La désobéissance civile climatique est légitime. Une réponse à Marc Münster

AVERTISSEMENT: je ne suis pas membre du mouvement Extinction Rebellion et je parle en mon nom propre. Ce qui suit constitue mon interprétation de ce mouvement vu de l’extérieur et n’engage que moi.

Dans un récent article de blog, Marc Münster lance un débat aussi important que nécessaire sur le rôle et la légitimité de la désobéissance civile. Il nous fait part de sa désapprobation vis-à-vis des actions en faveur du climat et de la biodiversité du mouvement Extinction Rebellion (XR). Il y exprime également son étonnement face à la déclaration de soutien à XR publiée dans les pages du journal Le Temps et signée notamment par des chercheurs travaillant sur les questions environnementales. Les arguments avancés par Marc Münster tiennent en trois points essentiels :

  • La désobéissance civile n’est pas un levier d’action légitime dans une démocratie qui fonctionne
  • Une conviction personnelle intime ne suffit pas à rendre une cause juste
  • En matière de climat en particulier, les effets de la désobéissance civile sont contreproductifs à long terme.

Étant moi-même signataire de la déclaration de soutien, je suis en désaccord avec la plupart des arguments proposés par Marc Münster, auxquels je donne ici quelques réponses, nécessairement incomplètes. Dans les grandes lignes, je pense qu’il y a dans son texte une méprise sur le sens et le rôle de la désobéissance civile en général, et de l’action d’XR en particulier.

Je précise avant toute chose que les actions d’XR devraient à mon avis être qualifiées « d’activisme non-violent » plutôt que de désobéissance civile, même si ce dernier terme (qui focalise selon moi trop l’attention sur la désobéissance) est passé dans l’usage. Il ne s’agit pas pour XR de refuser d’obéir à une loi jugée inique, comme par exemple le refus de payer une taxe militaire chez Thoreau ou le refus de respecter les zones réservées aux blancs à l’avant des bus chez Rosa Parks. Dans le cas d’XR il s’agit avant tout de dénoncer une passivité intolérable de la part de l’État, même si les actions choisies par les activistes impliquent effectivement d’enfreindre certaines lois. Mais en bloquant un pont XR ne cherche bien évidemment pas à dénoncer le code de la route. On parle parfois dans un tel cas de désobéissance civile indirecte.

 

La désobéissance sociale n’est pas adaptée à une démocratie qui fonctionne.

Réponse: oui, elle peut l’être à certaines conditions.

Marc Münster affirme entre autres au sujet de la désobéissance civile (continuons à l’appeler ainsi), qu’il « ne s’agit ni plus ni moins, de manière très probablement inconsciente, d’un appel à contourner les institutions démocratiques ».

Dans le cadre d’un État démocratique légitime, le but d’un mouvement de désobéissance civile n’est pas de contourner les institutions. Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit pas d’un mouvement révolutionnaire ou subversif, mais d’une pratique presque aussi ancienne que la démocratie elle-même et qui fait partie intégrante des théories modernes de la démocratie libérale [1]. Son objectif, en particulier dans sa variante indirecte, est d’alerter l’opinion publique au sujet d’une situation jugée intolérable (souvent une situation d’injustice majeure), et de souligner avec force le caractère inadéquat des mesures (ou absence de mesures) qui sont prises par les institutions. Le but n’est donc pas d’attaquer le fonctionnement même des institutions, mais plutôt certaines lois ou décisions qu’elles soutiennent.

L’attitude paradoxale (en apparence seulement) qui consiste à enfreindre une loi de manière non-violente et à en accepter docilement la punition a justement pour fonction de montrer son respect des institutions, tout en offrant un levier puissant pour critiquer leur défaillance face à une situation jugée particulièrement inacceptable. Il ne s’agit absolument pas de « se réserver le droit de ne pas respecter les règles si l’on perd », comme le prétend Marc Münster. Il s’agit au contraire, du moins dans le cas d’XR, d’une stratégie de lanceur d’alerte, calculée et mûrement réfléchie, face à l’immobilisme général.

La désobéissance civile est donc une modalité d’action complémentaire à tous les instruments démocratiques légaux à disposition des citoyen·ne·s (débat, manifestation, vote, etc.). Elle ne vise pas à s’y substituer. Elle est un dernier recours qui a pour but de créer un mouvement citoyen, de stimuler une réaction des autorités politiques et in fine une modification du cadre légal. Dans le cas du climat, après plusieurs décennies d’action citoyenne infructueuses avec les moyens légaux, et compte tenu de l’ampleur des enjeux, son usage n’est aujourd’hui pas prématuré.

Marc Münster déplore également le fait que la déclaration de soutien à XR adresse ses critiques au gouvernement et en appelle à la création d’une assemblée citoyenne, ce qui viendrait selon lui court-circuiter le rôle législatif du parlement. Si le terme gouvernement désigne en effet en général l’exécutif, il est parfois utilisé dans un sens plus large qui inclut le pouvoir législatif. C’est à mon sens clairement ce sens plus large qui est utilisé dans la lettre de soutien, qui mentionne aussi de manière plus générale « les politiques actuelles en matières de changement climatique ». Quant à l’assemblée citoyenne, cette proposition me paraît anecdotique à côté du message central qui est l’inadéquation totale des réponses apportées par la Suisse au changement climatique jusqu’ici [2]. Une fois encore, une telle assemblée n’aurait d’ailleurs pas pour vocation à se substituer aux institutions officielles.

