L’un des problèmes avec l’intelligence artificielle réside dans la difficulté à transmettre les bons objectifs à la machine. C’est pourtant un élément clé pour son utilisation, alors qu’elle n’est nullement dotée de ce que nous appelons le «bon sens commun» pour déduire ce qui est important et ignorer ce qui ne l’est pas. Sans but à atteindre, un algorithme demeurera stupide!
C’est un principe aussi important que la quantité de données que nous mettons à disposition de l’IA pour son autoapprentissage ou encore la qualité des algorithmes.
Pour l’illustrer autrement qu’avec le jargon de mon domaine du marketing numérique, je vais vous raconter une anecdote personnelle que chacun pourra expérimenter avec son smartphone.
J’utilise l’application Apple Musique pour écouter de la musique en streaming. Comme son rival Spotify, elle recourt à l’intelligence artificielle pour apporter des recommandations et faciliter les recherches.
Chaque semaine, l‘application me propose une playlist avec les nouveautés musicales qui sont censées me plaire. Cette liste je l’attends avec une certaine impatience, car grâce à elle j’ai déjà découvert de nombreuses perles musicales.
Mais voilà qu’un beau matin en écoutant ma liste hebdomadaire de recommandations, je tombe sur le titre Zuma Zoum de Patrick Sébastien :
Je peux vous assurer que j’ai zéro affinité avec l’oeuvre du chansonnier français. Mais comment un algorithme supposément intelligent est-il parvenu à me proposer cette chanson?
Non, ce n’est pas un bug informatique: l’algorithme intelligent est programmé pour atteindre un but prédéfini par un ingénieur (celui que j’appelle le dresseur d‘IA). Chez Apple, quelqu’un lui a certainement donné pour objectif de me proposer des morceaux similaires à ceux que j’écoute. Mais il se trouve que c’est un très mauvais choix: cela ne signifie aucunement que ce sont ceux-là que je préfère!
Heureusement, à la fin de l’histoire mon honneur est sauf et j’ai finalement compris pourquoi mon smartphone m’avait proposé cette rengaine de bal musette: j’ai une fille de cinq ans et cet été elle a invité ses camarades à la maison pour une petite fête. Les mouflets ont guinché sur de la musique dans le genre «Disco Kids». C’était donc ça, mais hélas le mal était fait: l’IA l’avait pris pour un signal de préférence personnelle et depuis, influencé par ces écoutes parasites, elle me propose sans vergogne des titres similaires. Une vraie plaie.
Et persévérant dans son erreur, il me propose également des «musiques pour la relaxation». C’est vrai que j’en écoute régulièrement en travaillant, mais le genre ne présente aucun intérêt musical pour moi et dès lors ce n’est pas la peine de m’en proposer dans une playlist de « découvertes musicales ».
Ce résultat est d’autant plus absurde qu’Apple connait mes morceaux préférés, j’en ai ainsi signalé plusieurs milliers par des ❤️ (j’aime) depuis une quinzaine d’années. Manifestement, chez Apple ils ne prennent pas en compte les bons signaux pour éduquer leur algorithme de recommandation. Ou en tout cas pas pour moi.
L’avènement de l’intelligence artificielle nous rappelle l’importance de fixer les bons objectifs et de les prioriser.
Si par exemple dans une entreprise les objectifs n’ont pas été clairement définis, s’ils sont ne sont pas connus de tous les collaborateurs ou s’il s’avère que les dirigeants ne sont pas alignés avec ces objectifs, il est fort probable qu’elle ne les atteindra jamais!
Excellentissime article!
Merci Emily!☺️