L’arbre à pain : un héritage du monde maori

Arbre à pain

En dehors de la Polynésie, le Uru (prononcez « ourou» en roulant légèrement le « r »), est plus connu sous le nom de fruit de l’arbre à pain (Artocarpus altilis). Cette espèce au port majestueux fait partie des Moracées, famille à laquelle appartient aussi le figuier, bien plus connue en Europe.

Coupe d’un fruit de l’arbre à pain

A Tahiti, il y a une sous-espèce d’arbre à pain qui donne des fruits sans noyau. Cet arbre a une floraison et une fructification qui dure toute l’année.

Fruits de l’arbre à pain

Ces fruits font entre 15 cm à 25 cm de diamètre en moyenne. La peau du fruit est verte quand celui-ci n’est pas mur,  puis vire au jaune-vert quand il mûrit.

 

Fruits du Jacquier
Coupe d’un fruit du Jacquier

Attention, le fruit de l’arbre à pain ne doit pas être confondu avec celui d’une autre espèce arbustive de la même famille : le Jacquier (Artocarpus heterophyllus). Il s’agit, de deux  espèces assez proches, dont le fruit est comestible dans les deux cas. Toutefois, l’odeur (Terrible !) du fruit du Jacquier peut aider, à coup sûr, le néophyte à faire la distinction.

L’arbre à pain est originaire d’Océanie, probablement de Mélanésie, et il est, du reste, toujours beaucoup cultivé dans les iles du Pacifique Sud. Depuis cette région, l’arbre à pain s’est répandu plus largement au sein de la ceinture intertropicale grâce à des explorateurs comme William Blight.

Vous avez, du reste, sans doute entendu parler de l’expédition du Bounty qui a donné lieu à plusieurs superproductions Hollywoodiennes sur les « Révoltés du Bounty ». Peut-être ne le savez-vous pas, ou l’avez-vous oublié, mais le point de départ de cette folle aventure, certes ensuite largement romancé par les scénaristes américains, est lié à Tahiti et à l’arbre à pain.

C’est en 1788 que la frégate HMS bounty partit en direction de Tahiti afin de récupérer des plants de cet arbre, dont l’intérêt alimentaire avait été loué par d’autres explorateurs. Cette mission avait pour but d’introduire cette plante aux Antilles britanniques (i.e. la Jamaïque actuelle) afin d’apporter une solution aux problèmes de ravitaillement en nourriture des esclaves. Après plus de huit mois de voyage et plus de 50 000 km parcouru, le Bounty accosta enfin à Tahiti. Sur place, les Maori laissèrent les anglais repartir avec plus de 1000 plans d’arbre à pain. En raison des besoins en eau très conséquents de ce végétal, le Capitaine Blight avait dû mettre en place un rationnement. Cette situation contribua à provoquer une mutinerie menée par Fletcher Christian (2e officier et souffre-douleur de Blight après que celui-ci l’ait accusé de lui avoir volé …une noix de coco tu es sur de cela ?). Fletcher et 8 autres marins réussirent à prendre le contrôle du bateau et à rejoindre Tahiti. Le Capitaine Blight ainsi que le reste de l’équipage rallièrent le Timor (au Nord-est de l’Australie) à bord d’une chaloupe du Bounty dans laquelle les mutins les avaient jetés avec un sextant, une boussole et seulement 5 jours de nourriture. Dans des conditions, qu’on imagine épuvantable, ces naufragés de force  ont navigués sur cette chaloupe pendant 47 jours avant de trouver secours. Ce n’est que plus tard,  grâce à la deuxième expédition de Blight à bord de la frégate HLMS Providence, que l’arbre à pain arriva en Jamaïque en 1793. Toutefois, la population locale le donna aux cochons…. tellement ils trouvèrent le gout des fruits mauvais !

L’abnégation du capitaine Blight à mener à bien sa mission ne fut toutefois pas inutile. Progressivement l’arbre à pain à joué un rôle grandissant pour de nombreux peuples des pays tropicaux. L’arbre à pain est désormais utilisé dans de nombreux domaines :

Dessin montrant les différentes parties d’un four tahitien

La plupart du temps, il est utilisé en cuisine. Les fleurs sont mangées en confitures en Martinique ou en Guadeloupe. En ce qui concerne le fruit, il se mange cuit. Il existe beaucoup de recettes différentes dont la traditionnelle recette du four Tahitien qui est illustré ici. Le fruit est également frit et même parfois réduit à l’état de farine, laquelle est ensuite utilisée pour diverses préparations (crêpes, gâteaux, substitut de farine de blé).

D’un point de vue nutritionnel, on sait aujourd’hui que le fruit de l’arbre à pain est riche en acides gras auxquels on prête des vertus pour maintenir le cœur en bonne santé. Il contient aussi des omégas 3 qui sont bon pour le développement du cerveau chez les enfants. Par ailleurs, les omégas 6 et la vitamine C  qu’il contient sont jugés favorables pour la santé de la peau. Enfin, ce fruit est une source de glucides, de vitamines et de sels minéraux.

L’utilisation de l’arbre à pain ne se limite pas à la cuisine. Il intervient par exemple, dans la médecine traditionnelle de nombreuses sociétés. Ainsi, le fruit bien mûr est parfois utilisé contre les brulures, alors que les fleurs grillées peuvent être frottées contre les gencives pour les soulager. Ce n’est pas tout. Le latex qui s’écoule de l’écorce de l’arbre à pain peut être utilisé comme gomme à mâcher, ou encore comme gel pour les cheveux. Autrefois, le latex était même utilisé pour attraper des oiseaux et servait de poix pour réparer les trous dans les pirogues une fois mélangé à de la fibre de coco. L’écorce était aussi utilisée comme papier par les premiers polynésiens. Ils appelaient cela du « Tapa ». Bien entendu, le bois de l’arbre à pain n’était pas oublié. Il servait à la confection des pirogues ou de certains instruments de musique.

Au-delà de ses multiples utilisations l’arbre à pain occupe une place particulière dans les récits légendaires de Polynésie Française. Certains disent que ce serait Taaroa (dieu de la création dans la croyance polynésienne) qui se serait transformé en cet arbre pour que ses protégés puissent survivre et ne pas mourir de faim. D’autres disent que ce serait un père qui se serait transformé en arbre à pain pour sauver sa famille.

Malheureusement l’arbre à pain est lui aussi victime du réchauffement climatique. Certaines variétés se sont déjà éteintes. L’arbre à pain ayant des racines courtes, l’élévation du niveau de la mer et l’infiltration d’eau salé dans les nappes phréatiques l’affecte grandement. Cet arbre est également très vulnérable aux cyclones qui tendent à se multiplier dans certaines régions, là encore en lien avec le réchauffement climatique.

