Genève Shenzhen: on peut rèver

 

 

Le défi que la Chine représente pour l’Occident n’est pas seulement économique. A long terme un des enjeux est la capacité d’une société de mette sa technique au service de l’humain et plus spécifiquement de la mobilité. En effet le transport physique des choses et des gens est un des piliers de notre société et conditionne de façon substantielle l’usage que l’humanité fait du sol de notre planète. Or cet usage est de plus en plus à caractère urbaine.

Toujours plus de villes

On estime qu’en 2050 deux tiers de la population mondiale, c’est à dire quelque 6 milliard d’habitants vivra dans de villes. Si cette tendance des humains à se grouper dans des centres urbains est un phénomène mondial, la Chine en est en première ligne.

En 1980 18 % de la population chinoise habitait dans des villes. En 2020 ce taux est monté a 58 %. En 2025 le pays prévoit d’avoir 23 villes de plus de 5 millions d’habitants dont 8 de plus de 10 millions. Pour assurer leur existence ces villes ont besoin de ressources, quelles soient humaines ou matérielles. Or ces ressources doivent par définition être transportées là ou leur besoin se fait sentir. Vu la dimension des villes, gérer la mobilité qui prévaut à leur existence est équivalent à la gestion d’une partie de la planète ; une science où la Chine est en train de montrer la voie.

Les villes du futur

Pour gérer les villes du futur le gouvernement chinois créa en 1999 le Centre National pour le Transport Intelligent. (CNTI)

La motivation principale pour le création de ce centre découle du fait que les autorités chinoises étaient arrivées à la conclusion que pour garantir aux habitants un minimum de qualité de vie, les villes, que ce soit celles du passé comme celles   du futur, ne pouvaient tout simplement pas être gérées avec des protocoles traditionnels. Mais dans cette perspective on ne pouvait pas dissocier la ville d’aujourd’hui de la ville de demain car cette dernière ne sera que la continuation et l’expansion de la ville d’aujourd’hui. Il fallait donc prendre la ville d’aujourd’hui comme point de départ et  reconcevoir la façon dont elle s’articulait sur elle-même au niveau de la mobilité en intégrant dans un même libellé l’individu, c’est à dire l’usager des moyens de transport, le moyen de transport, c’est à dire le véhicule, et enfin l’espace, c’est à dire les rues disponibles. Or cette intégration exige que l’on recueille  simultanément un tel nombre de données  que les technologies traditionnelles ne sont plus en mesure de les traiter.

La ville intélligente

Pour promouvoir ce qui fut qualifié de « ville intelligente » ou « City Brain », le CNTI créa trois projets pilotes  dont le plus grand, Shenzhen, fut attribué à Huawei.

Il y a 40 ans Shenzhen était un village de pêcheurs à la frontière de Hong Kong. Aujourd’hui c’est une métropole de 21 millions d’habitants qui, avec 530 voitures par kilomètre de route, détient le record de la  plus grande densité de voitures  pour une ville chinoise.

Transformer Shenzhen en « ville Intelligente » exigeait d’abord que, conceptuellement, on intègre transport routier, transport aérien et transport par chemin de fer. Ainsi, les accès aux aérogares et aux gares de chemin de fer devaient être intégrés au transport par route.

Huawei à la rescousse

Ce principe étant acquis, Huawei fut mandaté pour créer un système intelligent de gestion du trafic intégrant le Cloud Computing, l’Intelligence Artificielle, et le Big Data,  le tout opérant en temps réel.

Ce système, comprenait trois composantes : l’entrée des données, leur traitement et enfin leur gestion. Afin de recueillir les données Shenzhen fut  recouvert d’un réseau  de caméras qui scannaient en permanence l’ensemble du réseau routier. Or la quantité de   des données  produites était telle  qu’il n’existait aucun système capable à la fois de les gérer en temps réel et de produire une solution immédiate. Huawei fut donc amené à créer un « trafic brain », c’est à dire une plateforme intelligente qui pouvait non seulement intégrer les données soumise par quelques 20 000 cameras  de surveillance mais aussi s’en servir pour gérer en fonction du trafic et en temps réel l’ensemble du réseau des feux de circulation.

