AIR2030: A la rencontre de Boeing et du F/A 18 Super Hornet (4/5)

Mardi 23 octobre 2018, 0800, Lausanne, entrée en lice des avionneurs américains.

Pour rappel, deux avions américains sont en compétition dans le cadre du programme AIR2030, le F/A 18 Super Hornet de Boeing et le F35 de Lockheed Martin.

Au menu de cette matinée, le F/A 18 Super Hornet de Boeing.

L’avion proposé n’est pas inconnu puisqu’il avait été naturellement envisagé lors de la précédente campagne de renouvellement de la flotte avant que Boeing ne renonce à faire une offre à la Suisse.

Boeing avait expliqué à l’époque que « le nouveau Super Hornet est peut-être un avion trop poussé par rapport aux besoins de la Suisse. ».

Huit ans plus tard, les besoins exprimés par la Suisse pour son nouvel avion de combat ont évolué et le Super Hornet fait à nouveau office de candidat sérieux.

En effet, les F/A 18 Hornet dans leur version C et D sont en service dans les forces aériennes suisses depuis maintenant vingt ans et l’avion est bien connu de nos pilotes et militaires.

Quelles différences par rapport au modèle actuel ?

Le F/A 18 Super Hornet n’est pas un nouvel avion mais bien une évolution du Hornet que nous connaissons. Il s’agit cependant d’une évolution en profondeur avec une refonte du design, de la signature radar, une mise à jour des systèmes d’armes et de l’électronique embarquée ou encore une augmentation importante de l’autonomie.

Aujourd’hui, le F/A 18 Super Hornet E/F est un biréacteur de 4ème génération + disponible en monoplace et biplace comme les variantes C et D de son prédécesseur.

Boeing va droit au but

La présentation du jour de Boeing est, comme disent les américains, « straight to the point ».

Communication à l’américaine oblige, on débute avec un clip vidéo figurant un compte à rebours égrené par une voix féminine à l’issue duquel divers types d’engins fabriqués par Boeing s’élancent dans le ciel dans un panache de fumée incandescent.

Sans autre intermède, le représentant de Boeing, Monsieur CRUTCHFIELD, développe directement sur la facilité de transition entre le modèle actuel de l’armée suisse et le Super Hornet, un mois d’entraînement au maximum étant selon lui nécessaire aux pilotes aguerris sur F/A 18 Hornet pour se familiariser avec cette nouvelle version.

Quant au matériel d’entretien et à l’armement, il est en partie compatible entre les deux versions.

Compte tenu de l’avenir bien incertain des F/A 18 suisses actuels dans le contexte politique tendu des exportations d’armes, le recyclage partiel est un point pour le moins pertinent.

Pour Boeing, le Super Hornet est  la transition la plus simple et la moins onéreuse pour la Suisse.

C’est au tour de Madame Nell BRECKENRIDGE, première femme à s’exprimer pour un constructeur, de prendre le relais.

Elle partage premièrement quelques chiffres : Boeing est un géant de l’industrie, qui a l’habitude de l’offset et de travailler avec des partenaires dans le monde entier.

Historiquement, l’offset Boeing c’est près de 50 milliards USD dans environ 40 pays depuis 35 ans. Actuellement, c’est 65 collaborations pour un montant de 20 milliards USD dans 20 pays.

Efficacité et engagement

Viennent ensuite les arguments phares de Boeing pour la Suisse.

Premièrement, le géant américain, en tant que constructeur du F/A 18 Hornet, le dernier avion acquis par l’armée suisse, peut s’appuyer sur sa propre expérience dans le cadre du programme offset d’USD 1,3 milliards réalisé en Suisse dans le cadre de l’achat de cet avion en 1997.

Détail piquant au pays de la ponctualité, le programme d’offset de l’époque a été complété 3 ans avant le délai prévu.

Dans la même veine, un nouveau programme d’offset a été signé par Boeing avec la Suisse en 2009 pour la mise à jour des F/A 18 Hornet, lequel a également été complété, selon Boeing, en avance du calendrier prévu.

Au total, toujours selon Boeing, ce sont plus de 600 sociétés suisses qui font ou ont fait affaire avec l’avionneur au cours des vingt dernières années.

Sur leur dernier slide de présentation, Boeing déclare : Promises made, promises kept. (Promesses faites, promesses tenues)

Tout un programme.

 

Alexis Pfefferlé

Alexis Pfefferlé est associé fondateur d’Heptagone Digital Risk Management & Security Sàrl à Genève. Juriste de formation, titulaire du brevet d'avocat, il change d'orientation en 2011 pour intégrer le monde du renseignement d'affaires dans lequel il est actif depuis. Engagé sur les questions politiques relatives au renseignement et à la sécurité, conférencier occasionnel, il enseigne également le cadre légal des activités de renseignement à Genève.

