Non, le patient n’a pas besoin d’être responsabilisé !

Dans le cadre de la session d’été du parlement, deux initiatives parlementaires demandent à ce que les patients mettent dorénavant la main au porte-monnaie lors de chaque consultation médicale.

Dans le premier cas, le Vert libéral zürichois Thomas Weibel souhaite que chaque patient qui se rend aux urgences s’acquitte sur place d’une taxe de 50.-, remboursable en cas d’hospitalisation subséquente et qui ne s’appliquerait pas aux enfants, stratégie politique oblige…

Dans le deuxième cas, plus radical, l’UDC Thomas Burgherr souhaite que chaque patient qui se rend à l’hôpital ou chez le médecin paye une participation aux coûts, sur place et en espèces. Rien que ça.

Ces deux initiatives parlementaires visent, selon leur auteur, à responsabiliser le patient.

Faux problème mais vraie attaque contre le système social

A lire et écouter certains politiciens et organes représentants des caisses maladies, l’irresponsabilité  et la surconsommation inutile des patients suisses seraient la cause de tous les maux, et particulièrement de l’augmentation continue des coûts de la santé.

Ainsi, en pénalisant économiquement le patient, et particulièrement ceux à faibles revenus, car c’est bien connu que ce sont les pauvres qui coûtent au système de santé, ces technocrates sont persuadés que la raison – financière – l’emportera sur la maladie et les peurs, parfois irrationnelles.

Au diable l’adage qui veut qu’il faille mieux prévenir que guérir.

A se demander si ces attaques contre le droit à être soigné n’est en réalité pas une attaque contre le système de santé en lui-même.

Que se passera-t-il si les patients qui se présentent, déjà exsangues du paiement de leurs primes, ne sont pas en mesure de verser le cens* à leur médecin ?

Refusera-t-on de les soigner, les mettra-t-on à la porte des cabinets et des hôpitaux puis sur liste noire ?

Paradoxalement, moins un système de santé social soigne les plus vulnérables, moins il a de chance de survivre. En effet, dès lors que le système ne soigne plus ceux qui n’ont pas d’argent, il n’est pas nécessaire de le maintenir sous une forme obligatoire.

En claire, c’est la fin du système de santé dit social.

*Le cens: impôt personnel dû par les serfs à leur seigneur. D’un montant modéré, il était surtout destiné à affirmer la condition servile de la personne qui y était soumise.

Budget illimité contre budget fixe

Résumer en quelques phrases la problématique du système LAMAL et des primes est illusoire mais on peut au moins lancer quelques pistes de réflexion.

En effet, malgré les difficultés croissantes rencontrées par la population pour le paiement des primes, personne ne semble remettre en cause le principe même d’évolution des primes.

On subventionne, on tente de réduire l’augmentation, on incite, on augmente les franchises, on punit mais on ne change pas de paradigme.

D’un point de vue économique, pour l’entrepreneur que je suis, c’est comme investir dans un projet sans limite de budget et de temps, sans savoir si la facture pourra être payée, qui plus est par des tiers.

En premier lieu, ne faudrait-il pas briser le tabou des primes en commençant par mettre à l’étude un système de santé à budget fixe.

Quel système de santé peut-on offrir à la population pour une prime mensuelle de CHF 250.-/ 300.-, etc ?

A ma connaissance, aucune étude sérieuse et indépendante des caisses maladies n’a été faite sur le sujet.

L’épouvantail de l’hypocondrie

En second lieu, on pointe régulièrement le recours aux services d’urgence pour des cas bénins, érigeant l’hypocondrie en épidémie nationale.

Mais qu’en est-il de la question fondamentale suivante :

Pourquoi un individu se rend-il aux urgences et pas chez son médecin de famille ?

Pour voir un spécialiste de l’hôpital ? Pour être soigné dans un hôpital plutôt que chez son médecin ?

Non, très simplement parce qu’il ne sait pas où aller un dimanche soir !

Dès lors, ne doit-on pas battre en brèche le dogme libéral et couvrir le pays de centres médicaux d’urgence 7/24 avec des médecins payés par le Canton, au mois et non à l’acte ?

Le coût de chaque centre serait totalement maitrisé et c’est tout ce flux de patients qui serait canalisé immédiatement au lieu de s’éparpiller chez les spécialistes, dans les hôpitaux ou les cliniques privées.