Pour finir cet article je propose pour les personnes intéressées une recette à base d’arbre à pain (je sais qu’on en trouve parfois en vente  en Europe):

Je vous propose une recette de délicieuses de « frites de uru » :

Pour 6 personnes

Ingrédients :

  • 1,5 uru vert
  • Sel

Préparation :

  1. A l’aide d’un couteau, enlevez la peau du uru ainsi que le noyau qui se situe au milieu du fruit (généralement, dans les supermarchés en Europe les fruits de l’arbre à pain ont un noyau car ce n’est pas la même espèce qu’à Tahiti) .
  2. Coupez votre fruit dans la longueur et de manière régulière pour former vos frites.
  3. Dans une friteuse, mettre les frites à cuire jusqu’à ce qu’elles soient dorées.
  4. Salez et servir chaud.

La Nouvelle-Zélande : Une beauté unique et préservée

Suite à un récent voyage en Nouvelle Zélande, j’ai voulu écrire un article sur cet endroit si particulier.

 

La Nouvelle- Zélande, Aotearoa en maori (le « e » se prononce « é »), est un pays d’Océanie composé de deux iles principales (l’ile Nord et l’ile Sud) ainsi que de plusieurs autres iles bien plus petites. La mer de Tasman la sépare de l’Australie d’environ 2000 km. Son isolement géographique se traduit aujourd’hui dans sa biodiversité, aussi bien au niveau de sa flore que de sa faune. Allant des fougères géantes aux kiwis, une grande proportion des espèces présentes sur le territoire est endémique. La biodiversité n’est toutefois pas le seul élément remarquable de ce petit pays. Ses paysages, aussi diversifiés que spectaculaires contribuent aussi à rendre ce lieu  unique.

Du point de vue des peuplements humains, la Nouvelle-Zélande constitue le sommet sud-ouest du fameux triangle Polynésien (les 2 autres sommets étant Hawai au Nord et l’île de Pâques au sud-est). Curieusement, bien qu’elle soit loin d’être la plus isolée du monde Polynésien, la Nouvelle-Zélande a été découverte très tardivement. Il s’agit, en effet d’un des derniers territoires découverts du Pacifique Sud. En dépit d’une colonisation massive des européens, certaines régions, notamment sur l’île du Nord, conservent des traces vivaces de la culture Polynésienne.

Il faut savoir que les îles qui composent la Nouvelle-Zélande d’aujourd’hui ont été colonisées vers les années 1640. En effet, le premier européen à avoir découvert la Nouvelle Zélande fut Abel Tasman en décembre 1642. Au cours du XVIIe siècle, la Nouvelle-Zélande a vu passer de nombreux marins, explorateurs, aventuriers, missionnaires… En 1840 la couronne britannique signe, avec les différents chefs maori, le traité de Waitangi qui fait entrer la Nouvelle-Zélande dans l’empire britannique. Bien qu’aujourd’hui il s‘agisse d’un territoire indépendant (depuis 1907), la Nouvelle-Zélande garde des liens très forts avec l’Australie et le Royaume Uni. Le régime politique est une monarchie parlementaire. La capitale est Wellington. Les langues officielles sont l’Anglais et le Maori (malheureusement le maori se perd). La population s’élevée à 4,8 millions en 2018. Sur place j’ai pu remarquer qu’il y a une majorité d’européens. Toutefois, les maoris représentent la plus forte minorité.

Durant mon voyage j’ai séjourné 2 semaines à Rotorua. C’est une ville d’environ 72 000 habitant, située sur l’île du Nord à plus de 2H30 de route au sud d’Auckland. A côté du lac du même nom, Rotorua est surtout connue pour l’activité géothermique qui règne dans la région. Il ne faut pas aller très loin pour observer des phénomènes géothermiques. Certaines parties de la ville sont construites soit au-dessus, soit à coté de sources ou de bassins géothermiques. Pour vous dire il y a même des bains thermaux au cœur de la ville.  En revanche pour voir des geysers ou des piscines de boue bouillonnante il faut sortir un peu de la ville. D’ailleurs l’endroit où il y a les geysers est à côté du Redwoods National Park. Ce parc national est assez spécial car il s’agit d’une forêt de Séquoias (Redwoods fait référence au bois rouge des séquoias).Séquoias de la Redwoods forest Dans la forêt vous ne trouverez pas uniquement des séquoias. Il y a des fougères arborescentes, des pins géants mais le plus étonnant sont sans doute les petites piscines géothermiques naturelles disséminées en pleine forêt. Dans les alentours de la ville vous pouvez voir plusieurs lacs, certains sont même sacrés dans la culture maori (donc parfois plus compliqués à visiter).

Durant ce périple Néo-Zélandais, je me suis également arrêté à Ohakune. Cette petite ville ne présente pas un grand intérêt en elle-même, mais elle constitue cependant une des bases possibles pour réaliser un trek très populaire : le Tongariro Alpin Crossing. Le Tongariro Alpin Crossing est, en effet, « LA » randonnée la plus connue de Nouvelle Zélande et sa réputation n’est pas surfaite. La randonnée permet, le long de ses 2O km, de progresser dans un paysage lunaire au milieu de plusieurs volcans. le cratère rouge du Tongariro Alpin crossing  On marche ainsi aux abords du Mont Tongariro (un Volcan), sur les bords du cratère rouge, ou encore à proximité de lacs aux couleurs bleues ou vert émeraude, rendues irréelles par leur composition chimique. L’essentiel du trajet  se fait à plus de 1800m d’altitude.

Les paysages époustouflants de cette randonnée, et plus largement de Nouvelle Zélande sont tellement surprenants, qu’ils ont même attirés certains réalisateurs de cinéma pour tourner différents films. C’est notamment cette zone volcanique autour du Tongariro qui a inspiré les décors de l’adaptation cinématographique de la célèbre trilogie du seigneur des Anneaux (en particulier la fameuse montagne du Destin).

Pour rester sur des curiosités de la nature, après Ohakune, j’ai eu l’occasion de faire un arrêt au Waitomo caves. Il s’agit de grottes qui possèdent une caractéristique très spéciale : elles abritent des vers luisants. Ces grottes, telle la voute céleste, éblouissent les nombreux touristes. Les vers luisants, accrochés sur les murs et le plafond, forment de vastes constellations que l’on admire dans l’obscurité. Pour accéder à ces « voies lactées » néo-zélandaises il faut soit prendre un bateau (certaines grottes sont immergées), soit marcher avec un guide.

Photo d’une des grottes Waitomo

En conclusion, que ce soit pour ces paysages époustouflants, pour sa biodiversité unique ou encore pour ses habitants, la Nouvelle Zélande est un endroit unique au monde qui regorge de surprises à la fois étonnantes et magnifiques.

 

Ce séjour fut relativement court et limité à la seule île du Nord. Toutefois, j’en ai vu assez pour avoir très envie d’y retourner.

 

Galápagos 3 : …un ballet aérien hors du commun.

Afin de clôturer cette trilogie d’articles sur l’archipel des Galápagos je vous propose de décoller pour explorer le milieu aérien de ces iles mythiques.