Enfin, si le système politique Suisse « est aujourd’hui en train de prendre la mesure du changement climatique de manière très rapide », cela tient précisément à la pression de la rue et à un réveil rapide de l’opinion publique. On ne peut écarter d’emblée l’hypothèse que les actions d’XR y ont joué un rôle, au côté des manifestations pour le climat.

 

Une conviction personnelle intime ne suffit pas à rendre une cause juste.

Réponse: non, mais la désobéissance civile peut se fonder sur des valeurs largement partagées.

Contrairement à ce que sous-entend l’article de Marc Münster, les mouvements de désobéissance civile ne se ramènent pas seulement à une question de subjectivité individuelle. Ils sont souvent des entreprises collectives qui se fondent sur des normes qui sont largement partagées au sein d’une société, mais dont la mise en pratique est déficiente. Par exemple, l’idée d’égalité en droit de tous les êtres humains figure dans les textes fondateurs des États-Unis, mais n’était pas mise en pratique dans l’Amérique des années 1960 lors du combat pour les droits civiques.

La désobéissance civile climatique peut elle aussi se fonder sur une norme très largement partagée dans les démocraties occidentales, qui n’est autre que les droits humains. Nous savons depuis longtemps déjà que le changement climatique met en péril les droits humains fondamentaux (à la vie, à la santé, à la subsistance) de populations entières, présentes et futures. L’action de notre pays, et de biens d’autres, pour éviter de contribuer à la violation de ces droits a été jusqu’à présent totalement inadéquate, au point de constituer une grave faillite morale. Cela suffit à justifier à minima une campagne de désobéissance civile, sans même parler de la destruction irréversible et rapide de la vie sur Terre et des bases ressourcielles qui garantissent un niveau de bien-être minimal à des milliards d’individus.

L’action d’XR ne se fonde donc pas sur une intime conviction personnelle, mais sur un idéal de justice largement partagé et sur un constat scientifique fiable et sans équivoque. Il faut ajouter à cela le caractère désintéressé de ces actions. A bien y réfléchir, les revendications des activistes vont même à l’encontre de leur propres intérêts à court terme, au nom d’un idéal plus élevé qui est la préservation des conditions de vie de l’espèce humaine. La mettre sur le même plan que l’action d’une petite clique de racistes d’extrême droite me semble donc pour le moins exagéré.

Marc Münster ajoute que « la désobéissance sociale est une méthode qui a fait ses preuves dans des contextes bien précis, mais que l’on ne peut reconnaître comme étant « bonne » intrinsèquement. Si on la reconnaît dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, on ne peut plus s’y opposer dans d’autres contextes ».

S’il existe des exemples historiques pour lesquels la désobéissance civile s’est avérée légitime, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas en être de même dans le cas d’une crise environnementale et sociale majeure. Sans pouvoir les développer ici plus en détail (certains ont déjà été mentionnés), je pense qu’il est possible de définir des critères de légitimité de la désobéissance civile, ce qui permet de juger chaque cas particulier en fonction de son contexte. Comme je l’ai déjà mentionné, je pense que ces critères sont aujourd’hui réunis en ce qui concerne le changement climatique.

 

En matière de climat en particulier, les effets de la désobéissance civile sont contreproductifs à long terme.

Réponse : cela reste une question ouverte, mais cette pratique a déjà fait ses preuves par le passé.

Marc Münster critique ici avant tout l’usage du terme « urgence climatique » qu’il semble assimiler, à mon avis à tort, au fait de prendre des décisions hâtives et démocratiquement peu solides. Déclarer « l’urgence climatique » ne signifie pas suspendre les institutions actuelles et tout résoudre d’un seul coup par des mesures drastiques. Cela consiste à demander à l’État (exécutif et législatif) de prendre acte de l’ampleur des enjeux et de la nécessité d’une action forte et cohérente en suivant les procédures démocratiques.

Comme je l’ai déjà expliqué, un mouvement de désobéissance civile ne cherche pas à se substituer au parlement mais à alerter l’opinion publique sur une injustice flagrante et parfois à inciter les institutions à mieux appliquer leurs propres standards moraux. Cela ne met pas en péril la validité démocratique des décisions qui seront prises par ces mêmes institutions si le mouvement est couronné de succès. On pourrait même y voir un certain renforcement de la démocratie.

Reste la question difficile de l’efficacité pratique de la désobéissance civile. Selon Marc Münster, « les études scientifiques montrent que la majorité ne se met pas en marche sous la pression d’une morale externe. Elle se met en marche lorsque les premiers avancent déjà ». A ma connaissance, les études montrent également que peu de changements importants à l’échelle d’une société entière ont lieu sans l’existence d’une minorité active pour lancer le mouvement. Historiquement la désobéissance civile a connu quelques beau succès, mais il me paraît évident que ce mode d’action n’est à lui seul pas suffisant et qu’il doit s’accompagner de mobilisation plus large de la population et des politiciens. Il est également probable qu’un usage excessif de cette technique puisse engendrer des réactions de rejet au sein de la population. La désobéissance civile est donc une modalité d’action qui doit être utilisée à bon escient et avec une certaine modération. Un équilibre, je l’accorde, qui peut parfois être difficile à trouver.

