Les bus au cœur de la cohésion sociale

Article paru dans l’édition 2018-17 du journal du Syndicat du personnel des transports

Lorsque Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste du Royaume-Uni, s’apprête à prendre la parole, l’été dernier, pour une séance de questions à Theresa May, cheffe du gouvernement, personne n’imagine qu’il va poser une série de questions sur les bus. Oui, sur les bus, sur ces transports publics de la proximité. Ricanements au sein de la Chambre : comment un sujet aussi dérisoire et anecdotique mériterait-il d’être débattu au Parlement du pays ? (suite…)

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Faut-il interdire les concerts de Médine?

Les Docks, salle de concert lausannoise bénéficiant d’une importante subvention publique communale (mais dont la gestion est indépendante du pouvoir politique), a programmé pour le 27 octobre prochain un concert du rappeur français Médine. Un obscur groupement d’extrême droite a lancé une pétition demandant l’interdiction de ce concert par la Municipalité, qui est également relayée par l’association Vigilance islam. Le motif invoqué est double: la proximité alléguée du chanteur avec des milieux prônant un islam fondamentaliste, et les propos haineux contre les blancs ou les « laïcards » que contiennent certaines de ces chansons (lire, notamment, ce résumé du journal Marianne).

Cette interdiction n’a pas de sens.

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Ah, le temps béni de la voiture reine!

Il y a quelques semaines, le Conseil communal de Lausanne votait sur un crédit-cadre octroyant les moyens à la Municipalité de réaliser des aménagements destinés à ralentir la circulation routière, améliorer les aménagements destinés aux enfants, rendre les espaces piétons plus sûrs ou encore de développer des places de stationnement pour les vélos. C’est avec une certaine surprise que j’ai reçu, le lendemain, le message ci-dessous de la part de M. Pierre-André Giacometti, chauffeur de taxi et citoyen intéressé par le débat public. (suite…)

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Au-delà de la poignée de main

Dans la dernière édition du journal solidaritéS, Pierre Conscience, conseiller communal lausannois, revenait sur le cas du préavis communal négatif donné par Lausanne pour la naturalisation d’un couple ayant refusé de serrer la main des personnes du sexe opposé en commission, mais aussi, selon la communication officielle, “manifesté un comportement général discriminant qui s’est notamment traduit par un refus de répondre aux questions de personnes de genre différent”. Il s’y référait dans un bref encadré à la position que j’ai exprimée au nom du groupe socialiste. Avec son autorisation, je reproduis ici le texte complet de cet encadré, qu’il m’a fourni, afin de pouvoir exposer plus précisément la position que j’ai essayé de défendre. (suite…)

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Ce qu’Uber fait à votre ville

Article paru dans l’édition 2018-13 du journal du Syndicat du personnel des transports

Ecoutez le discours d’Uber, l’entreprise californienne qui prétend révolutionner le marché des taxis. Vous entendrez parler d’un avenir radieux pour la mobilité durable. Que chacun puisse accéder, partout et à bon marché, à un déplacement en voiture serait la meilleure chose qui soit arrivée aux transports publics depuis longtemps.

L’idée est la suivante : sachant qu’ils peuvent bénéficier de la flexibilité du taxi (mais moins cher) avant ou après leur déplacement en bus ou en train, plus de passagers laisseraient leurs véhicules au garage, voire en achèteraient moins. En plus, les voitures seraient mieux utilisées en moyenne. Dans le merveilleux monde dépeint par les géants de l’Internet, il n’y a toujours que des gagnants. (suite…)

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Pourquoi libéraliser le rail?

La meilleure manière d’organiser un système ferroviaire aura été au cœur de plusieurs débats en cette année 2018. De la manière la plus spectaculaire, en France d’abord, où le gouvernement a fait adopter – malgré les grèves qui se sont poursuivi jusqu’à l’été – une réforme de la SNCF. On a beaucoup parlé de la fin du statu particulier des employés de cette société – dans tous les pays, les fonctions liées au rail ont historiquement bénéficié d’une attention particulière en raison de l’importance stratégique que revêt l’entretien et l’exploitation d’un réseau sans interruption. Cependant, en réalité, le fondement même de la réforme est ailleurs: il réside dans l’ouverture à la concurrence du trafic régional, puis du trafic longues distances. (suite…)

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Contre les divisions identitaires, retrouver le sens du commun

A en croire les fils d’actualité, c’est le grand retour de la foi dans l’espace social. Les religions occupent le devant de la scène: un pape très médiatique, une Eglise réformée qui se cherche, des évangéliques en plein essor – et, évidemment, de nouveaux questionnements, suscités notamment par l’islam. Un retour de la spiritualité serait-il en train de succéder à la frénésie individualiste des dernières décennies? Organisations et représentants de toutes les confessions, ou presque, trouvent en tout cas dans l’affirmation d’un nécessaire renouveau religieux un terrain d’entente commode.