Dans un premier temps, j’aimerais vous parler des pélicans. Certes, ce n’est pas l’oiseau emblématique des Galápagos, mais cette espèce reste remarquable et très présente sur l’archipel. L’espèce présente aux Galápagos est le pélican brun (Pelecanus occidentalis). Il s’agit d’une espèce assez répandue qu’on retrouve sur tout le continent Américain. Aux Galápagos, pour voir des pélicans cela n’est pas très compliqué; il suffit de se diriger vers les endroits où des bateaux de pêche reviennent, et vous trouverez sans aucun doute des pélicans en train d’essayer d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. En effet, les pélicans sont des oiseaux pécheurs. Ils mangent en général des crustacés et des poissons qu’ils ont péchés. Cependant, les individus les plus fainéants ont compris que les restes des poissons laissés par les pécheurs leurs sont bien plus faciles d’accès.  Les plus malins restent ainsi stationnés près du marché aux poissons dans l’attente du retour quotidien des pêcheurs.

Bien évidemment, les pélicans ne sont pas les seuls à adopter cette stratégie. C’est pour cela que fréquemment dans ces lieux on peut observer frégates, pélicans et mêmes des otaries qui se battent pour avoir les restes de poissons. D’ailleurs ça en deviendrait presque dangereux pour les touristes qui regardent la pêche du jour, tout en admirant de près ces trois espèces. Sous leurs airs inoffensifs les pélicans sont de féroces adversaires qui n’hésitent pas à se servir de la griffe présente à l’extrémité de leur bec.

Griffe du bec d’un pélican des Galápagos.

 

Bien entendu, il y n’a pas que le pélican comme oiseau connu au Galápagos. Cet archipel accueille notamment en son sein, non pas une, mais deux espèces de fous. La première espèce dont je vais vous parler aujourd’hui est le fou à pieds rouges (Sula sula). Comme on peut le deviner, les individus appartenant à cette espèce ont les pieds rouges !!!. …en tout cas les adultes, car les jeunes possèdent un plumage blanc avec le bec et les pattes noires.  Outre les pieds, les adultes présentent aussi de jolies couleurs sur leur zone faciale. La couleur qu’arborent les individus varie en fonction de la saison (reproduction) et de leur sexe. Durant la saison de reproduction, les zones faciales où il n’y a pas de plumes, ainsi que les parties déjà colorées de leurs corps se colorent plus intensément. Du turquoise au jaune-citron en passant par le rouge ardent, la saison des amours chez les fous à pieds rouges se vit de façon haute en couleurs.

En dehors de la taille (la femelle étant plus petite que le mâle), on peut donc différencier le sexe des individus grâce à leurs couleurs. Les mâles vont, pendant la saison des amours, avoir du jaune-citron sous les yeux que les femelles n’auront pas. Il faut savoir aussi que cette espèce est la plus petite de tous les fous. Un individu mesure en moyenne 77 cm de haut et possède une envergure de 98 cm.

Bien qu’elle ne soit pas endémique des Galápagos, la deuxième espèce de fous dont j’aimerais vous parler est un des symboles de l’archipel. Contrairement à son cousin qui possède des pieds en désaccords avec le paysage, cette espèce a su « s’assortir » à son milieu. Oui étonnamment, la couleur naturelle de leurs pieds rappelle bien le bleu des lagons. Cet individu n’a pas été peint juste pour les touristes…

Contrairement à leurs cousins à pieds rouges, la couleur des pattes des fous à pieds bleus (Sula nebouxii)provient de leur alimentation. Elle résulte de l’action d’un pigment « caroténoïde » qui provient des poissons dont se nourrissent les fous à pieds bleus. Plus ces individus en mangent, et plus la coloration de leurs pattes est intense (c’est un peu comme pour les flamants roses). Des recherches scientifiques à ce sujet ont montré que la couleur des pattes d’un individu est un indicateur de bonne santé. Par conséquent, en choisissant un partenaire ayant des pattes très colorées, les femelles optimisent leurs chances de s’accoupler avec un partenaire en très bonne santé. Les fous à pieds bleus adultes sont les seuls à être colorés. Tout comme les fous à pieds rouges les juvéniles sont uniquement blancs et noirs. Cette absence de couleur au stade juvénile se retrouve chez d’autres espèces d’oiseaux comme la frégate (dont je reparlerai plus tard). Un des détails qui m’a fait sourire en voyant des fous de près est leur « bouille » …qui, avouons-le, ne leur donne pas un air très intelligent. D’un autre côté je ne devais pas forcément donner une meilleure impression de moi en me contorsionnant pour essayer de les prendre en photo sous le meilleur angle !  Quoi qu’il en soit,  leurs yeux ahuris, accentués par le plumage uni chez jeunes, leur donne un coté mignon qui fait un malheur chez les touristes. Les commerçants l’ont compris et le fou à pieds bleus en particulier se retrouve partout (T-shirt, casquettes, peluches…).

 

D’autres oiseaux comme les frégates sont aussi très présents dans l’espace aérien de cet archipel. Avec leur 2m15 d’envergure en moyenne, les Frégates du Pacifique (Fregata minor) sont de loin la plus grande espèce d’oiseaux des Galápagos. Celles-ci pèsent de 1 kg à 1,6 kg et peuvent vivre jusqu’à 34 ans ! Toutefois, la chose la plus impressionnante chez ces oiseaux est le repli de peau rouge que les mâles gonflent lors de la saison des amours pour attirer les femelles. Ce sac jugulaire, qui sert à attirer les femelles, ressemble énormément à un ballon de baudruche. Pour attirer les femelles, les mâles tapent dessus avec leur bec, ce qui produit un bruit de ballon, qui accentue cette ressemblance. Les Frégates sont des animaux coloniaux. Ils vivent dans des colonies qui peuvent dépasser le millier d’individus. Ces colonies sont souvent mixtes, dans la mesure où on peut y retrouver d’autres espèces de Frégates et aussi d’autres espèces d’oiseaux comme les fous. C’est une espèce présente sur une grande partie du globe.

 

En parlant d’oiseaux des Galápagos, je me dois de parler des fameux pinsons des Galápagos ou appelés plus souvent pinsons de Darwin. Ces oiseaux, qui ont jadis aidé le grand Charles Darwin à fonder sa théorie sur l’évolution, sont très présents dans les différentes iles de l’archipel. Il existe une quinzaine d’espèces de Pinsons des Galápagos ; celles-ci descendent toutes d’une et même espèce qui avec le temps s’est transformée en différentes sous espèces pour s’adapter aux spécificités de leur environnement. On retrouve ainsi différentes espèces en fonction de la variété des environnements qui caractérise chaque ile. Le régime alimentaire, et donc par conséquent leur bec, varie ainsi en fonction des espèces et des îles. Leur alimentation n’est pas le seul facteur qui change en fonction de l’espèce, il y a aussi le comportement et le chant des individus.

