Étudier à Hongkong: les hauts, mais aussi les bas…

Premier millième de seconde, premier servi.

L’arrivée dans une nouvelle université est un événement cauchemardesque. C’était déjà le cas lorsque je suis arrivé à celle de Lausanne, lors de ma première année en HEC, avec ce flot d’informations aussi gigantesque que difficile à digérer. Ajoutez à cela l’anglais en deuxième langue, ainsi qu’une méchante grippe d’adaptation climatique, et vous obtiendrez une idée générale de mes premières semaines à l’université à Hongkong: une envie constante de chanter l’intégrale de Patrick Juvet.

La chose la plus complexe à gérer est l’inscription au cours. C’est plus une guerre qu’une compétition pour réussir à obtenir ce que l’on souhaite. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde par classe, en particulier dans les cours de management. Il y a pour procéder à cette inscription une période officielle d’une semaine où l’on a le temps d’ajouter soi-même en ligne les cours qui nous intéressent à notre emploi du temps. Ça c’est la théorie… La concurrence est si féroce que tout le monde ne peut pas avoir les cours qu’il désire, mais c’est aussi une véritable victoire si l’on parvient à ses fins.

Mon cours de putongha/mandarin, obtenu avec succès
Mon cours de mandarin, obtenu avec succès. Putongha selon le terme chinois (différent du cantonais).

En réalité cela se déroule ainsi: tous les ordinateurs des bibliothèques et tous les laptops des étudiants sont ouverts avec, à leurs claviers, des fauves prêts à attaquer leur proie, les griffes au-dessus de la souris, espérant être les premiers, mais surtout les derniers chanceux à s’ajouter dans une liste de classe. Le résultat a été pour moi un immense bug de mon ordinateur portable. Derrière la porte de ma chambre, des énormes cris de joie et de haine dans toute la résidence, comme si le nirvana des uns faisait la descente aux enfers des autres.

Je relativise tout de même. Ces classes à quantité de participants limités à l’avance n’est finalement peut-être pas le pire des systèmes quand on pense qu’aux cours de première année à HEC Lausanne, où il n’y avait physiquement pas assez de place pour tout le monde dans les auditoires. Ce tri au profit de ceux qui ont les dents qui rayent le plus le parquet n’est qu’un exemple parmi d’autres de cette capacité générale des locaux à parvenir à s’organiser face à un surnombre constant de personnes en comparaison des ressources à disposition. J’appelle cela «l’efficacité hongkongaise», un concept qui reviendra dans mes futurs articles.

L’auberge stalinienne

Le logement: voilà autre chose à quoi il a fallu s’habituer! Après la semaine d’orientation évoquée dans mon précédent post de blog, nous avons donc tous rejoint nos résidences permanentes respectives, et j’ai dit au revoir à mon roommate mexicain, avec qui je m’entendais pourtant tellement bien.

Quand je suis arrivé dans mon nouveau bâtiment, j’ai d’abord été choqué. Il y avait du désordre partout dans les couloirs, les toilettes n’avaient franchement pas l’air très propres et ma nouvelle chambre en commun était encore plus petite que la précédente, environ huit mètres carrés. Mon nouveau roommate vient dorénavant de Mainland China. C’est le terme utilisé pour qualifier les Chinois qui ne sont pas de Hongkong, terme parfois péjoratif suivant le contexte. Il est Shanghaïen, pour être précis, et fait presque deux mètres de haut, chose assez rare, mais semble plutôt sympathique. Je réalise, plus le temps passant, que nous avons beaucoup en commun: il est athée, aime parler d’histoire, de culture et manger du fromage – enfin, ceux qui ne puent pas trop, il a dû sortir de la chambre à une occasion.

Lors de cette première rencontre, il attise rapidement mes peurs en m’apprenant que cette résidence est la pire de toutes! Fort heureusement, nous n’avons pas les mêmes notions du bien et du mal concernant l’ambiance de logements d’étudiants. Il se trouve que Hang Seng Hall, ma nouvelle résidence, fait partie des rares à être libres sur le va-et-vient des sexes opposés, ainsi que l’organisation d’after parties dans les chambres.

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La bibliothèque centrale

Oui c’est exacte, la plupart des résidences séparent les dortoirs des femmes de ceux des hommes et interdisent formellement les visites au-delà d’une certaine limite temporelle. Bienvenu à Nonnes Land, ou «The girls’ prisons», comme je l’ai déjà entendu à maintes reprises. Ce n’est pas l’école obligatoire, encore moins le lycée, nous parlons bien de l’université…

Je réalise à présent l’importance en Europe de Mai 68 et du combat contre le conservatisme moyenâgeux qui enfreint les libertés de la charte internationale des droits de l’étudiant en échange! Heureusement pour moi, j’échappe de justesse à l’autoritarisme et vous retrouve prochainement pour une aventure culinaire!

The Chinese university of Hong Kong

Départ pour le campus!

Quand je suis arrivé dans ma nouvelle vie à Hongkong, Michael, mon buddy, s’est proposé de me rejoindre à mon auberge de jeunesse à Causeway Bay où j’ai atterri, comme mentionné dans mon prédécent post de blog, afin de me guider jusqu’au campus.

