Qu’est-il donc passé par les têtes du Parlement en cette journée du 5 mars 2019 lors de l’adoption par le Conseil des Etats de l’augmentation des franchises de l’assurance maladie ?
Pas un jour ne passe depuis le choc de l’annonce des augmentations de primes en 2017 sans que des citoyens, des journaux ou des partis n’expriment publiquement l’urgence et la nécessité de soulager la classe moyenne, et la grande majorité de la population, du fardeau des primes et des coûts de la santé.
A cela, élus et technocrates de l’assurance n’ont répondu jusqu’ici que par responsabilisation du patient, augmentation des franchises et inertie coupable.
A croire que dans notre démocratie louée par ces mêmes élus, le citoyen est devenu inaudible, à tout le moins dans le domaine de la santé.
Que faudra-t-il pour imprimer dans la tête de nos élus que la plupart des gens ne peuvent plus payer leurs primes. Oui, Mesdames et Messieurs les élus, nous sommes en Suisse et l’argent manque pourtant dans les familles pour payer les primes, les impôts, le dentiste et demain la franchise de base.
On trouverait presque l’annonce risible si elle n’était pas synonyme d’une précarisation supplémentaire d’une tranche croissante de la population.
Viendrait-il à l’idée d’un capitaine de bateau de jeter une bouée en plomb à quelqu’un qui se noie ? On constate qu’à Berne, en l’absence d’expérience maritime, on répond positivement à cette question.
A croire que sans le dire, le plan miracle adopté par le Parlement pour juguler la hausse des coûts est l’exclusion progressive des patients du système faute de moyens suffisants.
Et pourtant, les moyens d’actions et les pistes de réflexion ne manquaient pas.
Un petit tour dans l’actualité récente et nos élus auraient découvert, peut-être pour la première fois, les marges infâmantes sur les médicaments vendus en Suisse, les bénéfices après impôts des 57 caisses d’assurances maladies autorisées dans le pays ou encore le montant des réserves qui se monte aujourd’hui à près de 9 milliards.
Aux oubliettes les mesures profondes et systémiques, on se contentera de charger encore et un peu plus le citoyen.
A croire qu’à Berne, comme à Paris à la veille de la révolution de 1789, on n’est guère enclin à écouter les gens de peu.
Si la gauche lance un référendum quel qu’il soit pour stopper, limiter ou geler l’augmentation des dépenses pour le citoyen en lien avec l’assurance maladie, elle aura mon vote.
Pour nos élus à Berne, qui n’ont visiblement pas encore compris, il est l’heure de trouver des solutions concrètes pour baisser la charge financière des ménages et non d’opérer des augmentations déguisées.
Un franc qui sort du budget du ménage sous la forme d’une prime, d’une franchise ou d’une participation aux coûts est un franc de moins en fin de mois, et ce quelle que soit la profonde réflexion intellectuelle menée en amont sous la coupole
Contraindre le peuple à user de la démocratie directe avec une majorité acculée financièrement pourrait s’avérer un jeu dangereux pour ce pays.
Je vous conseille une révolution de Palais pour en éviter une citoyenne.