Statue de Kristen Visbal, 2017

RESPECTER SA PEUR OU SON DÉSIR ?

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Mon client est un jeune homme qui a beaucoup de peine à s’affirmer.

Il fréquente une jeune femme qui l’attire, mais n’ose pas se déclarer, ni tenter une approche plus tactile.

Psy – La semaine passée vous avez fait une mauvaise expérience, vous étiez en balade avec votre nouvelle amie et cela s’est mal passé. Pouvez-vous m’en dire plus ?

Client – Oui j’avais décidé de lui parler de mon attraction ou de tenter de faire un geste, lui prendre la main.

Et je n’ai pas osé. Pourtant je savais ce que je voulais. Mais j’ai senti mes peurs, je me suis bloqué, ce qui m’est déjà arrivé quelques millions de fois dans ma vie ! Ensuite en la quittant, je me suis senti tellement maladroit et honteux. J’étais très mal. Même fâché avec moi-même.

P – Et ce dernier week-end, vous avez eu un autre moment avec elle, qui a été plus satisfaisant ?

C – Oui j’ai osé lui tendre la main et elle a accepté de prendre la mienne. J’étais tellement content, j’avais de la peine à retenir mon sourire, j’étais aux anges !

P – Comment avez-vous fait ça ? Vous n’aviez plus peur ?

C – Non, toutes mes peurs étaient bien présentes, mais je crois que j’en avais tellement marre, que même en tremblant, je me suis dit qu’il fallait y aller. D’ailleurs, c’est comme si j’allais à la mort, j’étais prêt. Je pense pour cette fois, je me suis dit « merde » à mes peurs, et oui à mon rêve de vivre peut-être une belle histoire d’amour avec cette femme.

Statue de Kristen Visbal, 2017
Statue de Kristen Visbal, 2017

Ce jeune homme courageux y est pour quelque chose, ce n’est pas par accident ou par chance.

C’est comme si à l’intérieur de nous, il y a un adulte à bord qui a la capacité de choisir, de s’engager d’un côté ou de l’autre.

C’est ce même adulte, adéquat, qui peut être à l’écoute d’une vraie peur liée à une situation. La peur est (parfois) bonne conseillère!

Alors est-ce qu’il est possible parfois de ne pas écouter ses peurs souvent enfantines et sempiternelles, de les trahir même ? Il semblerait que oui, comme le raconte mon client.

Réfléchissez, vous l’avez probablement vécu consciemment quelques fois, ou même davantage.

Est-ce un effort, est-ce une intelligence, est-ce enfin un raz-le-bol ?

Le résultat est assez étonnant, pas de fatigue mais au contraire un « booste » d’énergie et une satisfaction profonde. Effet secondaire: l’estime de soi remonte!

Par contre, trahir ses désirs ou ses rêves a des conséquences… Le coût semble lourd, l’image de soi en prend un coup, cela nous frustre terriblement.

Alors en tant que chef de mon orchestre, je donne le “lead“ au premier violon ou au dernier triangle?

Si je décide de ne pas me prosterner devant mes peurs, mes anticipations négatives, mes calculs impossibles sur un résultat incontrôlable, alors peut-être que je sentirai l’inconfort d’un endroit très vivant et vulnérable, qui, en tremblant de vie, m’amène enfin à ce que je désire ?

Et vous, êtes-vous un adepte de vos peurs ou plutôt de vos désirs ?

 

 

Stephen Vasey

Stephen Vasey est sociologue, travaille à Lausanne comme Gestalt-thérapeute en consultation individuelle et couple. Anime des séminaires sur la relation et la sexualité des couples, d’autres sur la colère saine. Auteur du livre « Laisser Faire l’Amour ». www.therapie-de-couple.ch