En revanche, la taille est un facteur qui ne change pas en fonction des espèces. Les pinsons de Darwin mesurent entre 10 cm et 20 cm. Ce sont en quelque sorte un peu l’équivalent des moineaux de nos jardins publics. En 2016 des chercheurs ont mis en évidence l’apparition d’une nouvelle espèce sur une des îles des Galapagos (île de de Daphne Mayor), qui s’est développée en seulement trois générations !

Pinsons des Galapagos (Pinsons de Darwin)

Cette nouvelle espèce compte à l’heure actuelle, environ une trentaine d’individus. C’est encore peu…mais on peut lui souhaiter bonne chance et espérer que les mesures de gestion dans l’archipel sauront la protéger efficacement.

 

Les Galápagos : …A une goutte de l’exceptionnel…

Bonjour à tous, comme annoncé dans mon précédent article sur la composante terrestre des Galápagos, je vous propose, aujourd’hui, de plonger dans l’univers aquatique de ces iles.

En plus d’avoir une grande diversité d’espèces terrestres, les Galápagos possèdent aussi un patrimoine marin impressionnant.

Parlons d’abords des Otaries. Avachies sur les bancs de l’embarcadère ou en train de bronzer sur la plage, elles sont très présentes sur la terre ferme. Alors qu’elles paraissent calmes, inoffensives et même franchement « pataudes » sur la terre, elles semblent se métamorphoser une fois dans l’eau.

Otaries des Galápagos qui dorment sur la plage.

Elles apparaissent alors beaucoup plus énergiques, dynamiques et terriblement agiles. Elles nagent avec aisance et rapidité, et n’hésitent pas à jouer avec les baigneurs, ce qui donne des souvenirs inoubliables et des images plutôt spectaculaires.

Otarie des galapagos

Pour la petite anecdote, avec ma famille nous étions en train de nager, quand tout à coup, deux jeunes otaries surgirent curieuses de notre camera sous-marine . Hélas, aussitôt arrivés, aussitôt reparties,…nous avons à peine eut le temps de les voir. Heureusement, elles ont ensuite entamés un balais aquatique faisant régulièrement des apparitions, mais toujours trop fugaces à notre goût. Bien évidemment, à chaque apparition des otaries, nous ne bougions plus pour ne pas les effrayer. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que nous avons compris que les otaries voulaient seulement jouer avec nous. Pour les maintenir plus longtemps près de nous, il fallait donc abandonner notre posture « stoïque » initiale. Nous avons alors commencé à nager, plonger, faire des bulles, tentant d’imiter (certes très maladroitement !) la nage d’un mammifère. Les otaries se sont prises au jeu et ne nous ont plus quittées pendant de longues minutes, nous frôlant de tous les côtés, nageant au-dessus ou en dessous de nous. Je ne sais pas qui s’est le plus amusé entre moi et les otaries, cependant ce fut un moment magique.

Aux Galapagos il n’y a que deux espèces d’otaries :  Les otaries dites « des Galapagos » (Zalophus wollebaeki) et les otaries « des Galápagos à fourrure » (Arctocephalus galapagoensis). Ces espèces sont toutes deux endémiques. J’ai eu la chance de voir les deux espèces, même si l’’otarie des Galápagos est très difficilement différentiable de sa cousine à fourrure lorsqu’on la croise dans l’eau. Par contre, la distinction entre les 2 espèces est plus facile lorsqu’elles sont sur la terre ferme. Hélas, ces deux espèces sont en danger d’extinction d’après l’IUCN.

Jeune otarie qui joue avec notre Go Pro.

Parmi les autres animaux emblématiques des Galapagos, il y a les Iguanes marins (Amblyrhynchus cristatus). Comme ce sont des reptiles, donc des animaux à sang froid, ils passent, en effet, la majeure partie de leur temps à se réchauffer sur tout ce qui peut leur fournir de la chaleur. Iguane sur le quai de l’embarcadère

Ce sont les seuls représentants des iguanidés dans le milieu marin.

iguane marin montant sur le quais de l’embarcadère.

Contrairement à leurs cousins terrestres qui sont généralement colorés, les iguanes marins sont principalement noirs. Il suffit d’aller en bord de mer pour en apercevoir (y compris dans les ports), mais on ne les voient pas toujours du premier coup. Les Galápagos étant un archipel volcanique, il y a de la pierre noire volcanique un peu partout. De ce fait, les iguanes se confondent souvent avec leur substrat. Toutefois, un peu de patience et un bon sens de l’observation suffisent pour les voir.

Iguanes marins qui se réchauffent sur de la pierre volcanique, comme vous pouvez le voir sur cette photo il arrive d’en voir beaucoup sur une petite surface.
Iguane marin des Galápagos.

 

Notez qu’à la saison des amours les mâles troquent le noir pour des couleurs « pétardes » comme le bleu, le turquoise, le vert foncé, le fuchsia ou encore le rouge orangé. Durant cette période, la couleur des mâles diffère en fonction des iles où ils vivent.

Avant, de vous parler de la prochaine et dernière espèce que je souhaite vous présenter dans cet article, je voudrais vous faire part d’une information, à propos des tortues marines que l’on peut observer aux Galápagos.

tortue marine des Galápagos qui mange des algues

Les tortues marines des Galápagos ne sont pas du tout craintives ! Ce qui est quelque chose de très étonnant, surtout pour moi, car à Tahiti il difficile de nager avec des tortues sauvages plus de 30 secondes. La différence de comportement s’explique, sans doute, au moins en partie par la différence de relation que ces espèces entretiennent avec l’homme dans les deux cas. En Polynésie, la tortue reste un met de choix très prisé dans la culture locale. A l’inverse la protection aux Galapagos semble totale. De plus, les quelques endroits faciles d’accès sont très prisés des touristes, les tortues se sont visiblement habitués à croiser des baigneurs sans aucune crainte.  La plupart du temps elles ne prennent même pas la peine de modifier un peu leur trajectoire pour éviter les baigneurs, qui, de fait, s’écartent sur leur passage. Cette situation inhabituelle pour nous permet de prendre des photos d’une grande proximité.

Selfie que j’ai pris avec une tortue des Galápagos.

Le plus difficile parfois est de s’écarter suffisamment loin pour s’assurer que ces mastodontes pourront passer leur chemin sans encombre. Il faut savoir aussi que si vous ne vous poussez pas à temps, la tortue ne s’écartera guère, ce qui peut donner lieu à des coups de nageoires dans les baigneurs et d’après une expérience personnelle , parfois même dans les caméras. Voici quelques illustrations de la proximité que l’on peut avoir avec les tortues marines.

Enfin, pour terminer cet article je vais vous parler du manchot des Galápagos.

Manchot des Galápagos sur un morceau de roche volcannique.