C’est le modèle médecin de famille, si « cher » à nos caisses maladies mais à l’échelle nationale avec une libre circulation des patients entre les centres et des données centralisées.

Quelques pistes de réflexion plus agressives

Les médicaments par exemple représentent une part importante des coûts totaux de la santé, entre 10 et 15% selon les statistiques.

En plus du remboursement automatique du générique, ne devrait-on pas conditionner l’autorisation de mise sur le marché suisse d’un médicament à une clause de meilleur prix mondial ?

A savoir qu’un médicament de marque ne peut être vendu en Suisse au-dessus du prix le plus bas auquel le fabricant le vend à l’étranger.

Une différence de 300% d’un pays à l’autre est injustifiable.

Autre exemple, la multitude des positions Tarmed qui conduit à des additions d’épiciers et souvent élevées.

Dans la continuité des réflexions récentes sur la facturation à l’acte, n’est-il vraiment pas possible de considérer qu’un médecin puisse être rémunéré au temps, fournitures en sus ? (A lire: https://www.letemps.ch/suisse/portemonnaie-medecins)

Ne gagnerait-on pas en prévisibilité financière et en qualité pour le patient à fixer par exemple la consultation à 20 minutes, diagnostique et actes compris, fournitures et médicaments en plus.

Avec un plafond de 30 consultations par jour et par médecin.

Les médecins méritant une juste rémunération, le prix de la consultation pourrait être plus élevé, ce système libérant au passage le médecin de calculs auxquels il ne se prédestinait pas lorsqu’il prêtait serment.

On en parle ?

Bon baiser de Suisse.

 

Alexis Pfefferlé

Alexis Pfefferlé est associé fondateur d’Heptagone Digital Risk Management & Security Sàrl à Genève. Juriste de formation, titulaire du brevet d'avocat, il change d'orientation en 2011 pour intégrer le monde du renseignement d'affaires dans lequel il est actif depuis. Engagé sur les questions politiques relatives au renseignement et à la sécurité, conférencier occasionnel, il enseigne également le cadre légal des activités de renseignement à Genève.

21 réponses à “Non, le patient n’a pas besoin d’être responsabilisé !

  1. A mon avis, c’est la philosophie globale des mesures appliquées et envisagées aujourd’hui qui va à rebours de ce qu’il faudrait pour avoir un système de santé efficace. On cherche de plus en plus à culpabiliser le patient qui se rend chez un docteur ou à l’hôpital, et à le “punir” financièrement s’il le fait. Résultat, on le constate déjà, de plus en plus de gens attendent que leur pathologie ait atteint un stade de développement vraiment très grave avant de consulter, … avec pour conséquence des coûts de traitement très élevés, voire exorbitants, alors que la maladie traitée à un stade moins avancé aurait pu être combattue plus facilement et à bien moindre coût.
    Il est quand même paradoxal que l’on oblige les conducteurs à faire un contrôle périodique du bon état de leur véhicule, alors qu’on fait tout au contraire pour décourager les gens de faire un “check-up”régulier de leur état de santé! La “santé” du parc automobiles est-elle plus importante que celle de la population?! On devrait donc inciter plutôt à faire des contrôles périodiques chez son médecin, et non les décourager. Autre avantage, cela permettrait de vérifier “naturellement” en même temps l’aptitude à la conduite, au lieu d’instituer des contrôles spécifiques sur ce point à partir d’un certain âge, forcément arbitraire (on pourra toujours estimer qu’il faudrait en fait faire ces contrôles plus tôt ou plus tard que l’âge fixé).
    Avec cette philosophie du “prévenir plutôt que guérir”, je suis persuadé qu’on arriverait à un système globalement plus efficace et coûtant beaucoup moins.

    1. Cher Monsieur,

      Je vous remercie pour votre commentaire au sujet duquel j’abonde totalement.

  2. À la place de depenser l’argent en mesures bureaucratiques on devrait tout juste rembourser les primes au familles et individus que n’utilisent pas les services medicaux pendant 6 ou 9 mois…. pas la totalité quand même, mais peut être 50% de primes..
    Apres… si le medecins se retrouvent avec moins de revenus ? Et l’industrie des medicaments se trouve dans le rouge? On saura que le probleme de la santé chere c’est ne pas de coté des patients..

    1. Cher Monsieur,

      Merci pour votre commentaire.