[1] C’est un fait assez peu connu, mais la notion de désobéissance civile est au coeur du libéralisme politique. On en trouve des prémisses chez John Locke et sa légitimité à certaines conditions est défendue par les plus grands penseurs de la démocratie libérale du 20ème siècle, comme John Rawls, Jürgen Habermas ou Ronald Dworkin.

Bien-sûr, la désobéissance civile est un moyen qui peut aussi être mis à contribution dans une campagne de résistance à un régime illégitime, mais ce n’est pas ce genre de cas qui nous intéresse ici.

[2] Rappelons que la déclaration de soutien à XR a été signée avant la vague verte des élections fédérales du 20 octobre.

Augustin Fragniere

Augustin Fragnière est directeur adjoint du Centre de compétences en durabilité de l'Université de Lausanne. Docteur en sciences de l'environnement et philosophe, il a mené des recherches sur les enjeux éthiques et politiques des problèmes environnementaux globaux en Suisse, en France et aux États-Unis. Ses réflexions portent en particulier sur les questions de justice climatique et environnementale et sur les théories de la durabilité.

32 réponses à “La désobéissance civile climatique est légitime. Une réponse à Marc Münster

  1. Cher Augustin,
    Je te remercie pour ta réponse extrêmement raisonnée à mon papier de blog, et à nous offrir un mode d’emploi de la désobéissance sociale XR made ins switzerland.
    Au vu de tes explication, je te suis sur la plusieurs de tes points.

    Mon problème reste néanmoins sur trois points:
    1. Le grand public, et surtout ceux à qui s’adressent ces actions, voyant les actions de désobéissance civile essentiellement à travers le miroir grossissant de la presse, sans le mode d’emploi, voit avant tout le coté de rupture et la critique directe (et parfois violente dans les mots). La subtilité de ta mécanique ne leur est pas consciente.

    2. La critique trop directe (même non violente) ne favorise pas le dialogue.
    J’en veux pour exemple l’anecdote cocasse qui m’est arrivée sur Twitter avec l’un des signataires, que tu connais bien vu qu’il préside la commission de la fondation scientifique dont tu fais partie chez Zoein.
    Ayant publié mon texte, et interpellé les signataires, sa réponse fut: “n’importe quoi” accompagné sur un ton paternaliste d’une analogie historique déplacée. J’ai réagi en escaladant. Lui aussi. Il m’a bloqué. Fin du dialogue…
    Bref, tout le monde n’a pas ta sagesse en matière de dialogue. Et surtout pas par médias et médis sociaux interposés, canaux pricipaux des actions de XR.

    3. Je maintiens ma critique principale. Nous ouvrons la porte à d’autres formes de désobéissances civiles, qui ne respecteront par forcément le mode d’emploi de Thoreau et cie, sauront exploiter d’autres droits fondamentaux comme par exemple le droit à la vie, ou encore le droit à décider librement de ses projets de vie, et pourraient dorénavant facilement obtenir des soutiens financiers tiers importants, dont les intérêts ne seront pas toujours publics.

    Tu dis toi-même que la notion d’activisme-non violent serait plus appropriée que le terme de “désobéissance sociale”. Il ne serait pas seulement plus approprié, mais plus efficace.
    En ce sens un activisme positif, visible et non violent, de manière physique mais aussi dans les mots serait plus efficace à long terme. Je ne sais pas non plus combien de temps le stress mental dégagé par les actions XR sauront maintenir le mouvement dans la non-violence (chose faite de manière exmplaire jusqu’à aujourd’hui, il faut aussi le dire).
    La responsabilité de tous est d’accompagner ce mouvement, et non de donner un blanc seing à des activivités futures d’un mouvement dont on ne connaît par définition pas l’évolution.

    Ma conclusion : les Manifs pour le climat: Oui; Extinction rebellion: non.

    Mais surtout, et je te remercie chaleureusement pour cela: le dialogue avant tout!

    1. D’une démocratie qui a tant de peine à faire toute la transparence sur le financement des partis, politiques et autres lobbies et ce n’est pas manque de dialogue… XR est bon enfant, acceptant les sanctions de la soi-disant désobéissance!
      La Suisse ne serait pas, sans les désobéissants trois suisses et autres Davel.

      L’urgence climatique se résume à 1% d’empereurs précipitant les 99 autres% gueux dans l’abime.

      Et comme tout est lié, des retraites à une économie basée sur la spéculation ou l’obsolescence programmée, on ne voit pas bien comment le “dialogue” ou la “science” responsable de cette impasse pourrait résoudre l’équation.
      Ceci d’autant moins que les médias et les politiques sont tous “aux ordres”!