Je pense que vous l’aurez deviné, cette espèce est endémique de l’archipel. Du haut de ces 53 cm (…pour les plus grands d’entre eux !), le Manchot des Galápagos est le plus petit représentant de la famille des Sphéniscidés. Il présente aussi la particularité d’être le seul manchot à vivre en dessous de l’équateur. Les individus nichent dans les aspérités des roches, près de l’eau, à un endroit où l’eau est fraiche et riche en nourriture. Sous leurs airs mignons les manchots sont des animaux qui n’hésitent pas à attaquer une GoPro de touristes ici et là si celle–ci s’approche de trop près. Très bon moyen pour nous rappeler (au cas où on l’oublie dans l’excitation de la découverte) qu’ils sont chez eux…et pas nous !

Manchot des Galápagos dans l’eau.

Voilà pour ce second article sur les Galápagos, en attendant le troisième et dernier qui portera sur quelques-uns des fameux oiseaux des Galapagos, si chers à Darwin.

Les Galápagos : Une terre pleine de surprises…

Bonjour, dans cet article ainsi que dans les deux suivants, je resterai centré sur le Pacifique, et même sur ses îles, mais je vous propose de nous éloigner un peu de Tahiti et de la Polynésie française.  Je souhaite, en effet, vous parler d’un archipel mythique que j’ai eu la chance de visiter l’année dernière : Les Galápagos.

Un voyage aux Galápagos me semble mériter plusieurs articles. Je vous en proposerai trois à la suite. Dans ce premier article, je vous présenterai quelques aspects  focalisés sur la composante terrestre de ces iles. L’article suivant sera consacré au milieu marin.  Pour terminer, le dernier article sera centré sur la composante aérienne (en l’occurrence l’avifaune) qui, dans ces îles, représente un lien important entre les mondes marin et terrestre.

Situées au large de l’équateur les Galápagos sont composées de 13 grandes iles, 17 petites et une multitude d’ilots. L’archipel est classé au patrimoine mondial de l’U.N.E.S.C.O. depuis 1978. Il s’agit, en effet, d’un lieu unique qui, par exemple, inspira grandement Charles Darwin dans l’élaboration de sa future  théorie de l’évolution. Ce lieu abritant des animaux et des végétaux à la fois uniques et mystérieux a été préservé pendant des siècles des activités anthropiques. C’est d’ailleurs son isolement qui a participé à la fois à la préservation des espèces qu’il abrite et à sa richesse en espèces endémiques. (i.e. espèces qui ne vivent nulle part ailleurs).

Avant de parler de la faune qui a largement participé à la renommée internationale de l’archipel, je dirais quelques mots sur la flore qui est certes moins spectaculaire mais qui est quand même étonnante. La végétation est, en effet, très diversifiée que ce soit entre les iles ou au sein d’une même île, selon la zone dans laquelle on se trouve. Il peut y avoir des paysages luxuriants, comme des paysages de pays tempérés ou plus souvent des zones arides. Je serai bien incapable de vous faire une description précise et complète de la végétation et de ses différents types. Je vais donc plutôt me focaliser sur une plante endémique qui a retenu mon attention : le cactus des Galápagos (Opuntia echios), et plus précisément sur la variété gigantea  Comme vous l’aurez compris, ce cactus est très grand. Une autre particularité de ce cactus, est qu’il développe un tronc. C’est d’ailleurs pour cela qu’on le retrouve sous le nom d’”arbre de cactus géant”. Son tronc  marron présente très peu d’épines et est recouvert d’une sorte d’écorce, comme un vrai arbre. Pour mémoire, les cactées (même les plus grands spécimens) ne sont pas de véritables arbres. Ils appartiennent  au grand groupe des monocotylédones (tout comme le bananier, les orchidées ou les palmiers) et ne produisent pas de véritable bois.

En parlant de cactus, il y a un animal qui les mange.

Reconnaissez-vous cet animal ?

 

Iguane jaune mangeant un cactus.

Étonnant, non ? Ce reptile endémique de ces iles, est un iguane terrestre des Galápagos (Conolophus subcristatus). Plus largement, tous les iguanes terrestre du genre “Conolophus” sont endémiques des Galápagos. Les iguanes ont le sang-froid, comme tous les reptiles. Ils sont principalement herbivores mais parfois ils peuvent manger quelques insectes. Dans le prochain article je vous parlerai de leur cousin, l’iguane marin, mais restons pour le moment sur le milieu terrestre. Il y a actuellement trois espèces d’iguanes terrestres dans ces iles : Les iguanes jaunes (Conolophus subcristatus), les iguanes jaunâtres endémiques de l’ile Santa Fé (conolophus pallidus) et les iguanes roses endémique de l’ile Isabella (Conolophus marthae). Toutefois, en ce qui me concerne, je n’ai vu que des iguanes jaunes qui, pour moi sont magnifiques.

 

L’archipel des Galápagos abrite de nombreuses autres  espèces de reptiles endémiques, dont une des  plus connues,  mais hélas aussi des plus menacées au monde : Les tortues géantes.

A l’heure actuelle, il n’existe que deux espèces de ces animaux mythiques. On trouve une de ces espèces aux Seychelles (Aldabrachelys gigantea) et une autre aux Galápagos. Toutefois, en réalité, aux Galápagos il n’y a pas une seule espèce, mais plutôt un ensemble subdivisé de 10 espèces si proches les unes des autres que d’après certains scientifiques, neuf d’entre elles seraient des sous-espèces de la dixième (Chelonoidis nigra). Cette dernière est malheureusement éteinte. Il en est de même pour la tortue de Fernandina (Chelonoidis phantastica), et pour la tortue de Pinta (Chelonoidis abingdonii) dont le dernier spécimen s’est éteint en 2012.

Plus largement, les tortues terrestres des Galápagos ont des caractéristiques souvent atypiques et toujours impressionnantes : certaines d’entre elles peuvent atteindre des âges véritablement canoniques (e.g. un spécimen du zoo du Caire est mort à l’âge de 260 ans !). Elles pèsent en moyenne 50 kg pour les femelles qui sont plus petites que les mâles, mais jusqu’à 250 kg pour certains males! Soit l’équivalent de 1250 tablettes de chocolat… pour utiliser une unité de mesure chère à la Suisse !

Bosquet de mancenilliers (Hippomane mancinella)

Puisque nous sommes dans l’alimentaire, parlons de ce qu’elles mangent. Les tortues se nourrissent principalement d’herbe fraiche et de fruits.

Tortue géante des Galapagos qui mange de la goyave.

Parmi la variété des fruits qu’elles consomment, on trouve aussi bien le fruit du mancenillier[1]   qui serait un poison mortel pour les êtres humains, mais aussi des fruits succulents, tels que les goyaves.

Une caractéristique moins connue, mais qui je pense est la plus étonnante chez ces reptiles est le bruit que produisent les tortues géantes terrestres lorsque elles sont effrayées ou surprises. Les tortues géantes des Galápagos partagent, du reste, cette caractéristique avec celles des Seychelles : elles émettent un son pour le moins particulier, qui ressemble à celui d’un ballon qui se dégonfle brutalement. Pour la petite anecdote, lorsque j’étais il y a plusieurs années, avec ma famille aux Seychelles sur le chemin de la plage nous avons entendus ce son. Mes parents ont d’abord pensé que c’était nos bouées jusqu’à ce qu’on voit les tortues des alentours émettre le même son.