      Je regrette de ne pouvoir soutenir votre proposition. En effet, elle est totalement contraire à l’idée même de l’assurance, à savoir une mutualisation des risques qui implique l’investissement des primes “au cas ou” et ce sans lien avec la consommation effective de soins. Rembourser tout ou partie des primes revient à ne faire payer les soins par les malades uniquement.

  3. Effectivement ce sont des bonnes pistes à étudier. Il est commun cependant d’entendre un tel ou tel qui dit avoir été aux urgences le weekend parce que le petit toussait ou la petite avait mal au ventre. Il y a certainement un excès de ce côté la. Les Suisses sont de vrai hypocondriaques. La solution proposée avec des centres médicaux est bonne, j’avancerais que dans de nombreux cas, un(e) infirmier(ère) pourrait voir le patient sans même mobiliser un médecin.

    Une autre chose que j’entends rarement; le coût du chirurgien. Le prix d’une opération telle que appendicite ou autre, est incroyablement chère. Les médecins font de longues études mais ce ne sont pas les seuls. Il faudrait que ces gens redescendent sur Terre et facturent des frais raisonnables et non pas 5000 de l’heure…

  4. @ M. Alexis Pfefferlé : La consultation fixée à 20 minutes est actuelle depuis le 1er janvier 2018. Avec pour conséquence que les médecins généralistes qui veulent assurer leur rôle en accord avec leur conscience professionnelle prolongent la consultation à leur frais, celle-ci n’étant pas remboursée par la Caisse. Estimez-vous inutile ce surplus consacré ? Que pensez-vous d’une personne qui rencontre son médecin pour la première fois ? Autant le patient que le médecin auront besoin de converser pour amorcer une relation de confiance. Le premier en se confiant, en posant des questions, et le second en y répondant et en posant des questions à son tour. Et là il ne s’agit pas même encore de ce qui touche directement aux maux pour lesquels la personne a pris rendez-vous. Le médecin n’a pas encore sorti son manomètre, posé de nouvelles questions, éventuellement ausculté, ni posé de diagnostic, ni rédigé sa prescription, ni commenté l’utilité et les effets secondaires du médicament… Il reste cinq minutes, suffisamment pour que le patient ait le temps de se rhabiller et serrer en vitesse la main du médecin. Reprendre rendez-vous après l’entracte ? Dans dix jours ? C’est inconvevable… Et dans les jours qui suivent le médecin préfère être disponible pour les demandes qui ne peuvent attendre. D’autres cas de figure existent, celui de la personne qui consulte pour “un rien”, qui parfois cache la peur d’aborder un problème qui, lui, est sérieux. Le médecin pourra se rendre compte que ce “rien” est le premier pas pris simpement pour être là, avant la seconde épreuve qui est d’oser se confier ou faire face au problème. Et le cas de personnes qui nient la maladie qui les touche ? Si le médecin dispose d’un temps limité pour orienter celui ou celle qui ne veut pas savoir, quelle solution lui reste-t-il ?.. “Vous devez-me croire !” Eh bien non, malgré son aura le médecin ne possède pas ce pouvoir, et le patient ira ailleurs. Ce n’est pas en vingt minutes qu’un généraliste pourra persuader, par exemple, d’aller trouver un psychiatre… Et le tenter en plusieurs rendez-vous, de manière fractionnée, pour attendre que la situation évolue de plus en plus mal ? A vouloir ainsi sauver le prix du temps, c’est la santé que l’on va jeter. Mes exemples n’en sont que quelques uns, et je ne doute pas qu’un médecin pourrait en ajouter bien d’autres…
    Vous abordez également le prix des médicaments en Suisse, avec la proposition d’un plafonnement au prix le plus bas pratiqué pour, ou à l’étranger… A mon avis, une justification de cette différence de tarifs peut être admise en tenant compte du fait qu’en Suisse les fabricants assurent eux-même les frais élevés liés à la recherche, et prennent le risque inévitable qu’un nouveau médicament ne puisse être amorti s’il ne tient pas ses promesses (un sur cinq seulement aboutit sur le marché). Pénaliser ainsi ces entreprises serait nuisible non seulement économiquement, mais également pour continuer à progresser dans le combat contre la maladie. Le “trop grand” profit de ce secteur est à mon avis l’accélérateur profitable à tous. La production de médicaments nouveaux ne suis pas le cours de l’eau de la source au robinets, pour laquelle on s’indigne qu’elle fasse l’objet de profits privés… Eau accessible à tous, oui cela doit être réalisable envers et contre tout. Médicament accessibles à tous au pris le plus bas ? Non ce n’est pas réaliste si lon ne veut pas perdre la source…

