Priya Burci: l’associatif conjugué en mode digital

Présentez-vous en quelques mots…

Je suis la cofondatrice de « Project Integration », une association qui enseigne la programmation informatique et le codage aux réfugiés à Genève. Je suis autant passionnée par la technologie que de venir en aide aux autres, et dans un monde digital défini par l’accroissement de la connectivité, de l’information et des opportunités, je suis convaincue du potentiel disponible pour créer un impact social.

 

Quel a été votre parcours professionnel?

J’ai précédemment travaillé dans le secteur de la technologie, dans une start up Tech Ed, et dans le secteur humanitaire, aux Nations-Unies. J’ai eu la chance de pouvoir combiner ces deux dimensions à travers mon expérience d’analyste à Flowminder, une ONG qui utilise les données de téléphonie mobile et des techniques avant-gardistes afin de localiser et de suivre les flux migratoires dans les situations de conflits et les désastres humanitaires. Son approche innovante de la technologie dont le but d’avoir un impact humanitaire m’a inspirée dans le choix d’une carrière dans ce domaine.

J’ai co-créé le Project Integration avec mon ami Vincent Baumgartner en Octobre 2016. Nous avons mis en place des cours gratuits qui enseignent aux réfugiés le codage dans le but de favoriser leur insertion professionnelle sur le marché du travail tout en répondant au déficit d’informaticiens en Suisse.

Nos étudiants sont actuellement en train de développer leur propre site web et d’intégrer le marché du travail dans le secteur digital, en apportant leurs diverses et uniques perspectives. Un aspect important de notre association est de s’attaquer aux inégalités paritaires homme/femme dans le secteur de la technologie. A cet effet, notre première classe pour les femmes réfugiées aura lieu le mois prochain et nous avons pour objectif d’atteindre 50% de femmes dans nos classes d’ici la fin de l’année 2017.

 

Votre rencontre avec le digital ?

Ayant grandi dans un monde de plus en plus digitalisé, ma première interaction avec le digital fut le même que tant d’autres, c’est-à-dire en utilisant internet. Étant fascinée par le monde de l’information et de la connectivité, j’ai décidé de me consacrer à ce domaine. Bien que mon parcours académique fut plus général, j’ai appris à coder et je m’efforce de mettre le monde digital à la portée de ceux qui ont été moins fortunés que moi.

 

Qu’est-ce qu’une « femme digitale » pour vous ?

Une femme digitale pour moi est une femme captivée par la technologie, laquelle définit de plus en plus notre monde, et qui y contribue par sa vision.

 

Le digital a-t-il, selon vous, un genre ?

Le monde digital d’aujourd’hui est largement dominé par les hommes mais cela ne veut pas dire que le digital n’a qu’un genre. Bien au contraire, les femmes furent les premières à coder et à développer des programmes informatiques. Un des exemples les plus notables est le cas de Margaret Hamilton qui créa le code de la NASA qui a permis d’envoyer des personnes dans l’espace.

Je pense que les caractéristiques du monde technologique en font l’un des secteurs les plus ouverts. Quand on pense au fait que les langues de programmations sont les mêmes dans tous les pays du monde, que travailler en ligne permet de surmonter la distance, et que l’on peut apprendre à coder en ligne pour gratuitement ou presque, cela démontre que le monde digital est universel et à la portée de tous quel que soit le genre, la classe sociale ou l’origine d’un individu.

 

La Suisse, un pays digital ?

Oui, la Suisse est un pays pionnier dans le secteur digital avec des entreprises comme Logitech. Malheureusement, je trouve qu’il y a un manque de diversité dans le domaine de la technologie qui est plus important qu’en Allemagne ou aux Etats-Unis. Sur le long terme ce manque de diversité pourrait mener à une baisse de l’innovation. J’ai participé en avril a un événement organisé à Zurich par DigitalSwitzerland et j’ai été choquée par le fait que les femmes représentaient moins de 10% de l’auditoire. C’est pour ces raisons que j’ai lancé Project Integration, je crois fermement qu’en intégrant des personnes aux parcours variées au secteur de la technologie ils pourraient  contribuer à le rendre plus innovant.

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