Bien entendu cette fois, je ne finirai pas cet article en vous proposant une recette de cuisine en lien avec ce que je vous ai décrit. Donc, rassurez-vous, pas de recette de tortues à la sauce vanille ou de l’iguane au barbecue, car c’est interdit… bien évidement.

[1] Le mancenillier est un petit arbre très toxique des régions équatoriales d’Amérique faisant parti de la famille des Euphorbiacées. Il est toxique de toutes parts, son bois, sa sève, ses fruits et même ses feuilles. En cas de pluie, toutes les gouttes qui entrent en contact avec son feuillage ou avec ses branches deviennent toxiques. Ce qui donne de la pluie toxique. Son contact avec la peau peut provoquer de fortes irritations et brulures.

Les bananes : un régal sucré ou salé

Je vous propose aujourd’hui, de venir voyager avec moi à travers ce petit article dédié à un fruit très populaire partout dans le monde :la banane….ou plutôt, devrais-je dire « les bananes ».

Bananier avec son régime de bananes

En effet, il existe plus de 1400 espèces de bananes, mais sur les étalages européens la variété n’est guère au rendez-vous. Ce manque de diversité est lié à la fragilité de ce fruit. Cependant, il existe désormais des bananes jaunes, vertes, rose, violettes, orange, rondes, longues, rondes, courtes, avec ou sans graines, … et j’en passe. Les formes sauvages (Musa acuminata et Musa balbisiana), dont dérivent toutes les formes cultives,, se rencontrent encore en Malaisie. Leur domestication date de plusieurs siècles avant notre ère. Toutefois, les européens ont du faire preuve de patience pour apprécier à leur tour les saveurs de ce fruit (introduction en Europe probablement au XVIIe siècle).

Une première chose à savoir au sujet du bananier est qu’il ne s’agit  pas d’un « vrai » arbre. Je m’explique : les bananiers appartiennent à la famille des monocotylédones (comme l’herbe, les orchidées ou encore les cocotiers). Certaines espèces de bananiers peuvent atteindre jusqu’aux 15 mètres de hauteur. Bien qu’il soit d’une taille imposante, les bananiers que l’on peut voir dans la nature, ne dépassent en général pas  7-8 mètres de hauteur, et souvent moins.

Régime de banane avec son bourgeon (en mauve)

Un deuxième élément important est que cet « arbre » est stérile.  Les agriculteurs doivent donc replanter à chaque fois des bananiers après qu’ils aient produits. Cependant, le bananier produit parfois un nouveau pied qui pousse à coté de celui-ci. Le bananier a des fleurs blanches regroupées dans l’unique bourgeon mauve que produit celui-ci.  Il possède de très grandes feuilles, qui mesurent facilement 3 mètres de longueur. Ces grandes feuilles ont, du reste, souvent trouvé des utilisations spécifiques, que ce soit pour la décoration ou encore pour la conservation d’aliments.

Bananes « fe’i » sur les hauteurs de Nuku Hiva dans l’archipel des Marquises. Le régime de bananes se trouve au centre du feuillage (orienté vers le haut).

De toutes les espèces de bananes, la banane plantain (Musa paradisiaca)est l’une des plus spéciales pour moi. Il s’agit de la seule banane qui se mange comme un légume, c’est-à-dire aprés cuisson. La particularité de la banane plantain ne se limite pas à son utilisation dans la cuisine : Elle pousse en montagne et son régime se dresse droit vers le ciel (contrairement aux autres espèces dont le régime est orienté vers le sol). A Tahiti et dans d’autres îles hautes de Polynésie française, on peut retrouver les bananes plantains sous le nom de bananes « fe’i » (le « e » se prononce « é »). Elles sont très utilisées dans la cuisine locale.

 

A Tahiti, il suffit de regarder au bord  de la route, pour voir des gens qui vendent des bananes de toutes sortes. Il y a des espèces pour toutes les préparations. Parmi les plus populaires, on peut citer les bananes séchées. Il s’agit d’une préparation où l’on fait sécher des bananes dans des feuilles de bananier pour que leur goût soit renforcé sans qu’elles s’abiment.

Régime de bananes mauves sur un étal du marché de Papeete

Il y a aussi les bananes mauves, celles-ci se rapprochent un peu du gout de la banane plantain quand elle est cuite, mais elles restent cependant plus sucrée.

Enfin, comme je l’ai fait dans mes articles précédents consacrés aux fruits et légumes, je vous propose une petite recette originale qui met en valeur les bananes :

Un curry de poulet aux bananes

Pour réaliser cette recette il vous faudra :    

·       400g de blancs de poulet

·       1 oignon

·       1 banane

·       1 c. à café de curry

·       1 yaourt bulgare

·       2 gousses d’ail

·       1 c. à soupe  d’huile d’olive

·       Poivre

Préparation :

– Détaillez les blancs de poulet un cubes.

– Après avoir pelé la banane, découpez celle-ci en rondelles.

– Pelez l’oignon et les gousses d’ail, puis hachez-les.

– Faites chauffer de l’huile dans une poêle.

– Faites dorer l’ail et l’oignon pendant 10 minutes.

– Incorporez ensuite les cubes de poulet. Poivrez et laissez cuire pendant 10 minutes environ.

– Saupoudrez de curry. Laissez mijoter 5 minutes en remuant de temps en temps.

– Incorporez ensuite le yaourt bulgare et laissez cuire 2 minutes.

– Saupoudrez de curry. Laissez mijoter 5 minutes en remuant de temps en temps.

– Ajoutez les rondelles de banane, prolongez la cuisson encore 1 minutes.

– Servez bien chaud.

Et pour accompagner ce plat je vous conseille le riz ou les pattes. C’est une recette pour 4 personnes.

Bon appétit !

 

 

Le roi des fruits

Bonjour, dans cet article je vais vous parler d’un des fruits tropicaux par excellence. Considéré parfois comme le roi des fruits, sans doute à cause de sa couronne de feuilles et de sa chair dorée, il s’agit bien sûr de l’ananas.

L’ananas est un fruit faisant partie de la famille des Bromeliaceae, originaire du Brésil et de l’Amérique centrale. Christophe Colomb l’aurait découvert lors de son second voyage aux Amériques, mais l’ananas était déjà cultivé bien avant son arrivée. Le nom « ananas » viendrait de l’indien « nana nana » qui signifie parfum des parfums (…tout un programme !).

Inflorescence d’un plant d’ananas

Le nom tahitien est « painapo » (qui se prononce « Pa i napo »), un mot qui dérive sans doute de l’anglais « pineapple ». En effet,  contrairement à ce que l’on pourrait penser l’ananas n’est arrivé que tardivement dans le Pacifique (vers 1790 à Hawai) avant de gagner du terrain et d’atteindre notamment la Polynésie française..