Ah oui, c’est quoi un « Buddy » ? Et bien l’université que j’ai rejointe à Hongkong propose de signer pour ce programme de Buddies qui existe un peu partout dans le monde (en Suisse y compris). Il s’agit d’un système de parrainage où des étudiants locaux ayant déjà effectué un échange universitaire se proposent d’accompagner les étudiants incoming.

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Allée principale

Une aubaine pour mes nouveaux amis qui logeaient aussi dans l’auberge, car ces derniers n’avaient aucune idée du chemin à prendre. J’ai alors été agréablement surpris de voir qu’ils m’attendaient tous dans la rue à la sortie de l’auberge, comme d’un accord tacite. Du coup, Michael qui pensait n’accompagner qu’une seule personne s’est finalement retrouvé à guider un groupe d’une dizaine d’étudiants internationaux à travers la ville!

La Chinese University of Hong Kong où nous sommes enfin arrivés après avoir changé quatre fois de ligne dans le MTR (le métro de la ville) est situé à l’extérieur de la cité, dans ce qu’on appelle les nouveaux territoires. L’humidité y est encore plus aiguë qu’au centre-ville, à cause de la présence de la forêt tropicale partout autour des bâtiments.

Dangers sauvages

Lorsque je me déplace à travers le campus, je me fais des films, imaginant des serpents venimeux à chaque recoin. J’ai même entendu qu’un étudiant aurait terminé à l’hôpital après s’être fait mordre ou que quelqu’un serait tombé nez à nez avec un spécimen dans l’ascenseur. Parfois, il paraît que ce sont des singes qui décident de débarquer de nulle part et de voler la nourriture des passants. Si je ne me suis pas encore fait attaquer par les singes, les serpents je ne peux pas en dire autant. Il fallait que ma première rencontre dans la nature avec l‘un d’eux, ce soit avec un cobra. Evidemment. Fort heureusement c’est surtout un ami à moi qui a eu chaud, entendant un bruit de chat qui souffle lors d’un trek sur l’île de Lamma (voir carte). Le reptile vert s’est mis à se redresser en posture de combat, ouvrant sa coiffe à vingt centimètres de sa jambe dénudée. Plus de peur que de mal au final, quand je pense que je n’avais même pas de réseau à ce moment-là.

UntitledLe premier jour d’arrivée sur ce campus, je suis tombé malade. Une bonne angine, sûrement due aux interminables alternances d’extérieurs à 35 degrés et d’intérieurs gelés à cause de l’air conditionné. Pour dire la vérité, mes deux premières semaines sur le campus ont été moyennement agréables. Au moment où j’allais craquer et demander des soins au centre médical du campus qui est d’ailleurs totalement gratuit, l’angine a passé. Les soins médicaux offerts à l’université sont plutôt généreux: on obtient très facilement des somnifères si l’on a de la peine à dormir, par exemple. L’insomnie constitue, il faut bien le dire, un symptôme assez fréquent chez les étudiants en échange, complètement déphasés entre sorties inlassables et voyages.

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Vue depuis la résidence d’orientation

De nouvelles rencontres constantes

Notre première semaine à l’université était une période d’orientation: l’idée est que tous les étudiants en échange dorment dans les mêmes résidences afin d’apprendre à se connaître. A mon arrivée, je fais rapidement la rencontre d’un Mexicain dans l’ascenseur qui se trouve par ailleurs être mon roomate pour la semaine d’orientation. Décidément, les ascenseurs sont des lieux de rencontre à Hongkong! En même temps, en prendre souvent n’est pas si surprenant dans une ville qui possède le plus grand nombre de gratte-ciels au monde. Cette rencontre sera le début d’une superbe amitié, surtout dans un lieu asiatique où l’on a soudainement tout en commun avec d’autres cultures plus proches !

Les premiers jours, bien que malade, je passais chaque soir sur la terrasse du toit de la résidence, près de ce que l’on appelle l’infinity pool, un petit bassin d’eau avec une vue plongeante sur les îles en arrière-plan. On y sirote des boissons et, surtout, on rencontre beaucoup d’étudiants venant des Etats-Unis, du Canada, d’Amérique latine, d’Europe de l’Ouest et de l’Est, de Corée, du Japon, et j’en passe! La deuxième partie de la nuit se déroule généralement en ville, à Central (voir carte) dans le quartier de Lang Kwai Fong, bien connu dans cette ville décadente (je déconseille aux sujets à l’alcoolisme de s’y installer).

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Les parcs du campus..

Je me souviens aussi de ce jour, où en mangeant notre breakfast dans une des cantines, nous contemplions la vue plongeante, depuis la fenêtre, sur la forêt en contrebas: un décor qui nous faisait penser à «Jurassic Park». C’est dans ce genre de moment que nous réalisions à quel point nous avions tout juste commencé à vivre une expérience de rêve.

À la semaine prochaine pour un rendez-vous avec le côté obscur de l’université!