Collapsologie heureuse – On nous a rapporté que la collapsologie pouvait être heureuse parce que l’on pouvait créer un groupe Facebook avec un titre éponyme. La stratégie est quelque peu surprenante, mais pourquoi pas: “le cancer colorectal heureux”, “le gai anévrisme”, “les joies secrètes de la pollution radioactives suite aux essais nucléaires 500 fois plus polluant que Tchernobyl“… Le “soleil noir” de Hugo me semblait l’oxymore indépassable, là nous avons un bon rival. Peut-être la question devrait être posée à un psychologue, à un bon: suffit-il d’une épithète pour rendre la catastrophe heureuse ? Suffit-il de la voir “sous un bon jour” comme la mort à la fin de la Vie de Brian? Aujourd’hui tout se règle en manipulant les mots sur des clouds: très pratique, peu salissant, politiquement inerte (tout pour plaire à l’homme moderne!). Je vois venir les ads et le pop-up: “La réalité vous effraie? Vous vivez dans la peur? Alors, créez un groupe Facebook!”).
L’impossible écriture inclusive – Je m’étonnes d’assister à une telle débauche d’énergie et de passion pour un sujet qui semble aussi superficiel que l’écriture inclusive, pour une pure affaire de “langage” (lorsque l’on sait, par exemple, que douze espèces disparaissent chaque jour). On le sait depuis les années septante: “la langue est fasciste” par essence: pourquoi dois-je genrer chaque chose? Le soleil, la lune, la collapsologie, le retour du réel? Pourquoi devrais-je genrer ces choses qui n’ont pas sexe? Pourquoi le soleil – avec la charge symbolique qu’on lui connaît – devrait-il être un homme? N’est-ce pas injuste envers la femme et envers l’homme?
L’invention d’un neutre – l’équivalent du “das” allemand – ne règlerait aucunement le problème, il ne ferait que le reporter. Il est impossible d’avoir une langue qui ne discrimine pas: l’information est possible, nous disent les linguistes, par la discrimination et la différence. A partir de ce fait, le choix le plus judicieux, à mon sens, serait de féminiser la langue comme les anglo-saxons (leur “she” omniprésent ne pose aucun problème). Une année au féminin, la suivante au masculin, ect. Car il faut avouer que les ” ils-elles”, “crée-e-s” posent des problèmes stylistiques très sérieux (il en va de la lisibilité elle-même).
Et si un “third kind”, un groupe avec un troisième sexe voulait aussi être représenté dans chaque mot, il faudrait inventer une nouvelle spécification (x) : “ils-elles-X”, “crée-e-x-s”. De même pour tous les groupes qui arrivent à avoir assez de pouvoir politique et sociale. La formule serait aisément adaptable: “Ils-elles-X-Y-Z-(N)”, “Crée-e-x-y-z-(n)-s”. Cette preuve par l’absurde ne fait que dire une chose: le langage est fasciste (au niveau de l’information), il est obligé qu’il soit rigide (d’éliminer des possibles) sinon la communication ne serait pas même possible.
Alors, 2020, année féminine?
Cher Arthur, vous êtes un vieux con, comme moi, mais un peu plus civilisé.
Mais comme vieux cons, en quoi pourrait-on aider les jeunes, enfin, le monde à survivre, soit la jeunesse?
Car là est le job!