La variété cultivée en Polynésie, et plus particulièrement sur l’ile de Moorea, est le « Queen Tahiti » (Ananas comosus). Cette espèce est reconnue à travers le monde pour sa texture exceptionnelle et pour son goût unique. C’est une plante herbacée qui peut atteindre les 1,50m en tous sens. La floraison ne dure qu’une journée, les petites fleurs violacées sont très éphémères et sensibles au climat.

Une des terrasse où sont cultivés les ananas

L’ananas est un fruit délicieux, mais il peut cacher derrière son goût sucré des pesticides. Et oui, ces substances chimiques sont employées parfois par les agriculteurs en grandes quantités  pour que leurs fruits soient protégés contres toutes sortes de parasites ou de maladies. Le cœur est la partie contenant le plus de pesticide. Il est donc recommandé de ne pas le consommer.

Ceci étant dit, l’ananas peut être transformé et consommé sous une multitude de formes différentes. La forme qui est, je pense, la plus étonnante est le « blanc sec » d’ananas, créé en 2007 par la société « Manutea juice factory & distillery » (importante entreprise de vente de jus de fruits en Polynésie française)  Bien entendu cette boisson alcoolisée n’est pas considérée comme un vin car elle est à base d’ananas et non de raisins.

Comme pour la vanille, l’ananas peut se retrouver dans différents plats sucrés et salés. Par exemple dans certaines pizzas, ou encore cuisiné avec des fruits de mer. Pour les plus gourmets d’entre vous j’ai choisi la recette des coquilles Saint-Jacques à l’ananas, qui je trouve, illustre avec finesse l’ananas dans des plats salés. C’est aussi, pour moi l’occasion de rendre  un petit hommage à ma grand-mère, qui était vraiment une experte pour réaliser ce plat.

Ingrédients : (pour 4 personnes)

  • 1 ananas
  • Coquilles Saint-Jacques (en prévoir 4-5 par personne). Préférer le genre Pecten à Argopecten.
  • Poivre & sel
  • Beurre
  • 250g de tomates pelées ou tomates fraiches pour faire un coulis.

Préparation :

Pour le coulis

Dans une casserole, faire revenir les tomates avec un peu d’huile. Ajouter un peu d’eau lorsque cela attache, puis mettre à feu doux et laisser réduire jusqu’à l’obtention d’un coulis. Une petite pointe d’ail peut être ajoutée avec les tomates.

Pour les coquilles St Jacques

  • Mettre un peu de beurre dans une poêle ainsi que les coquilles Saint-Jacques
  • Les faire revenir pendant 5 à 10 minutes puis réserver

Pour l’ananas

  • Sur une planche, coupez l’ananas en tranche
  • Mettez-le à dorer dans la poêle avec le jus des coquilles, avec un peu de beurre
  • Faites le revenir jusqu’à ce qu’il caramélise
  • Une fois que l’ananas a caramélisé et réduit rajoutez les Saint-Jacques dans la poêle pendant 2 à 3 minutes.
  • Disposer les tranches d’ananas au fond d’un plat avec des bords haut, et sur les bords. Ajouter les coquilles St jacques au milieu et recouvrir du coulis de tomates. Décorer avec une ou 2 rondelles d’ananas par dessus.
  • Mettre au four durant 5-10 min.
  • A déguster un peu tiède

Ce plat s’accompagne très bien d’un bon petit vin blanc sec (enfin ça, c’est d’après mes parents…).
Voila, …à vos fourneaux !

Ono’u festival : Tahiti livrée aux tagueurs

 

La Polynésie française est surtout réputée pour son environnement naturel (plages, cocotiers, etc.). Même si celui-ci est exceptionnel, il ne doit pas faire oublier beaucoup d’autres particularités remarquables de ce pays. Les polynésiens eux même, leur longue histoire et leur culture ancestrale méritent un intérêt particulier sur lequel je reviendrais plus en détail dans de prochains articles.

œuvre réalisé en 2016

Aujourd’hui, j’ai souhaité vous parler d’un évènement culturel récent qui anime et embellit les rues de plusieurs localités sur les îles de  Tahiti et Raiatea.  Il s’agit d’un festival de graffitis appelé Ono’u (le « u » se prononce « ou »). Rassurez-vous,  je ne vais pas vous parler des “tags” que l’on voit trop souvent sur les murs des villes et sur les devantures de magasins, mais bien d’œuvres d’arts qui fleurissent chaque octobre à Tahiti et Raiatea. En effet, depuis 2014, durant une semaine environ, des artistes du monde entier viennent se confronter à l’aide de leurs bombes de peinture et de leur talent pour remporter le prix du meilleur graffeur de l’année. L’Ono’u festival a pour but d’embellir les vieilles façades en leur donnant une nouvelle vie, grâce aux talents d’artistes peintres, appelés graffeurs. Ainsi, après une courte période où tous les regards se tournent vers les graffeurs à l’œuvre, une sorte de « chasse au trésor » commence pour essayer de trouver les façades où ont fleuri des fresques.

Le mot « Ono’u » en tahitien signifie littéralement « la rencontre des couleurs » et il faut reconnaitre que le terme a été bien choisit lorsqu’on constate le résultat sur les murs concernés. Ce concours permet ainsi de donner une nouvelle jeunesse à des façades dégradées par le temps, dans un style urbain et contemporain. Le festival Ono’u représente aussi une belle opportunité pour les artistes locaux de se faire connaitre à l’international.

Cette année, grâce au talent de julien Morzel une œuvre a pris vie à la tombée de la nuit, grâce à la technique du « Mapping ».

Fresque réalisée durant l’édition de 2017 qui a pris vie grâce au mapping

Il faut savoir que ce festival n’accueille plus seulement des graffeurs, mais aussi des sculpteurs et d’autres artistes. Le festival prend de plus en plus d’ampleur au fil des années. Il y a même un musée, qui a récemment ouvert ses portes, où l’on retrouve des photos des œuvres, les sculptures réalisées durant les différents festivals, ainsi que des textiles qui ont étés intégrés au concours récemment.

ONO’U Museum of street art

Pour des informations plus détaillées sur le sujet je vous invite à consulter le site officiel :http://tahitifestivalgraffiti.com/

…mais le mieux c’est que vous veniez constater directement, par vous même, le résultat si vous passez par un des îles concernées.

 

L’autre vanille.

La Polynésie est un pays où poussent de multiples fleurs et de nombreux fruits dont je vous parlerai au gré de mes prochains articles. Pour mon premier article sur ce thème, j’ai choisi d’évoquer la très réputée vanille de Tahiti.

La vanille n’est toutefois pas originaire de Tahiti. Les premières descriptions et utilisations de cette plante semblent provenir d’Amérique latine, en particulier du Mexique. D’un point de vue botanique, la vanille est une monocotylédone, de la famille des orchidées. Contrairement à beaucoup d’autres orchidées qui font le bonheur des amateurs de plantes d’ornement, celle-ci produit des petites fleurs d’un intérêt esthétique limité.