    2. La „désobéissance“ civile n’est rien d’autre qu’un cache-sexe de l’insurrection, de la fuite dans l’illégalité, c’est le déni des rouages démocratiques prévus pour agir sur la société et la politique, c’est un joujou des bobos gâtés immatures de l’occident décadent. Paf ! Le fou du Roi

    3. Merci pour ton retour. Voici rapidement mes réactions.
      1. Tu as sans doute raison sur ce point et la tonalité de certains commentaires sur ce blog le prouve. Je pense que cela montre surtout qu’un gros effort de communication et d’explication doit accompagner une démarche de désobéissance civile.
      2. Même si le dialogue peut bien-sûr parfois s’échauffer, je pense malgré tout qu’un activisme pacifique permet de donner de la visibilité à un message. Il permet aussi de montrer une certaine détermination dans la défense d’une cause, qui donne à réfléchir à des personnes qui ne se sentiraient pas concernées autrement.
      3. Il est évidemment tout à fait possible que les ressorts de la désobéissance civile soient exploités par des groupes dont les revendications nous paraissent inacceptables, tout comme c’est le cas avec d’autres formes de contestation (manifestations, etc.). C’est quelque chose je pense qu’il faut simplement accepter. Mais dans un pays comme le nôtre le succès d’une campagne de désobéissance civile se mesure à l’ampleur du mouvement citoyen qu’elle réussi à créer, et donc in fine dans les urnes. Je doute qu’un mouvement qui irait complètement à rebours du sens moral de la majorité pourrait connaître un réel succès.
      Je suis pas très préoccupé par une éventuelle surenchère de désobéissance civile, car c’est un mode d’action qui demande un niveau élevé d’indignation collective et d’engagement de la part des activistes, ce qui est me semble-t-il plutôt rare dans notre pays. Quant à une perversion du concept qui dériverait vers la lutte violente, cela cesserait aussitôt d’être légitime et discréditerait le mouvement. A noter que dans le domaine environnemental, des associations comme Greenpeace utilisent ce moyen d’action depuis des décennies sans dérive.

      1. Salut!
        J’espère que les petits soldats UDC ne te prendront pas au mot, et ne commenceront pas des actions de désobéissance civile aux frontières, pour mettre en oeuvre une initiative votée par le peuple contre une immigration de masse et qui n’est pas appliquée par le pays. La désobéissance mal appliquée comme la craint Marc pourrait bien débuter par là! L’acceptation de XR implique l’acceptation des autres formes de désobéissance civile!

  2. Cher Monsieur,

    Avant tout et après tout il y a l’usage correct des mots : La” désobéissance civile” est une vieille action bien cernée et bien expliquée dans les textes et dans les lois. Vous expliquez que la vôtre n’est pas tout à fait ça mais presque, ce qui met le doute sur la construction intellectuelle de ce mouvement et sur ses réelles intentions.

    De deux choses l’une : soit vous affirmez haut et fort votre « désobeissance civile » contre notre Etat de droit, et dans ce cas, vous devriez refuser d’encaisser vos salaires de l’Université publique, arrêtez de payer vos impôts, etc. soit vous changer la banière et le nom de votre association.

    Plusieurs passage dans votre texte laisse penser que vous avez été aidé dans sa rédaction, ce qui n’est pas un délit, mais confirme les craintes que des mains invisibles sont derrières ce mouvement.

    A noter qu’un prix Nobel dans une discipline ne confère pas à son lauréat un savoir faire garanti quand il s’exprime sur d’autres sujets….

    1. Bonjour, il doit y avoir confusion. Je ne fais pas partie d’Extinction Rebellion. Il ne s’agit donc pas de “mon” association, même si j’approuve leur action. Je n’ai pas de prix Nobel, je parle en mon nom propre et je n’ai pas besoin d’aide pour écrire un texte. Si vous connaissez si bien l’histoire et les théories de la désobéissance civile, vous devriez savoir qu’elle ne s’oppose pas nécessairement à l’Etat de droit. Quand à mon analyse elle s’appuie effectivement sur des textes, notamment sur l’interprétation qu’en fait John Rawls. Si vous avez une autre vision de ce qu’est ou ne devrait pas être la désobéissance civile, je vous invite à la partager avec nous. Cela nous permettra d’avoir un débat plus constructif.

      1. Votre rajout de l’avertissement en haut du texte était nécessaire, bravo. Pour le Prix Nobel je me référais au lausannois de 2018.

        Si demain une bande de voyous annonce la « désobéissance civile » et elle faisait l’objet de poursuites, elle pourrait se référer à ce mouvement pacifiste en faveur du climat afin de clamer son innocence.

        Notre pays n’a mis en place aucune loi récemment pour inciter la population à polluer davantage, la Suisse n’est même pas sur la liste des 20 plus grands pollueurs du monde. L’Allemagne (9 fois plus grande + centrales à charbon) ne contribue à la pollution qu’à hauteur de 1,4% !!!

        Je ne crois pas du tout à des mouvements spontanés qui bougent comme un orchestre dans plusieurs pays en même temps.

