Lundi 21 septembre, la conférence des directeurs de l’action sociale (CDAS), qui rassemble les conseillers d’Etat en charge de ce domaine, a adopté des normes communes pour les montants à allouer aux bénéficiaires de soutien social. L’attention s’est, naturellement, fixée en priorité sur les montants et les possibilités de sanctions. Je passe sur les détails pour m’en tenir à un résumé rapide: baisse des forfaits à partir de la sixième personne dans un ménage, baisse pour les jeunes, et enfin augmentation des possibilités de sanctions financières.
Harmonisation bienvenue
Ce qui est davantage passé inaperçu, c’est le fait que la CDAS adopte elle-même les normes: auparavant, cette conférence s’orientait aux normes édictées par la Conférence suisse des institutions d’aide sociale (CSIAS), soit par les professionnels du secteur. Cette façon de faire donnait du grain à moudre à la droite radicale – le fait que les élus reprennent en main la validation des normes est un premier pas pour mener le débat au bon niveau.
Par ailleurs, l’harmonisation est absolument nécessaire dans le domaine de l’aide sociale. En l’absence, au moins, de standards et minima communs, on ne favorise qu’une chose : une concurrence à la baisse pour être le moins attrayant possible. Les économies de court terme que peuvent réaliser des collectivités publiques portent en germe des coûts bien plus élevés à long terme : qu’on les concentre dans les villes, dans les banlieues pauvres ou dans les régions périphériques, les bénéficiaires de l’aide sociale ne disparaîtront pas. En revanche, chaque année hors du marché du travail rend la réinsertion plus difficile et donc plus chère. Harmoniser relève du bon sens – et ne contredit pas le fait de tenir compte des différences de coût de la vie selon la région.
Pourquoi baisser l’aide sociale?
Indépendamment de ces considérations, on peut s’interroger sur le but d’une telle mesure. Dans son communiqué, la CDAS évoque prudemment une “pression sur les coûts de l’aide sociale”… tout en relativisant: coût et évolution de l’aide sociale ne dépendent pas que des forfaits, loin de là!
Et la CDAS a raison: postuler que seule une motivation financière individuelle compterait pour faire sortir des bénéficiaires de l’aide sociale revient à imaginer qu’il existe un stock d’emplois attendant d’être pourvus et correspondant aux bénéficiaires en question. Vous avez deviné: le monde réel n’est pas si simple.
Comme l’écrit le Conseil d’Etat vaudois au sujet du chômage dans ce canton (mais le raisonnement se laisse exporter): “Une large partie du chômage vaudois, comme c’est le cas sur le plan suisse, s’explique par l’inadéquation entre les profils des demandeurs d’emplois et les besoins des employeurs tant publics que privés” (et de nombreux chômeurs sont des bénéficiaires de l’aide sociale, après avoir épuisé leurs droits aux indemnités de l’assurance).
Au prochain épisode : si ce n’est en diminuant les montants, comment faire baisser l’aide sociale ?
Mise à jour (28 septembre): dans cette tribune parue sur Domaine public, le conseiller municipal socialiste zurichois R. Golta explique de façon claire et pratique les nombreux rôles joués par l’aide sociale.
Une réponse à “Aide sociale 1/3: la baisse qui cache la forêt”
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