Inflorescence d’un plan de vanille de Tahiti.

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La vanille est une liane grimpante. Elle s’accroche aux arbres à l’aide de ses racines pour avoir de meilleures conditions de luminosité. Il ne s’agit toutefois pas d’une plante parasite mais bien d’une épiphyte (i.e. plante qui se sert d’un autre arbre comme support pour pousser [1]).

Deux plantes de vanille grimpant, chacune le long d’un arbre

Je parle ici « de la vanille », mais il serait plus juste de parler « des vanilles ». En effet, plus de 110 espèces de vanille ont été répertoriées jusqu’à ce jour. Toutefois, en dépit de cette grande diversité, la culture commerciale repose essentiellement sur 2 espèces :

  • La vanille dite de Madagascar (Vanilla planifolia), qui est sans doute la plus connue, en tous cas il s’agit de l’espèce la plus vendue (cf. photo ci-dessus, prise sur l’île de Curieuse aux Seychelles).
  • La vanille de Tahiti (Vanilla tahitentis) d’une production plus confidentielle, mais qui est souvent considérée comme la meilleure vanille au monde pour son goût à la fois subtil et complexe.

Souvent cultivée sous une ombrière à cause de sa sensibilité au soleil, on trouve quelques vanilleraies à Tahiti. Cependant, en dépit de son appellation de « vanille de Tahiti », la majeure partie de la production provient d’autres îles hautes de Polynésie française, au premier rang desquelles on trouve l’île de Tahaa (encerclée en rouge dans la carte ci-dessous). Tahaa, parfois surnommée « l’île de la vanille », est une magnifique île haute qui fait partie de l’archipel des îles du vent (à proximité de Raiatea et non loin de la très touristique Bora-Bora).

La vanille est utilisée dans plusieurs domaines (médecine, parfumerie, cuisine), mais c’est bien pour la cuisine que la vanille de Tahiti revêt tout son intérêt à mes yeux. A ce propos, sachez que si la plupart des personnes associent la vanille à un dessert (ex : une glace) cette épice s’avère excellente dans des préparations salées. Pour vous en convaincre, je propose aux plus gourmets d’entre vous une recette de sauce à la vanille qui se marie très bien avec un poisson. En Polynésie, et plus largement en milieu tropical, je vous recommanderai d’utiliser une dorade coryphène (aussi connue sous le nom de « mahi mahi »). En Suisse, il sera sans doute plus facile d’essayer cette recette avec du saumon ou du thon.

 

Recette du fameux « mahi mahi ».

Ingrédients :

  • 2 gousses de vanille de Tahiti
  • 4 c.à.s. de crème entière
  • Sel
  • Poivre

Préparation de la sauce :

  • Dans une casserole, mettez la crème fraiche, le sel et le poivre.
  • Prenez vos gousses de vanille et faite une entaille dans le sens de la longueur.
  • A l’aide du dos de votre couteau, enlevez les grains et mettez-les dans votre casserole
  • A présent, faites chauffer à feu très doux votre préparation pour que tous les ingrédients s’incorporent bien.
  • Une fois que tout est bien homogène, mettez les gousses de vanilles que vous avez précédemment vidées dans la casserole.
  • Attendre encore 5 à 10 minutes pour que les gousses s’infusent bien.
  • Servir chaud.

Encore deux conseils :

  1. le poisson peut être préparé de diverses manières, mais je conseille une cuisson en papillote pour ceux d’entre vous qui opteraient pour du saumon.
  2. : Après avoir fini la préparation, laissez les gousses dans la sauce afin d’en renforcer le goût

[1] En réalité les spécialistes parlent ici d’une plante hémiépiphyte secondaire. Les hémiépiphyte sont des plantes qui passent une partie de leur vie à être épiphytes. On distingue deux sortes de plantes hémiépiphytes. Les hémiépiphytes primaires, qui germent dans la canopée, poussent vers le bas jusqu’à rencontrer le sol où elles vont s’ancrer. Les hémiépiphytes secondaires parcourent le chemin inverse, germent sur le sol, puis à l’aide de leurs racines montent le long d’un arbre vers la canopée.

 

Nager avec les baleines

Tous les ans, de juin à septembre, certains grands mammifères viennent se reproduire et mettre bas dans les eaux chaudes de la Polynésie Française. Pendant cette période,  vous pouvez nager avec des baleines à bosses (Megaptera novaeangliae) et si vous êtes chanceux voir des cachalots, des orques et des globicéphales.

Snorkeling avec une baleine et son baleineau

Le rorqual à bosse, plus communément appelé baleine à bosse, est un cétacé mysticète (i.e. qui possède des fanons) mesurant en moyenne 12 mètres et faisant entre 25 à 35 tonnes à l’âge adulte. A la naissance les baleineaux pèsent déjà environ 1,3 tonnes et mesurent entre 4 à 5 mètres (beaux bébés !). Dès la naissance du baleineau, sa mère va le nourrir avec un lait très nutritif qui va lui constituer une réserve de graisse pour le long voyage qui l’attend. Durant l’été européen les baleines à bosses Polynésiennes migrent en Antarctique pour se nourrir et prendre des forces pour le long voyage de 6 000 km qui les mènera en Polynésie. Il faut savoir que la Polynésie Française est l’un des derniers endroits au monde où il est possible nager avec des baleines. Elles vont, alors passer tout l’été à former leurs réserves de graisses à l’aide des nutriments que leur apporte le krill.

Accumulation de Krill près des pôles

Le Krill constitue, en effet, la principale nourriture des baleines. L’été, la fonte des glaces produit une eau saumâtre qui favorise la multiplication du phytoplancton[1] (bloom planctonique). Ce phénomène est synchronisé avec l’éclosion du krill et l’arrivée des baleines. Toutefois le réchauffement climatique menace les baleines indirectement. Si la glace fond plus tôt dans la saison, alors le bloom planctonique se produira avant l’éclosion du krill, qui ne pourra pas se nourrir car le phytoplancton aura coulé au fond de l’eau. Donc, les baleines n’auront quasiment plus rien à manger.

Je vais, pour ma part vous parler du cas Polynésien. Pendant à peu près tout l’automne européen les baleines à bosse vont se reproduire et  mettre bas. Pour séduire les femelles, les mâles vont chanter. Chaque individu chante un chant différent. Parlons un peu du « Whale watching ». Le « Whale watching » est une activité qui consiste à aller en bateau voir des baleines et parfois nager avec celles-ci. Souvent quant une ou plusieurs baleines sont repérées, il y a un attroupement de bateaux (une bonne dizaine) qui peut déranger les baleines. A Tahiti, il est possible de nager avec des baleines. Sur Moorea, l’île voisine de Tahiti, qui est beaucoup moins urbanisée vos chances sont plus grandes. Voici quelques photos de baleines à bosses prises à Moorea lors d’excursions que j’ai faites.

 

 

[1] Le phytoplancton est un plancton végétal dont se nourrit le krill.