Que restera-t-il des nouvelles habitudes que nous avons adoptées durant cette crise ? Sur les réseaux sociaux, il y a ceux qui parient sur un rapide retour à la normale, aux week-ends Easyjet, à la bise que l’on claque à tout bout de champ. Une fois les risques écartés tout reviendra vite comme qu’avant, nous promettent-ils.
Et il y a les autres, ceux qui estiment que ces nouvelles pratiques vont s’installer durablement. Qu’un pareil fait social, total, nous transformera tous un peu, forcément.
Ce satané virus aura dans tous les cas réussi à faire bouger les lignes dans de nombreux domaines en un temps record. C’est le cas dans les entreprises qui ont connu une accélération sans précédent dans leur numérisation, avec des répercussions dans le quotidien de tous les collaborateurs.
Le télétravail est enfin pris au sérieux
Il aura donc fallu une pandémie pour que l’on prenne au sérieux le télétravail. Les dirigeants ont en enfin saisi les avantages, sûrement en découvrant l’augmentation significative de la productivité en Suisse durant la crise. Ainsi, près de la moitié des PME qui ont introduit le travail à distance affirment vouloir le maintenir.
Ce mode de travail a longtemps été freiné par le présentéisme, tenace dans nos contrées, et à cause d’un malentendu: celui de croire que le progrès serait de télétravailler à temps complet. Ses partisans ont pourtant toujours défendu l’idée du télétravail à temps partiel, de un à trois jours par semaine par exemple.
Fort de cette expérience, une majorité de personnes disent vouloir poursuivre le télétravail après cette période hors-norme. Un retour en arrière serait d’ailleurs difficilement compréhensible alors que les entreprises prétendent s’engager en faveur de l’environnement.
Le boom de la visioconférence
Avec l’essor du travail à distance, les applications de visioconférence comme Zoom, Microsoft Teams, Whereby ou encore Google Meet ont connu un taux d’utilisation inédit pendant le Grand confinement.
Les entreprises ont maintenant compris que la majorité des réunions de travail peuvent être réalisées à distance. Avec à la clé des économies substantielles et des employés plus heureux de gagner en flexibilité dans l’organisation de leurs journées. Sans compter la planète qui nous remercie.
Certes, une fatigue peut à la longue se faire sentir à échanger continuellement via écrans interposés, mais la situation que nous avons vécue était unique; un rééquilibrage va naturellement s’opérer entre meetings virtuels et des rencontres bien physiques que l’on privilégie pour les négociations les plus sensibles, ou lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes d’abord humains. Quoiqu’il en soit, la réunionite restera un fléau, avec ou sans technologie.
La messe est dite pour les business trips ?
Va-t-on observer à l’avenir une baisse drastique des voyages d’affaires ? Les entreprises semblent découvrir avec surprise, et bien tardivement, que les déplacements professionnels sont en grande partie remplaçables par des visioconférences.
Je crois qu’ils ont été longtemps motivés pour de mauvaises raisons et voilà un secret de polichinelle: les voyages professionnels permettent de récolter des points de fidélité (des Miles) qui sont ensuite fréquemment utilisés à titre privé, tranquillos avec la famille. Une pratique répandue et tolérée par nombre d’entreprises et parmi les plus grandes. Je sais que l’idée d’abandonner ce genre de privilège a pu entraîner des levées de boucliers jusque dans les directions générales de multinationales…
Les enjeux climatiques ne toléreront sans doute plus l’hypocrisie de ce «tourisme d’affaire», au grand dam des compagnies aériennes et de toute une économie qui leur est dédiée.
Exit la bise (et la poignée de main ?)
En coulisses, il semblerait que la «mort de la bise» arrange beaucoup de monde et notamment dans un contexte professionnel où elle suscite plus souvent l’embarras que la franche adhésion. Cela dit, la relation à la bise est quelque chose de culturel et son acceptation varie d’un pays à l’autre et selon les régions.
Si le retour de la poignée de main, ce symbole de paix entre les hommes, apparait plus probable, elle provoque cependant déjà des situations embarrassantes: comment faudrait-il réagir lorsqu’un supérieur hiérarchique, ou un client, vous tendent la main (ou la joue) et que cela va à l’encontre de vos convictions, de vos principes de précaution ?
Quant aux solutions hydroalcooliques, elles pourraient bien perdurer dans les bureaux et les lieux d’aisance; cette pandémie nous a aussi fait prendre conscience du mode de transmission de toutes les maladies.