Le PLR, un parti irrationnel

Que penser de tournant écologique promis par le PLR? D’aucun ont immédiatement parlé d’opportunisme, ce qui est, au demeurant, une hypothèse que l’on ne peut tout-à-fait rejeter. Mais, vraiment, on ne sait pas: il est possible que le tournant désiré soit authentique, de toute manière, là n’est pas la question. La vraie question peut être énoncée ainsi: le PLR peut-il changer sa politique sans contredire ses principes fondamentaux, sans tomber dans l’auto-contradiction? Vouloir répondre à cette question suppose que l’on se demande ce que sont ces principes.

Son nom l’indique: c’est son libéralisme économique qui est sa caractéristique fondamentale, et, par conséquent, le refus de régulations étatiques (taxes, interventions, etc.). Dans ces conditions, il est assez naturel, comme nous l’ont appris récemment dans les journaux, que ce soit la “responsabilité individuelle” qui soit mise en avant étant donné que c’est le niveau d’action de base de ce parti (l’individu faisant face à l’Etat). Il revient à l’individu d’agir correctement afin de résoudre le problème écologique, et non directement à l’Etat qui se doit d’être le moins présent possible. Jusque-là, le PLR est semblable à lui-même et conserve sa rationalité propre (indépendamment de la question de l’efficience de cette politique individualiste). Lorsqu’en revanche, il commence à parler de taxes écologiques, à l’instar de son porte-parole Philipe Nantermod, c’est déjà avec presque un malaise dans la voix: la contradiction interne, en effet, devient cette fois-ci patente. Il semble à la fois reconnaitre l’insuffisance de la responsabilité individuelle sans pour autant pouvoir décemment parler de régulations étatiques fortes.

Le PLR est pris dans une contradiction qu’il ne peut pas résoudre si ce n’est en jouant le jeu du libéralisme qui est à la base même de la catastrophe écologique que nous vivons. Son concept de pollueur-payeur, en ce sens, n’est qu’un prolongement d’une idéologique destructrice qui ne permet pas un pourtant très nécessaire changement de conscience.

Le dilemme dans lequel est plongé ce parti est le suivant: proposer des mesures libérales qui risquent d’être des mesures d’apparat sans efficience réelle, une sorte de fard, qui, selon les interprétations les plus critiques, a comme mission d’augmenter les nombres d’électeurs; ou bien proposer des changements légaux, régulateurs profondément anti-libéraux et ainsi se contredire irrémédiablement.

Je ne sais pas comment le PLR peut survivre à ce dilemme: soit il se contredit et se détruit, soit il passe pour hypocrite en esquivant la profondeur et l’ampleur du problème environnemental et écologique. Dans tous les cas – c’est la conclusion pragmatique la plus évidente – ceux qui désirent un réel changement politique en faveur du climat ne devront pas faire l’erreur de voter pour les partis libéraux, qui sont philosophiquement et rationnellement incapables de faire face à l’inédit de notre situation.