    1. Cher Monsieur,

      Merci pour votre commentaire. Sur le premier point, la question de la rémunération au temps, nous avons une légère incompréhension. Je suis contre la limitation à 20 minutes des consultations, notamment pour les points pertinents que vous soulevez. Mon opinion est que les médecins devraient être rémunéré au temps, quel que soit la prestations fournies. Exit donc la question de la limitation des consultations. Si un médecin veut prendre un patient une heure, soit.
      Si je vais chez mon dermatologue, j’estime ne pas avoir à payer plus cher le retrait d’un grain de beauté en 5 minutes qu’un contrôle de cicatrice de 5 minutes également. Que je sache, un avocat est payé au même taux horaire qu’il écrive une simple lettre ou qu’il prépare une écriture complexe.

      Sur l’aspect des médicaments, je m’oppose complétement à votre vision. Le fait que les pharma se trouvent en Suisse ne justifient en rien une différence de prix. Au contraire, le marché suisse est un marché secondaire pour des multinationales et ce n’est pas le profit réalisé en Suisse qui conditionne les avancées dans le domaine. Si un médicament est vendu moitié prix en France, c’est qu’il est déjà rentable à ce prix là, recherche et développement inclus.
      Si on suit votre raisonnement et qu’on part du principe que c’est la marge suisse qui permet la recherche, alors le corolaire est que les suisses paient 2x plus cher leurs médicaments pour que nos voisins puissent en bénéficier à moitié prix. Je le répète, cette différence de prix n’est pas justifiable. Après tout, avec une clause de meilleur prix, rien n’empêche les pharma de monter leurs prix à l’étranger et de proposer le même prix partout. Au moins il n’y aura plus de débats sur le différentiel appliqué au peuple suisse !

      1. Je vous remercie pour votre rectification et vos arguments. Vous proposez des wagons de 20 minutes facturables qui peuvent s’additionner pour conclure la consultation à 40, 60 minutes… Ce système ne peut être rentable ni pour la Caisse ni pour le médecin qui devrait écourter ou inutilement prolonger son travail…
        Concernant les profits « injustifiés » des pharmas, je vous cite : « Si le médicament est vendu moitié prix en France, c’est qu’il est déjà rentable à ce prix-là, recherche et développement inclus ». Non, les pharma françaises bénéficient d’un subventionnement de l’Etat destiné à la recherche, contrairement aux suisses qui doivent compter sur leurs propres forces. Par ailleurs on justifie régulièrement les prix nettement plus élevés de tous les biens de consommations en Suisse par les salaires plus élevés. Les médicaments devraient ignorer ce calcul proportionnel ? Il n’y a que l’eau bénite qui puisse être offerte sans compter par le curé suisse… Pour rester concurrentiels à l’étranger, les pharmas ont intérêt à adapter leurs prix au pouvoir d’achat moyen de la polulation. Quant à « appliquer le même prix partout », cela reviendrait à restreindre l’accès aux traitements des pays moins favorisés, en grande contradiction avec les reproches de « manque d’humanité » adressés aux pharmas. Je le répète, il n’y a malheureusement que le donneur d’heureuses paroles dans son église qui puisse procurer un remède à un prix que l’on considère raisonnable…

        1. Je propose une facturation au temps indépendante de wagons comme vous le dites. La facturation peut être faite à la minute en ce qui me concerne. Le vrai changement de paradigme c’est que tous les “traitements” appliqués durant la consultation le sont au même tarif (fournitures en sus).

          Pour les pharma, j’ai l’impression que vous faites fi de l’aspect multinationale de cette industrie. Lorsque je dis qu’un médicament coûte le double en Suisse qu’en France, je parle d’un médicament “suisse” qui est vendu en France. Dès lors qu’il s’agit du même fabricant, le prix fixé pour un pays implique forcement une rentabilité. Novartis ne vend pas ses médicaments à perte dans toute l’Europe sauf en Suisse. J’irai même plus loin en affirmant que les sociétés pharma suisses pourraient tout à fait survivre et être compétitives sans le marché suisse.

