y a effondrement d’un idéal, le Reich allemand se délite. Dans un moment de crise, la confusion s’installe, qu’elle prenne figure de dépression, d’excitation. Comment prendre en compte l’humiliation qui en découle, les hontes, les souffrances, les violences ? Pour nos vies, on aimerait être maître…Devant cet effondrement, la haine pourrait prendre le dessus et se marquer dans la destruction.

Dans le film, c’est de la destruction de Paris, de ses monuments symboliques dont il est question. Ce général qui tenait très fort à un idéal, à la consigne qu’il avait reçu de celui en qui il avait placé une grande partie de son idéal, au rôle qu’il s’était vu attribuer, à ses mérites soulignés par ce rôle ne pouvait pas renoncer « simplement » à cet acte de barbarie demandé. Il fallait un diplomate, quelqu’un qui par la parole, par la présence, par le respect intercède en faveur de la vie, de l’histoire, de la culture. Tenir compte du passé, rester attentif suffisamment longtemps pour qu’un mouvement de changement puisse avoir lieu, ouvrir des futurs et traiter les angoisses liées à l’inconnu, c’est le défi d’une relation thérapeutique.

Comme dans les séances, où se profilent des conflits internes, nous travaillons grâce aux dires, à la présence, parfois aux actes pour re-découvrir le sens de ce qui se vit, pour éclairer quelques-unes des zones plus silencieuses, certaines où se nichent les exigences de représentations internes qui se transforment à des moments de la vie en chaîne délétère pour les relations plutôt qu’en chaîne qui fait liens et permet des perspectives, avec ses maillons d’ancrage et de découvertes.

Etre au service d’une cause comme dans le film. Etre au service des forces de vie implique aussi de pouvoir accepter le poids de la chaîne, sa corrosion et garantir dans la relation un espace de liens et de pensées se matérialisant par le cadre proposé et accepté activement… « je vais à ma séance ! »

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