Bon baiser de Suisse

COVID ou COMPLOTS VIDES ?

Aux cours des dernières semaines, on a beaucoup parlé des théories du complot en lien avec la crise du COVID 19.

Longtemps, nous avons observé de loin l’émergence, la diffusion puis la consécration, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat américain des théories du complot ou des faits alternatifs comme disent aujourd’hui les stratèges politiques.

Ce qui faisait rire hier, comme la remise en question du caractère sphérique de la terre, fait beaucoup moins rire aujourd’hui alors que certains s’attaquent à des politiques publiques, à des programmes scolaires ou s’arment et se préparent à la contre-attaque suite à leur lecture de la « Vérité » sur Internet.

En Suisse aussi, avec la crise actuelle, nous avons vu émerger dans le débat public des personnalités et des théories jusqu’ici cantonnées à l’anonymat numérique.

Aux moqueries de la majorité, souvent décrite comme aveuglée et contrôlée, cette nouvelle minorité visible rétorque qu’elle ne fait que poser des questions et interroger ceux qui nous gouvernent.

La démarche est d’apparence légitime mais le problème est qu’aucune réponse n’est jamais satisfaisante. Et pour cause, l’essence même des théories « du complot » est de ne pas croire les réponses données.

L’enjeu du « complotisme », bien que je n’aime pas le mot, est de faire basculer un système basé sur la vérité factuelle vers un système de croyance où la vérité est une opinion et non plus un fait scientifique.

Car non, toutes les sources ne se valent pas et toutes les opinions non plus. Tous ceux qui doivent travailler avec des sources documentaires le savent, l’enjeu premier d’une analyse de l’information est la qualification des sources. L’opinion de « François » informaticien à la retraite et son analyse de sources Internet n’ont pas la même valeur qu’une étude en double aveugle par trois prix Nobel dans la revue Nature.

Non, face à ces deux opinions, il n’y a pas deux théories, comme on peut le lire aujourd’hui sur Internet. Il y a la science de pointe d’un côté et l’ignorance et un empire de faux syllogismes de l’autre.

Comme l’ont mentionné certains commentateurs éclairés, poser et reposer certaines questions dont les réponses étaient considérées comme acquise c’est remettre en question les fondements. Or, sans fondements, il n’y a plus de construction possible, seulement le déséquilibre.

Dans notre société, au-delà des escarmouches rhétoriques, et souvent fleuries, sur les réseaux sociaux au sujet des potentiels complots actuels,  l’enjeu sur le long terme est de savoir comment nos démocraties vont pouvoir et plus probablement devoir consacrer certains faits et vérités scientifiques sans tomber dans l’autoritarisme et en laissant toujours ouverte la porte à la remise en question scientifique.

En effet, ce que la crise actuelle nous montre c’est qu’une partie importante de la population n’est pas en mesure de vivre dans l’incertitude ou à tous le moins de l’accepter, en particulier chez nos dirigeants.

Nous ne savons pas encore beaucoup de chose de la COVID 19, nous ignorons combien de temps cela va durer, nous ignorons quelles seront les séquelles de la maladie, nous naviguons à vue dans le brouillard et le gouvernement avec nous.

Oui, en 2020, alors que l’on peut envoyer des satellites dans l’espace, nous n’avons pas de plans éprouvés face au virus.

Nous restent alors deux solutions, affronter la crise ensemble en comprenant bien que toutes les mesures qui sont prises sont aussi inédites qu’incertaines ou mettre la faute sur les Illuminatis, les pharmas, les juifs, Bill Gates ou autres « états profonds ».

Au lieu de passer du temps à chercher la Vérité sur Youtube, on ne peut que recommander la lecture du philosophe du XIVe siècle Guillaume d’Ockham et de s’attarder particulièrement sur le concept de son désormais célèbre rasoir.

 

 

 

 

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