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Les grands prédateurs

Discours prononcé à l’occasion du rassemblement du premier mai 2018 à Lausanne

Comme chaque année, on qualifie un peu vite notre premier mai de « fête du travail ». C’est une absurdité. Nous ne sommes pas là pour faire la fête, ou en tous cas pas uniquement. Car une chose est certaine: le travail n’est pas à la fête.

Ordonner le marché, civiliser le capitalisme: nos acquis

A la fin du XIXe siècle, au début du XXe siècle, les luttes des travailleurs et du mouvement ouvrier portaient sur le droit de ne travailler que 8 heures par jour – six jours par semaine, donc 48 heures en tout. Elles portaient sur la création de sécurités de base – pour la retraite, pour les situations de chômage, pour l’invalidité ou la maladie. Elles portaient sur la priorité de la vie sur le travail au sens propre comme au figuré: le droit de ne pas mourir au travail, et le droit d’entretenir une vie personnelle, sociale, familiale à côté du travail. (suite…)

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Les détestables méthodes du comité “No Billag”

On connaît les arguments des opposants à la redevance de la radio et de la télévision. Qu’on les partage ou pas, ils sont politiques et relèvent d’un libéralisme radical. Dans la mesure où il fait émerger des conceptions générales (c’est-à-dire non limitées à la seule question des médias) de ce qui doit être réglé en commun, de ce qui doit être laissé au marché, de ce qui n’est qu’une affaire individuelle, le débat sur l’initiative est intéressant.

Il faut néanmoins constater que les initiants se chargent eux-mêmes de ternir la noblesse d’un combat pour des idées. Ils ont en effet sollicité, en début d’année 2018, des associations liées de près ou de loin à la migration et aux personnes d’origine étrangère en Suisse pour les inviter à soutenir leur texte – ou plutôt, pour le dire avec leur mots, à “motiv[er] tous les binationaux à voter “OUI” le 4 mars prochain”. (suite…)

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ATS: le visage grimaçant du profit

La rédaction de l’Agence télégraphique suisse, qui fournit des dépêches d’actualité à tous les médias du pays, annonce une grève reconductible ce mardi matin. Après les annonces de coupes claires de la semaine passée, la direction a en effet maintenu une ligne dure. L’interview du directeur, dans la Neue Zürcher Zeitung am Sonntag, n’avait rien fait pour apaiser la situation. Morceaux choisis:

NZZaS: Vous sous-estimez la dimension politique. L’ATS assure un approvisionnement de base en informations, bientôt indemnisé par des l’argent issu de la redevance.

M. Schwab: L’ATS est une société anonyme privée. Le secteur public n’a pas de participation. Comment peut-on croire que nous avons un mandat de service public? Nous exploitons une agence de presse dans l’intérêt des médias. Il n’est pas question de fournir gratuitement des prestations d’intérêt national.

L’ATS ne doit rien à personne?

L’ATS n’est engagée que vis-à-vis de ses actionnaires. Nous n’acceptons aucune autre responsabilité. Nous ne sommes pas une organisation sans but lucratif, mais une entreprise qui a pour but de faire des bénéfices dans une mesure acceptable.

Toute la tactique du “CEO” de l’ATS est dans ces quelques lignes. Elle consiste à faire passer toute idée de responsabilité sociale allant au-delà de la maximisation du profit comme absurde, nulle et non avenue. Pourquoi pourrait-on même imaginer qu’une entreprise privée détenue par des groupes vise simplement l’équilibre de ses comptes, et soit consciente, par ailleurs, de contribuer à la réalisation de buts idéaux et non financiers? Voilà une idée, somme toute, qui ne peut germer que dans l’esprit angélique de quelques belles âmes déconnectées de réalité de l’économie. (suite…)

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