        C’est le paragraphe suivant dans votre texte qui me dérange le plus :

        « Dans le cas du climat, après plusieurs décennies d’action citoyenne infructueuses avec les moyens légaux, et compte tenu de l’ampleur des enjeux, il me semble que son usage n’est aujourd’hui pas prématuré ».

        La démocratie ne fonctionne pas comme vous le décrivez (moyens légaux).

  3. XR est donc là pour pallier les déficiences du gouvernement en usant « d’actions non violentes ». Est-ce qu’il faut être un grand analyste pour comprendre que si ce mouvement n’obtient pas rapidement satisfaction à ses revendications, il se trouvera sur une voie sans issue ? D’une autre manière, XR déclare à l’ensemble du gouvernement : « Vous avez besoin de nous, vous n’en êtes pas conscient, nous sommes dans l’obligation d’agir ». Et vous osez encore prétendre que vous êtes en accord avec les règles de la démocratie ? Ou que si vous obtenez le succès escompté la démocratie se trouvera renforcée ? Vous n’êtes pas la population entière, pas plus que vous la représentez ! Personne ne vous a élus ! Votre sens de la démocratie me fait penser aux démocraties joyeuses qui se succèdent dans les états africains. Il n’est cependant pas certain que la population vous suive dans ces élan qui pour l’instant ne désobéissent ni n’obéissent à rien. Vous me semblez viser volontairement le non-sens dans l’espoir de faire sauter l’édifice. Donnez donc votre plan, je ne doute pas vous êtes en mesure d’anticiper les situations et vos futures actions pour nous mener à une démocratie consolidée. Ou plutôt rénovée ? Après l’avoir suffisamment bousillée ?..

    1. Un mouvement de désobéissance civile n’est pas un mouvement révolutionnaire, ni terroriste. A la rigueur, on pourrait l’assimiler à une opération de communication qui cherche à convaincre de l’urgence d’une situation et de la nécessité d’agir. Il n’y a pas besoin d’être élu pour cela. Elle peut être couronnée de succès ou échouer. Si elle échoue, hé bien les choses restent inchangées. C’est aussi simple que cela.

      1. “Un mouvement de désobéissance civile n’est pas un mouvement révolutionnaire, ni terroriste.”
        Vraiment?

        Le philosophe et connaisseur de Thoreau que vous êtes n’ignore sans doute pas que l’auteur de “Walden”, apôtre de la non-violence et inspirateur du Mahatma Ghandi et de Martin Luther King, ne considérait pas moins l’officier abolitionniste John Brown (1850-1859), qui a fait appel à l’insurrection armée pour abolir l’esclavage, comme un sauveur et lui a exprimé son appui en public.
        Abraham Lincoln décrivait pourtant Brown comme un « fanatique », dont l’activisme sanglant et la fin tragique sont parmi les causes de la guerre de Sécession. Il ne s’est pas opposé à son exécution.

        Personnalité historique très controversée, John Brown est décrit à la fois comme un martyr – en particulier par Thoreau, qui a donné des conférences sur “le Martyre de John Brown” – ou un terroriste, un visionnaire ou un fanatique, un zélote ou un humaniste (cf. David S. Reynolds, “John Brown, Abolitionist : The Man Who Killed Slavery, Sparked the Civil War, and Seeded Civil Rights” (2005) ; Ken Chowder, “The Father of American Terrorism”, American Heritage (2000). Voir aussi : ‘https://web.archive.org/web/20070808175559/http://files.blog-city.com/files/M06/158072/b/chowder.pdf’.

        Thoreau a pris la défense de l’officier abolitionniste, dont il a prononcé l’éloge funèbre en 1859, éloge qui fait partie de son “Plaidoyer pour John Brown” (“A Plea for Captain John Brown”). A la fin de sa vie, il s’est rallié à l’opinion commune qui croyait de plus en plus à l’abolition de l’esclavage par la force brute.

        “Stille Wasser gründen Tief”, comme dit un proverbe allemand.

        1. Merci pour ces éléments intéressants. Cela ne change toutefois rien à la notion de désobéissance civile qui est par définition non-violente (sans quoi elle ne serait plus “civile”) et j’avoue n’être pas très inquiet au sujet d’une éventuelle dérive vers la lutte armée des mouvements pour le climat en Suisse. N’oublions pas que l’action d’Extinction Rebellion en Suisse consiste principalement à bloquer des routes durant quelques heures. A titre personnel, je cesserais de les soutenir s’ils devaient cesser un jour d’être non-violents.

          1. Merci à vous pour votre réponse. Pour la petite histoire, je signale que j’ai couvert, comme reporter en Californie dans les années soixante – question désobéissances civiles ès toutes catégories, c’est là qu’il fallait être à cette époque – un débat qui opposait un professeur d’anthropologie de l’Université de Californie à Riverside (UCR) et membre du “UCR Peace Faculty Group”, le docteur Martin Orans, qui dénonçait la participation des Etats-Unis dans la guerre au Vietnam, au Dr. Alonzo Baker, professeur de science politique au Sierra College de la même ville, qui soutenait que les pacifistes sont la cause majeure des guerres. Selon lui, l’opposition par des groupes pacifistes en Grande-Bretagne et en France en 1935 les ont incités à ne pas agir contre l’expansion militaire de Hitler après que sa petite armée eût envahi la vallée de la Ruhr, alors sous protection de la Société des Nations.