          Nous avons donc un curé suisse qui vend à un prix que l’on considère raisonnable la bonne parole à l’étranger et qui la facture au prix fort à ses concitoyens.

          1. Merci d’avoir encore pris le temps de donner vos réponses, mon sentiment final est que vous attendez des pharmas qu’elles fonctionnent à la manière d’une association, sans viser un but lucratif. Bien-sûr j’exagère quelque peu, mais souhaiter que ces entreprises se contentent de la possibilité de “survivre” sur le marché suisse tout en restant compétitifs à l’étranger ferait bondir ses actionnaires et son directeur… On reproche aux pharmas de vouloir réaliser de grands profits dans un domaine où l’on souhaiterait que chacun puisse accéder aux remèdes. Mais il s’agit bien d’entreprises privées qui n’ont pas de comptes à rendre à l’Etat dont ils ne dépendent pas financièrement, contrairement à la France… Et pour ce qui est du curé, dans le cas de figure que vous donnez (bien trouvé pour la forme), celui-ci a la chance de pouvoir toucher son salaire bien constant même s’il ne réussit pas toujours à convaincre. Les actions de Novartis ne peuvent promettre la garantie de de bénéficier de cette rassurante stabilité, mais jusqu’à maintenant elles l’assurent assez bien. Entre le “prix fort” et le “prix raisonnable” il y a un équilibre obtenu, à votre sens, avec un poids total que vous jugez excessif. Mais remettre en question le droit de générer ce “surplus” reviendrait à revoir entièrement nos lois en incluant une nouvelle qui définirait ce qui est “raisonnable” ou non… Y a-t-il des Etats dans le monde qui l’auraient tenté avec succès ?

  5. Lorsque l’on se rend chez un dentiste en urgence, principalement les samedi/dimanche et jours fériés, les honoraires facturés sont payables immédiatement (cela m’est arrivé et suis sans doute pas la seule !!!)
    Pourquoi ne pas appliquer cette règle aux urgences médicales ?
    Je ne trouve rien de choquant à cette proposition si cela pouvait faire réfléchir quelque peu les citoyens qui tiennent le discours “je paie une assurance pour qu’elle soit utilisée …”

    1. Chère Madame,
      Que vous payiez chez le dentiste c’est en effet normal, les prestations dentaires ne sont pas comprises dans la LAMAL.
      Pour ce qui est de facturer aux urgences, deux choses: La première est que cela est censé être inclus dans nos primes, lesquelles sont déjà inaccessibles pour une part grandissante de la population, active et travailleuse. La seconde est que ce mécanisme de paiement implique que l’on culpabilise et sanctionne des patients ! Ce ne sont pas des gens qui vont acheter de l’alcool un vendredi soir à qui une surtaxe peut s’appliquer, ce sont des personnes qui cherchent de l’aide !

      1. Bonjour Monsieur,
        Merci pour votre réponse.
        Vous utilisez le mot “censé” dans votre réponse pour justifier en quelque sorte que les “facturations aux urgences devraient être comprises dans nos primes” ce qui reste à vérifier.
        D’autre part, vous écrivez que ce serait “culpabiliser le patient” pour ce qui a trait à la LAMal.
        En revanche celui ou celle qui doit se rendre en urgence chez le dentiste le weekend devrait se “sentir coupable d’avoir eu un problème dentaire … ???” Je ne me suis pas sentie coupable d’y être allée un 25 décembre jour de Noël mais maintenant OUI !
        Votre raisonnement m’échappe complètement …

        1. Chère Madame,

          Je crois que ce qui vous échappe c’est la différence entre les prestations LAMAL et celles non remboursées.

          Aujourd’hui les consultations aux urgences sont comprises dans les primes parce que remboursées par l’assurance maladie ! Rajouter une taxe supplémentaires non remboursée c’est mettre une barrière financière à l’entrée des urgences qui pénalisera les plus faibles revenus. Et oui, la démarche politique derrière cela vise à culpabiliser les patients d’utiliser le système de santé en les accusant de consommer de la médecine inutilement.

          A nouveau, les soins dentaires ne sont pas assurés ni remboursés, donc vous payez ce que vous consommez et personne ne vous accusera de coûter à la société vu que vous payer de votre poche !