24 réponses à “AIR2030: A la rencontre de Boeing et du F/A 18 Super Hornet (4/5)

  1. Boeing est trop fort, dans la stratégie, je veux dire… même une femme!

    Vous ou quelqu’un d’autre pourrait bien m’expliquer, comment l’UDC, qui fait tout pour une Suisse autonome et libre d’une quelconque emprise de l’étranger (Messieurs les CF Parmelin & Maurer sont bien UDC?), pousse en même temps, quelle que soit la nationalité de l’avion, à partager des données et des coopérations plus que sensibles, c’est le moins que l’on puisse dire?

    Merci

    1. P:S: Aucun avion russe ou chinois candidat?
      ça, ce serait une véritable indépendance… ou seulement pour les smartphones et le gaz?

    2. Il fût un temps question d’acheter sans affaires compensatoires. Il est cependant plus facile de justifier un investissement de 9mia avec 100% de compensation que 7 ou 8 mia sans.

      1. Cher Alexis, êtes-vous de l’UDC?
        Car je vous crois bien assez intelligent pour ne pas avoir compris ma question
        🙂

      1. Des raccourcis? lesquels? Vous travaillez pour la démocratie? Pour une Suisse intègre?
        Mais j’adore votre thèse de …raccourci.

        Quels raccourcis pourrai-je faire?

        🙂

        1. Je suis curieux de savoir comment vous passez de ma profession et de mes récits à lobbiyste qui ne travaillerait pas pour la démocratie.

  2. Ca figure + haut, mais on bloggue, ami, rien contre vous, ne le prenez pas personnellement.

    Moi aussi, ça m’aurait plus d’être Tanguy CH, une année, après et à moins d’être verduré, on se lasse, alors ne le prenez pas mal.

    Me réjouis de lire 5/5, ce sont les avions chinois et russes, verdad?

    1. F35 américain demain pour le 5/5. Et non pas de russes et de chinois malheureusement. Les présentations auraient certainement été différentes et instructives.

  3. Bon, vous êtes un Monsieur correct.

    Mais j’aimerais quand même bien avoir la réponse de l’UDC.
    Car je ne vois quel UDC pourra y répondre de bonne foi, chancre mou et cancer de la démocratie suisse…!

  4. Bon, peut-être demain, un UDC ira au feu à réaction? qui sait?
    J’en doute, les UDC ne sont ni intéressés au débat, ni à la démocratie, mais seulement à l’audience, à la manipulation et à l’initiative perverse.
    C’est pour ça qu’ils ficèlent le peuple à l’aide du PLR.

    Enfin, à mon avis, il n’y aura pas de nouveaux avions CH-UDC+CQFD
    Pari?
    🙂

    1. Pour l’instant j’ai également le sentiment que l’enveloppe aura de la peine à passer.

    1. C’est exact, il y a avait bien des plus et moins sur le premier ou les deux premiers articles. Cependant, au fur et à mesure des présentations, j’ai constaté que tous les avionneurs n’abordaient pas les mêmes points. J’ai donc décidé de renoncer à cette petite rubrique pour ne pas comparer des pommes et des poires.

  5. La Belgique vient de choisir le F-35 mais seulement opposé à l’Eurofighter (la France a eu le marché du blindé).
    L’inspecteur des finances, un organe de contrôle indépendant, a validé le processus d’achat et les résultats des analyses après l’évaluation. Les sept critères retenus étaient les suivants, avec leur pondération:
    – le coût total du bien: 33%

    – la capacité d’engagement opérationnel: 21%

    – le partenariat et la collaboration militaire: 16%

    – la protection des intérêts essentiels de sécurité: 10%

    – le potentiel de croissance et d’évolution – qui devrait permettre à terme au F-35 d’emporter une arme nucléaire): 8%

    – la facilité d’utilisation et la déployabilité: 6%

    – l’appui opérationnel et technique: 6%

    1. Merci pour ces précisions, cela sera intéressant à comparer avec les critères suisses.

  6. prenez des Pilatus, ça évitera de les vendre à des pays en guerre, ça fournira du travail en Suisse, ça polluera moins, ça coûtera bien moins cher et ça ne servira aussi à rien.

  7. Je suis pour l’intégration par la Suisse du programme coréen KF-21, qui est le seul authentique successeur du Tiger.

    De toute façon, c’est plié. Vu le nombre de lobbyistes de Rafales à traîner en Suisse, je ne me fais pas d’illusions…

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