            Associant l’opposition des pacifistes à l’extension ultérieure des conquêtes nazies, Baker affirmait: “les pacifistes ont déclenché la Seconde Guerre Mondiale”.

            On en pensera ce qu’on voudra. Pour ma part, toujours comme journaliste, j’ai pu observer plus d’une fois combien il est facile de manipuler et d’instrumentaliser les mouvements pacifistes et non-violents. Mais ceci est une autre histoire.

  4. Débat intéressant et nécessaire.
    J’ai pratiqué l’action non-violente dans les années 80 alors que je militais dans des mouvements pacifistes opposés par exemple aux missiles nucléaires Pershing II qui allaient être installés en Allemagne de l’Ouest, face aux SS-20 soviétiques. L’Europe était menacée de mort définitive. Avec des manifestations monstres (plus d’un million de personnes à Bonn, si je me souviens bien), les gouvernements ont reculé. Je l’ai pratiqué en Suisse sur les questions militaires. Et j’ai pratiqué la désobéissance civile en objectant et en étant condamné à de la prison ferme. Qu’est-ce que j’en retiens ? Que nous avons eu raison de mener ces actions. L’Allemagne a retiré ses missiles, la vache sacrée de l’Armée en Suisse a modifié quelques-unes de ses pratiques et a appris quelque peu l’humilité. Elle s’est conscientisée sur pas mal d’aspects, a éliminé les armes à sous-munitions de ses arsenaux, par exemple. Et le Service civil est devenu une réponse appropriée pour les personnes qui pour une raison ou une autre ne se verraient pas participer à la défense militaire armée. J’avais suivi une formation à l’action non-violente à l’époque. Qui m’a déjà resservi lors de plusieurs conflits sociaux localisés.
    Est-ce qu’il s’agissait de démocratie ? Oui, je le pense. En me mettant sous le coup de la loi, en reconnaissant volontairement ne pas respecter les termes de la Constitution, en étant allé en prison sans être d’accord sur le fond, je respectais profondément la Constitution et la majorité populaire de ce temps-là. Et cela a fait bouger avec d’autres toutes les lignes remises en cause, sans jamais déstabiliser ou remettre en cause les fondements de la démocratie. Car c’est fondamentalement une pratique démocratique. Ce qui met à mal la démocratie, ce sont les lobbys de fabricants de matériel militaire, les personnes aspirant à des systèmes politiques fascisant et autoritaires, tous invisibles. Pas ceux qui changent le cours des choses en se mettant eux-mêmes hors-ligne à la lumière du jour, en toute connaissance de cause.
    C’est pourquoi je remets la compresse. En espérant avoir aussi rapidement que dans les années 80 des réponses adéquates.
    C’est sur ces bases-là que je prône à nouveau la désobéissance civile ou l’action non-violente. 30 ans plus tard.
    Très amicalement.

  5. Cher Monsieur,
    Que pensez-vous de ce monsieur qui compare l’urgence climatique au combat contre le nazisme et semble encourager, apparemment ??, de poser des bombes et tuer les chefs de gouvernement climatosceptiques…

    https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/jacques-dubochet-prix-nobel-de-chimie-2017-on-met-beaucoup-trop-dimportance-a-la-desobeissance-civile?id=10809086

    J’en fais des cauchemars depuis mercredi… je l’ai mal compris ??

    Et si lui dit cela ouvertement au 19.30… qu’est-ce que les militants disent lors des rencontres et forums?

    1. Bonjour, je pense effectivement que vous l’avez mal compris. Ce que veut dire Jacques Dubochet est justement que, contrairement à d’autres exemples historiques comme Stauffenberg, les désobéissances d’Extinction Rebellion sont bénignes et bon enfant. Et donc qu’il faudrait arrêter d’en faire tout un plat alors qu’ils tentent d’alerter l’opinion sur un problème vital. Monsieur Dubochet est un pacifiste convaincu.

      1. Pourtant, il dit :”… Stauffenberg qui pose une bombe pour tuer Hitler, c’est très sérieux ça mais lui considère que c’était vital. Et vous savez, ces jeunes, ils croient que c’est vital. Moi, je considère avec eux que c’est vital.” (le journaliste l’interrompt)

        Moi, je comprends: poser une bombe, c’est ok si c’est “vital”. Or il soutient les jeunes qui pensent que leur combat est “vital” donc… je fais des cauchemars…

        1. Connaissant un peu M. Dubochet, je peux vous garantir que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire. Vous pouvez dormir tranquille. Il cherche simplement à justifier les désobéissances bénignes et pacifiques des activistes du climat.

          1. Vous êtes jeune et brillant, ne vous vous enfoncez pas davantage – car vous semblez défendre l’indéfendable avec hésitation.

          2. Merci mais sachez que je ne me sens pas seul dans cette défense. Contrairement à ce que vous pouvez penser, la notion de désobéissance civile est au coeur du libéralisme politique. On en trouve des prémisses chez John Locke et sa légitimité à certaines conditions est défendue par les plus grands penseurs de la démocratie libérale du 20ème siècle: John Rawls, Jürgen Habermas ou Ronald Dworkin. Il ne s’agit donc pas d’une idée farfelue de quelques militants, mais d’une pratique qui fait partie intégrante des théories de la démocratie.