  6. Non, il ne faut pas culpabiliser le patient, il faut l’éduquer !
    Le bon sens médical commun se perd dans nos villes où nos concitoyens ont pris l’habitude d’obtenir tout et tout de suite. L’importance de la santé et sa compréhension devenue plus technique rendent les patients citadins moins téméraires et beaucoup plus dépendant à une -immédiate- réponse médicale à leurs inquiétudes. Internet inquiète plus qu’il ne rassure et accroît cette angoisse de l’attente d’une réponse professionnelle.
    Faire passer les patients à la caisse, marginalisera encore les plus fragiles. C’est mettre aussi le médecin en porte-à-faux avec son éthique et lui imposer un rôle de gendarme qui s’oppose à sa mission de soignant. A nouveau l’état cherche un coupable financier. Chemin plus facile que celui de responsabiliser des consommateurs qui sont pris dans l’émotion de leur consultation.
    La maîtrise de la croissance des coûts est importante, mais son plafonnement n’est pas réaliste au vu de la démographie et du vieillissement de notre population.
    Votre proposition d’un budget plafonné n’est ni nouveau, ni pertinent. Il existe depuis bien longtemps chez nos voisins et a conduit vers un système sclérosé où le progrès scientifique ne se fait plus dans le secteur publique mais dans le privé.
    En prenant le contrôle complet du système de santé, avec les années, on s’aperçoit que l’état doit être de plus en plus interventionnistes dans la distribution des soins. Au final, l’individu perd le choix de son traitement et ce n’est plus son médecin qui le lui prescrit (avec qui il pouvait encore négocié et discuté), mais l’état qui lui impose.
    Seul les plus argentés continuent à pouvoir exercer leur libre arbitre sur leur santé.
    Enfin, votre idée de rémunérer les actes techniques (interventions) au même prix que la consultation, a déjà montré ces effets: les techniciens disparaissent du système publique, les temps d’attente s’allongent jusqu’à être dissuasifs et plutôt que de prévenir des maladies, on traite dans ces pays leurs complications…si le patients n’a pas disparu.
    Oui, il faut des solutions, mais il serait bon de tirer les leçons des expériences d’autres pays avant de se lancer dans des répétitions de modèles défectueux.

    1. Cher Monsieur,

      Je vous remercie pour votre contribution. Je vous rejoins en partie sur la question des patients “citadins” et sur le mauvais rôle d’Internet. En effet, une partie des urgences pourrait être évitée avec un peu plus de sang froid et une meilleure éducation de base en matière de santé (piste à creuser d’ailleurs). Pour la question de la maitrise des coûts, nous nous opposons bien sûre. La démographie et le vieillissement de la population impliquent certainement des coûts supplémentaires mais ceux-ci sont plus ou moins prévisibles, du moins faire de l’objet de scénarii financiers. Là où le bas blesse avec le libéralisme totale en matière de soins est que l’objectif primaire des groupes pharma et médicaux privés n’est pas la santé du patient mais la rentabilité.

      1. Cher Monsieur,
        Il ne m’a pas semblé vouloir prôner le libéralisme économique total. Vous observerez que dans le domaine de la santé qui est déjà très réglementé, les différents acteurs sont loins d’être tous soumis aux mêmes lois du marché. Vous prenez les Pharma et les assureurs en exemple qui évoluent dans un secteur bien plus libéral que les hôpitaux où les médecins indépendants.
        Il s’agit donc ici de faire preuve de nuances, car la rentabilité est importantes pour ces entreprises, mais elles ont aussi vocation à soigner des gens. Ce qui est par contre inacceptable, c’est la manière opaque comment sont fixés les prix des nouveaux médicaments et le marchandage auquel se livrent politiques et industriels.
        En Suisse, cet été, certains vaccins ne sont plus disponible simplement car peu rentable et nos politiques sont incapables de faire preuve d’autorité devant ces industriels alors qu’ils ne se gênent pas lorsqu’il s’agit de décider arbitrairement que toutes chirurgies du pied n’a plus droit aux lits hospitaliers comme dans le Jura.
        Confiés des décisions de soins à des politiciens qui sont par nature en Suisse des non professionnels amènera immanquablement à des inepties… peut-être fatales. Il est donc urgent de créer un ministère de la Santé qui compte des médecins ayant pratiqué leur art. Aujourd’hui, à la direction de l’OFSP, il n’y en a pas.

