Nouvelle journée, nouveau séisme

Lundi dernier, dans l’après-midi, la région de Tokyo a été secouée par un tremblement de terre de force 5.2 sur l’échelle de magnitude (les Japonais ont leur propre échelle, qui mesure le degré de tremblement à la surface et non à l’épicentre). Samedi soir, c’était un séisme encore plus puissant (7.8) mais dont l’épicentre était situé très loin de la côte et en grande profondeur.

 

Un système d’alerte impressionnant

Les séismes font partie de la vie quotidienne au Japon, et même si ceux de forte intensité sont plus rares, ils ne finissent par représenter qu’un bref moment de surprise dans le cours normal de la journée. J’ai en réalité trouvé plus impressionnant le fait, lundi dernier, que tous les smartphones des personnes autour de moi, de même qu’une alarme dans ma salle d’étude, se sont mis a sonner au même moment une seconde à peine après le début de la secousse. Une alerte similaire a été diffusée dans tous les lieux publics et sur toutes les chaines de télévision et de radio de la région.

Tous ces différents moyens d’informer la population japonaise font partie d’un système centralisé d’alerte rapide pour les séismes géré par l’Agence Météorologique du Japon, chargée de la détection des tremblements de terre. Le système détermine instantanément la zone approximative de l’épicentre et envoie une alerte générale aux populations des préfectures affectées pour toute secousse d’une magnitude d’environ 5 ou plus. Cela permet aux personnes en position précaire de réagir rapidement (particulièrement utile en case de possible tsunami), aux conducteurs de trains et métros de ralentir ou de s’arrêter temporairement (comme l’ont fait les métros de Tokyo lundi dernier) et aux employés d’usine d’interrompre les lignes de production si nécessaire.

 

Richesse et technologie, les meilleures défenses

Ce système centralisé d’alerte est l’une des nombreuses mesures que le Japon a adopté pour faire face aux tremblements de terre qui ont depuis toujours régulièrement secoué l’archipel, et parfois causé des dommages dévastateurs. Grâce à sa richesse et sa sophistication technologique, le Japon est désormais extrêmement résiliant. Lors du terrible tremblement de terre de mars 2011, l’un des plus puissants jamais enregistré sur terre, seules 500 des plus de 18'500 morts avait été causées par la secousse elle-même (victimes d’incendies, d’effondrements de bâtiments, et autres). C’est le tsunami ayant suivi le séisme qui avait dévasté les régions côtières du nord du pays et causé l’accident nucléaire de Fukushima. Grâce aux codes de constructions les plus strictes du monde, les dommages à Tokyo et à Sendai (la grande ville proche de l’épicentre) ont été minimes compte tenu de la violence du tremblement de terre.

 

Cette relative sécurité, et la force de l’habitude, permettent aux Japonais de faire face aux tremblements de terre avec une certaine sérénité – même si l’expérience d’une secousse forte reste effrayante. Les Japonais savent aussi que l’instabilité géologique de l’archipel est également la source d’un des grands plaisirs de la vie ici : les sources chaudes (ou onsen) qui parsèment tout le pays, et que l’on trouve au cœur des villes comme dans la plupart des villages. Un bain dans un onsen traditionnel est une expérience délicieuse, revigorante et relaxante. On en oublierait presque que le prix de ces merveilleuses sources chaudes est le risque toujours présent que la terre se dérobe sous nos pieds.

Antoine Roth

Antoine Roth est professeur assistant à l'Université du Tohoku à Sendai, au Japon. Genevois d'origine, il a obtenu un Master en Etudes Asiatiques à l’Université George Washington, et un Doctorat en Politique Internationale à l'Université de Tokyo. Il a également effectué un stage de six mois à l'Ambassade de Suisse au Japon. Il se passionne pour les questions sociales et politiques qui touchent le Japon et l’Asie de l’Est en général.

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