          3. “…les désobéissances bénignes et pacifiques des activistes du climat” comparées à l’attentat manqué du 20 juillet 1944 par le comte (graf) Claus Philipp Maria Schenk von Stauffenberg contre Hitler? On croit rêver. Von Stauffenberg et les auteurs de cet attentat, dans le cadre du coup d’état avorté de l'”Opération Walkyrie”,, étaient tout sauf de gentils enfants-fleurs occupés à bloquer les ponts, assis sur l’asphalte. Comme la pluipart des autres comploteurs, militaire de haute lignée prussienne, von Stauffenberg ne s’est pourtant opposé à Hitler et à son gang que sur le tard, en 1941, quand le caractère criminel du régime l’a poussé à la résistance. Il a tout d’abord montré sa sympathie pour divers aspects due national-socialisme, comme le nationalisme et le révisionnisme concernant le traité de Versailles. Même s’il n’a pas caché par la suite du mépris pour le parti nazi qui montait, il ne s’intéressait pas moins à de nombreux points de cette pensée politique : « L’idée d’un Führer… associée à celle d’une communauté nationale, le principe selon lequel le bien commun passe avant le bien privé et le combat contre la corruption, le combat contre l’esprit des grandes villes, l’idée de races et la volonté d’un nouvel ordre juridique allemand nous apparaît comme sain et porteur d’avenir », affirmait-il (cité, dans l’original allemand, par Steven Krolak, “Der Weg zum Neuen Reich. Die politischen Vorstellungen von Claus Stauffenberg. Ein Beitrag zur Geistesgeschichte des deutschen Widerstandes”, Jürgen Schmädeke/Peter Steinbach (Éd.), Piper Verlag, Munich, 1986,  p. 550).

            Il ne cachait pas non plus son antisémitisme: avec le début de la Seconde Guerre mondiale, que Stauffenberg accueille comme une « rédemption », incorporé dans la 1ère division blindée de la Wehrmacht dans la campagne de Pologne en 1939, de là-bas il écrit à sa femme : « La population est une incroyable populace, très nombreux Juifs et très nombreuses personnes qui ne sont pas de race pure. Un peuple qui ne se sent bien que sous le knout. Les milliers de prisonniers vont faire vraiment du bien à notre économie agricole. En Allemagne, ils pourront sûrement être bien utilisés, vaillants, obéissants et se contentant de peu » (“Die Bevölkerung ist ein unglaublicher Pöbel, sehr viele Juden und sehr viel Mischvolk. Ein Volk, welches sich nur unter der Knute wohlfühlt. Die Tausenden von Gefangenen werden unserer Landwirtschaft recht gut tun. In Deutschland sind sie sicher gut zu gebrauchen, arbeitsam, willig und genügsam. ” Cité dans : Heinrich August Winkler, Der lange Weg nach Westen, volume 2 : Deutsche Geschichte vom „Dritten Reich“ bis zur Wiedervereinigung, Beck, 2000,  103).

            Comparer les “désobéissances bénignes et pacifiques” des activistes du climat avec l’attentisme d’un von Stauffenberg ne saurait donc relever que de la pure fantaisie ou de l’ignorance, voire, chez certains, de l’infantilisme sénescent, fût-ce avec les meilleures intentions. L’enfer n’en est-il pas pavé?

          4. Oui, précisément. Les activistes du climat n’ont rien à voir avec le coup d’Etat manqué de Stauffenberg, merci de le souligner. Le contraste fait par M. Dubochet était peut-être malheureux, mais il a été coupé par le journaliste et n’a pas pu finir son argument. Merci donc de faire preuve d’un peu d’indulgence.

          5. Monsieur Fragnière, en quoi le fait que vous connaissiez un peu M. Dubochet peut-il nous garantir que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire. Toute votre argumentation est parsemée de telles pétitions de principe. Vous voulez convaincre en affirmant que vous savez ce qui est juste.

            Vous avez affirmé: “il s’agit avant tout de dénoncer une passivité intolérable de la part de l’État”. Ce faisant vous ne faites que prétendre que vous, vous tout seul, avez raison de “dénoncer une passivité intolérable de la part de l’Etat”. Vous n’avez strictement rien démontré.

            Dans ces deux exemples de votre dialectique, vous n’avez strictement rien répondu à des personnes qui ne seraient pas de votre avis. Vous avez usé d’une pétition de principe: “faute logique par laquelle on tient pour admise, sous une forme un peu différente, la proposition même qu’il s’agit de démontrer” (Petit Robert, 1988).

            Vous avez ce faisant tenté d’escamoter la question initiale posée par M. Münter: comment une société doit-elle s’organiser pour qu’une divergence entre deux de ses parties se résolve pacifiquement? Les lois que la société se serait imposés dans ce but peuvent-elles sans hésitation être bousculées par l’une des parties à cette divergence ?

