Le nouvel an chinois à Hongkong et le singe rebelle

La nouvelle année chinoise a commencé ce lundi 8 février, et le singe, qui est au centre, incarne l’intellect et le désir de lutte et de concurrence dans une recherche de distinction.
Les hongkongais qui, de la même manière, refusent qu’on leur impose la dépendance à la Chine continentale n’échappent pas à la règle. Beaucoup de locaux disent que Hongkong est plutôt un mix de culture occidentale et orientale. Une bonne manière d’essayer de répondre à la question est de considérer toutes les célébrations qui s’y sont déroulées récemment.

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La parade du nouvel an à Tsim Sha Tsui (TST)

Noël, par exemple, est effectivement fêté. Si il y a quelques lumières et des dessins LED sur les gratte-ciels, c’était surtout à l’intérieur des centres commerciaux qu’on trouvait des sapins couverts de décorations kitsch. La célébration est restée généralement modeste, sauf le jour «J», où une foule d’étudiants locaux m’a coincé dans un couloir, alors que je sortais de ma chambre, pour entonner à mon attention une chanson de Noël en cantonais.

Et Nouvel An, alors? J’étais absent de la ville à ce moment-là, mais Hongkong dispose d’un countdown visible sur un gratte-ciel et l’on procède à une courte célébration. Les gens ne continuent pas pour autant à vous souhaiter une bonne année dans les jours qui suivent.
Car ici, c’est le Nouvel An chinois qui compte réellement! Il représente aussi souvent les seules vraies vacances que les Chinois ont durant toute l’année pour se retrouver en famille. Il s’agit d’une autre manière de célébrer les traditions. La ville ferme ses plus grandes artères pour une parade de nuit où l’on peut aussi assister à des performances internationales, avec la marque Disney qui vient ajouter sa présence au show.

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Le marché aux fleurs de Victoria Park

Certains parcs sont couverts de stands pour vous vendre mille choses de manière à la fois hystérique et euphorique. Les objets sont très différents ou similaires de ceux que l’on connaît en Europe: il y a, grosso modo, des peluches, des armes chinoises (en plastique), et surtout des fleurs. C’est d’ailleurs assez drôle de voir les gens transporter ces fleurs de deux mètres de haut dans le métro.
Quant au campus universitaire, il est devenu comme une ville fantôme. Tout le monde a disparu, les cours sont suspendus pendant une semaine, les cantines sont fermées, le staff est parti, et les étudiants encore présents se chiffrent à deux par kilomètre carré. C’est ainsi que l’on prend conscience de l’importance de l’événement dans la culture locale.

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Vue sur la ville depuis Tsim Sha Tsui en période du nouvel an chinois

Peut-être la revendication internationale et occidentale de Hongkong est-elle simplement une manière de se distinguer politiquement du reste de la Chine, nommé péjorativement «mainland». Un local rencontré aujourd’hui m’a d’ailleurs expliqué que les émeutes qui ont suivit la parade du 8 février seraient l’expression de la protestation contre le gouvernement qui s’incline devant Pékin. Il m’a aussi explicité le ressenti général envers les «mainlanders» de Chine rurale qui sont bruyants et qui parfois, je cite, “pisseraient et chieraient dans la rue”.

Il y a presque comme une nostalgie de l’époque de la couronne britannique. Mais même si de nombreux hongkongais pensent de la sorte, il leur est plus simple de se concentrer sur leur vie privée pour oublier une problématique grandissante.
Je vais conclure avec le fait que je viens de réaliser que la première fois que j’étais allé en Chine, c’était aussi durant l’année du Singe, il y a douze ans. Rendez-vous en 2028 et Joyeux Nouvel An chinois!

Benoît Perrin

Benoît Perrin, 24 ans, Franco-Suisse, étudiant en sciences économiques à l'Université de Lausanne. Accomplit actuellement sa troisième année de bachelor en option management à la Chinese University of Hong Kong.