Bon baiser de Suisse

La direction du Service de Renseignement de la Confédération passe en mains civiles

Après l’armée, la diplomatie

Nouvelle Ministre, nouveau casting et nouvelle nomination à la direction du Service de Renseignement de la Confédération en la personne du diplomate expérimenté Christian Dussey.

Déjà pressenti en 2018 lors du dernier tour de chaises musicales à la tête du Service, le ministre de la Défense d’alors, Guy Parmelin, lui avait préféré le militaire Jean-Philippe Gaudin.

Ce dernier quittera son poste au 30 mars 2022, le temps d’une transition que l’on espère sans accrocs.

Mal-aimé, malmené sur la place publique comme en son sein, le Service de Renseignement de la Confédération se cherche depuis plusieurs années un nouvel élan et quelques talents diplomatiques, sous la coupole comme avec nos partenaires étrangers ne seront pas de trop.

Quelle mission avec quels moyens ?

Si la mission du Service semble claire sur le papier, anticiper et prévenir la menace, les moyens, la vision à long terme et le courage politique manquent.

Pour satisfaire tous les acteurs politiques, notamment lors de la votation sur la Loi sur le Renseignement en 2015, l’on a créé un service au secret très relatif, bureaucratique à souhait et sans pouvoirs de police.

Ce n’est d’ailleurs par un hasard si le Département de justice et police a soumis au peuple le 13 juin dernier le paquet dit des « Mesures policières de lutte contre le terrorisme MPT » qui permettent à l’Office fédéral de la police (fedpol) de bénéficier de mesures préventives et incisives dans le cadre de la lutte anti-terroristes.

Plusieurs de ces mesures, logiquement, auraient dû trouver leur place dans l’arsenal du SRC, en amont de l’ouverture d’une procédure judiciaire mais le risque politique était trop important. Une police avec des moyens d’actions très larges, voire problématiques selon plusieurs ONG, fait visiblement moins peur qu’un service de renseignements aux moyens très limités et étroitement contrôlés.

De la diplomatie, il en faudra également beaucoup pour redonner une mission claire, et soutenue par le Parlement, au Service de Renseignement de la Confédération.

Car les défis sont là, de l’extrémisme violent aux menaces cybers en passant par l’espionnage politique et économique en Suisse, rarement la nécessité d’un service de renseignement pro-actif n’a été aussi grande.

Éduquer aux métiers et à la nécessité du renseignement

Dans une époque de tensions exacerbées, tant sur le plan intérieur qu’extérieur, expliquer au Peuple et au Parlement la nécessité d’un service de renseignement, sa différence avec un service de police et redéfinir sa mission au service du pays devraient être des priorités.

Loin des fantasmes de la surveillance de masse, à laquelle la population se prête d’ailleurs largement et volontairement sur les réseaux sociaux, de l’histoire des fiches, le renseignement c’est un outil de gouvernance au service de l’État et du Peuple.

Loin de la psychose helvétique à ce sujet, des pays comme le Royaume-Uni ou la France vivent très bien leur relation avec leurs multiples agences de renseignement. Peut-être une source d’inspiration sur la manière d’expliquer et de communiquer ?

Comme le dit l’adage « décider sans savoir, c’est laisser la chance décider », et en 2021, c’est un luxe que l’on ne peut pas se permettre.

Bonne chance à Christian Dussey pour cette mission, qu’il a accepté.

 

 

 

 

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