          6. Concernant M. Dubochet, je peux vous le garantir tout simplement parce qu’il me l’a dit. Concernant la pétition de principe c’est vous qui faites une erreur de logique. Je ne cherche pas à démontrer dans cet article que la “passivité de l’Etat” est intolérable. J’affirme par contre que c’est bien cela que dénonce le mouvement de désobéissance civile climatique XR, parce que je m’intéresse à ce mouvement et que je le suis de près depuis ses débuts. Si vous avez des éléments qui montrent que les revendications d’XR sont de nature différente, je vous invite à les partager avec nous.
            Il est également vrai que dans un article de blog de deux pages il est impossible d’étayer chaque phrase en détail, sous peine de devenir indigeste. Si vous désirez en apprendre plus sur la gravité des problèmes environnementaux, je vous invite à faire un tour sur le blog très bien documenté de Dorota Retelska.
            Mon article répond à plusieurs arguments de Marc Münster sur le rôle et la légitimité de la désobéissance civile. Je ne prétends pas savoir à moi seul ce qui est juste. J’expose des arguments sur la base de ma connaissance des théories de la démocratie et de la désobéissance civile. Je n’oblige personne à les accepter. Si vous n’êtes pas d’accord vous pouvez nous faire part de vos propres contre-arguments. C’est comme cela que je conçois le débat.

  6. Il ne faut pas confondre manifestation et désobéissance civile: quand la première permet dans n’importe Etat démocratique de soulever un problème qui reste trop négligé par les autorités en défilant bruyamment marque une certaine forme d’expression , la deuxième appelle à désorganiser le fonctionnement de l’Etat et s’avère finalement contreproductive puisque qu’un Etat désorganisé ou tout au moins perturbé dans son administration aura encore plus de peine à répondre à des revendications exigées de manière brutale et irraisonnée .
    Je comprends mal la démarche des signataires dont le rôle est au contraire d’apprendre la logique et l’Etat de droit et de faire valoir des arguments rationnels au contraire d’un mouvement qui ne l’est pas du tout .
    Je rappelle que le peuple suisse a ratifié la transition énergétique pour 2050 qui semble correspondre parfaitement à l’objectif de se passer des fossiles à long terme et par conséquent de réduire l’impact sur l’effet de serre, dont l’évolution actuelle ne présente aucun signe d’urgence si on prend la peine de lire les données recueillies par les satellites depuis 40 ans , et en suivant l’évolution des technologies renouvelables qui entrent dans une période de rentabilité (le prix du KWh solaire arrivant au niveau des autres formes d’énergie).
    Copernicus Climate Change Service (C3S) ” https://climate.copernicus.eu ” offre des outils d’information permettant d’analyser les données climatiques et pourrait constituer une manière didactique d’aborder ce sujet dans les écoles ou universités au lieu de défiler avec des slogans ridicules …

    1. Une fois de plus, la désobéissance civile n’est pas un appel à “désorganiser le fonctionnement de l’Etat”. Ni en théorie (voir les écrits des auteurs que je cite dans la note de bas de page), ni en pratique. Dans le cas de XR, bloquer une route de temps en temps ne me semble pas compromettre gravement le fonctionnement de l’administration. Comme je le rappelle dans un autre commentaire, l’usage de la désobéissance civile est tout à fait rationnel et fait partie intégrante de la théorie de la démocratie libérale …

  7. @ OEUVRAY MICHEL
    J’ai beaucoup apprécié votre commentaire, Monsieur, mais j’ai un petit souci : êtes-vos sûr que les jeunes d’aujourd’hui sont disposer à ” payer ” pour leurs actions comme vous l’avez fait en allant en prison ? Moi j’en doute fort : on ne fait que des distinctions entre légal et légitime, entre ce n’est pas ma faute ou je ne suis pas responsable etc.
    Bref, j’ai l’impression que si un jour on arrêtait quelqu’un, le jour après ses copains seraient à nouveau dans la rue pour réclamer sa libération et, peut-être, ils seraient moins pacifiques…
    Tout le monde veut paraître mais personne, de nos jours, veut assumer la responsabilité de ses actes.

    1. Je pense que nous le sauront assez vite si XR se maintient sur la durée et/ou augmente en intensité. Mon intuition est que oui.

      Je vois la désobéissance civile comme justifiée lors que l’écart entre l’éthique et la loi devient insuportable. Ce qui est le cas pour le réchauffement climatique et l’inaction crasse des dernières législatures.

      C’est une discussion importante, et à mettre en balance avec le risque d’inaction politique sans la présence de mouvement populaires et/ou de désobéissance. J’ai quelques doute sur la stabilité future des nations et de la pérénité de nos démocraties dans une monde où la température moyenne aura augmenté de 5-6°C avec tout ce que cela implique.

      1. A mon humble avis, et compte tenu du tapage médiatique, surtout de l’article du journal “le temps” à ce sujet, le Procureur Général du Canton de Vaud serait presque contraint d’envoyer une Ordonnance de condamnation pénale à M. Dubochet, pour ne pas créer un précèdent et que ce genre de propos ne puisse pas fleurir en silence sous le soleil du changement climatique.

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