  7. Ceux qu’il faut responsabiliser ce sont les élus des chambres fédérales. Ils ont tellement d’avantage qu’ils en oublient que leurs concitoyens dans sa grosse majorité doit travailler dur pour simplement vivre avec leur famille. Ces élus n’ont sans doute pas relu la constitution fédérale depuis longtemps. En effet ils ont oublié les buts de la Constitution (article 2) qui visent la prospérité des Suisses et pas leur paupérisation.
    S’il faut responsabiliser quelqu’un ce serait plutôt les assurances qui jonglent allègrement avec la fixation des primes, les pharmas qui favorisent tout le monde sauf les suisses, l’OFSP qui défend les assurances et pas la population suisse.

  8. J’ai vécu dans plusieurs pays du Monde et beaucoup entendu parler de restreindre l’accès aux soins, le modèle étant le système en vigueur aux USA: Le plus couteux du Monde.

    Finalement ce serait de loin votre meilleurs argument, la medecine privée rapporte sans doute aux assurances mais coute extremement cher a la société dans son ensemble.
    Il existe beaucoup d’études pour le démontrer (ironiquement j’ai lu un article le presentant tres bien dans le magazine des suisses de l’étranger) mais curieusement rien n’est fait pour arreter la catastrophe et surtout la desinformation ne fait que s’intensifier, le systeme américain a pris pied en Europe et la seul chose qui va l’arreter c’est la pauperisation des états et du plus grand nombre d’individus.
    Il est vraiment dommage que la presse en général renonce a faire des investigations sérieuse sur le sujet et a presenter la realité au public.

  9. Exactement 🙂

    Pour moi on a quelques axes de “pression” par rapport à la santé.
    – Les prestataires de soins qui refusent de voir leurs rémunérations baisser – ou leur représentants comme la FMH.
    – La pharma qui doit montrer un 10-20% d’augmentation de capital à leurs investisseurs par année.
    – Les politiques qui essayent de limiter l’impacte sur les finances cantonales.
    – Les assurances qui ont tout intérêt à ce que les prix augmentent pour garder leur 5% de marge.

    Donc finalement le système déplace les coûts et ses bénéfices sur la partie “personnelle” des citoyens… car c’est le seul qui n’a pas de représentant quand il y a des discussions sur la santé.

    Cela passe par des 4% d’augmentation sur la franchise de base qui se transforment en 10-15% sur la franchise à 2500.- (800.- d’augmentation par adultes en moyenne sur Vaud en 3 ans… 2500.- pour une famille qui ont disparus du porte-monnaie des citoyens!)

    – Cela passe par un déplacement des bénéfices sur les prestations “de base”. On baisse les coûts “lourds” à la charge de la communauté, mais en échange on augmente le coûts des généralistes, des pédiatres, des visites de base. Mais finalement on déplace les coûts sur les individus… au point ou un nombre croissant de citoyens ne vont plus chez le médecin – ou vont à l’étranger, donc sortent de notre système.
    – On propose d’augmenter les franchises (mais vous n’aurez pas de rabais!!).

    La responsabilité individuelle est une bêtise – et avant tout un moyen de déplacer encore plus de coûts sur la partie “personnelle”.. Après clairement une fois atteint leur franchise, les citoyens veulent “profiter” de ce qu’ils financent… sans forcement culpabiliser sur le fait que c’est pris sur notre assurance maladie. Mais la “responsabilité individuelle” s’attaque de manière générale sans forcement s’attaquer aux bonnes personnes.

    Les 50.- sont juste un moyen supplémentaire de financer les coûts délirants de notre système de santé en prenant encore plus sur la partie “individuelle”. En plus les assurances sont de plus en plus pénibles avec les médecins… mais un particulier ne va pas trop se plaindre de sa facture mais la payer avec dépit – parfois en mettant une croix sur les loisirs, restaurant, vacances. Et après on s’étonne que les Suisses fassent des économies en achetant sur Internet, à l’étranger ou en allant moins au restaurant. Je n’ai pas vu que ces 50.- seraient déduits de la facture envoyée à l’assurance!!!! Mais que ce serait 50.- supplémentaires versé aux cliniques, aux prestataires de soins.

    On ferait mieux de se demander pourquoi aller chez le médecin pour un petit truc coûte souvent déjà quelques centaines de francs en Suisse! Et arrêter de voir les citoyens comme des distributeurs en libre service…

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