Des feux de circulation qui pensent

Le résultat sur le plan pratique, c’est que les feux sont désormais  gérés en fonction des réalités du trafic. Ainsi, par exemple, à un carrefour les feux passent au rouge sur la voie principale uniquement s’il y a des voitures en attente sur les voies latérales. Et quant à la durée des feux, rouges ou verts, elle est déterminée par les conditions de trafic.

Shenzhen n’est pas le seul exemple de « City Brain ». En 2016 Alibaba obtint le mandat de réaliser de toute urgence un avant-projet pour le ville de Hangzhou qui était la plus embouteillée de Chine. En un an Hangzhou passa de la première place à la quarante-huitième au niveau des embouteillages en Chine.

Si Shenzhen est encore en partie à l’état de projet, le concept n’est pas passé inaperçu sur le plan mondial. En 2013 l’Allemagne a signé un « Partenariat pour l’Urbanisation » avec la Chine et en 2018 la ville de  Duisburg et Huawei ont signé un accord pour la création d’un écosystème comprenant une « Ville Intelligente » dont le trafic intégrerait des voitures autonomes dans un « City Brain » basé sur le Cloud.

Et Genève ?

Et Genève ? Celle qui se présente comme la plus grande des petites villes est la ville de Suisse la plus embouteillée où l’on circule moins bien que dans des métropoles comme Hong Kong, Singapore ou Wuhan. Une ville dont les habitants perdent en moyenne 18 jours par an bloqués dans des embouteillages. Imaginons le boulevard des Tranchées au croisement de la rue de l’Athénée. Les feux sont au rouge pour laisser passer les voitures venant de la rue de l’Athénée. Rien de bouge et pourtant sur la rue de l’Athénée pas une voiture…multipliez l’exemple par cent. Shenzhen est bien loin. On peut rêver.

Israel et les Arabes: une dialectique sans réponse ?

On ignore l’origine de la fable, mais elle est bien connue en Egypte. C’est l’histoire du scorpion qui voulait traverser le Nile. Malheureusement il ne savait pas nager. Il rendit donc visite à la grenouille pour lui demander si elle le laisserait monter sur son dos et si elle serait d’accord de le transporter vers l’autre rive du fleuve.

« Il n’en est pas question » répondit la grenouille «  si je te laisse monter sur mon dos tu vas me piquer ». « Réfléchis » répondit le scorpion «  si je te pique durant la traversée tu vas certes mourir mais moi aussi car je vais me noyer. »

Après avoir longtemps réfléchit, la grenouille en conclut que le raisonnement du scorpion se tenait. Elle l’autorisa donc à monter sur son dos et entreprit de traverser le fleuve. Arrivés à mi-course, le scorpion soudainement piqua la grenouille. Alors que les deux agonisaient, la grenouille, dans un dernier souffle demanda au scorpion « pourquoi as-tu fait cela. Est-ce que nous méritions vraiment cette punition ? «  «  Oui «   répondit le scorpions «  nous la méritions car nous avons oublié, toi et moi, que nous sommes au Moyen Orient. »

 

LE MOYEN ORIENT

 

Le Moyen Orient. Peu de régions du monde ont fait l’objet d’autant de partages territoriaux, de promesses contradictoire, d’espoirs trahis, de rêves inassouvis, de traités éphémères et d’ambitions déçues.

L’irruption du Sionisme dans ce maelstrom a été un détonateur de plus dans une poudrière. Le mouvement Sioniste vit le jour en Europe Centrale essentiellement en réaction à l’antisémitisme et se donna comme mission de promouvoir l’équivalent d’un état juif dans ce qui était alors la Palestine sous domination Ottomane

La chute e l’empire Ottoman vit la Palestine passer sous mandat Britannique. Il appartenait désormais à Londres   de gérer une immigration Juive certes  contenue mais constante et qui  fut  perçue par les Arabes Palestiniens comme une forme d’invasion de la part d’Européens. Pour les Juifs, en revanche,  c’était le retour à la Terre Promise.

La défaite du troisième Reich comme les révélations de l’Holocauste accéléra une immigration que les anglais n’arrivaient plus à contrôler.

 

PRTAGE REFUSE

 

Les deux communautés – Palestiniens Juifs et Palestiniens Arabes étant a couteux tirés et en l’absence to toute espoir d’accord l’ONU décida, le 29 novembre 1947  de partager la Palestine en deux comprenant une zone Arabe et  une zone Juive avec Jérusalem sous contrôle international.

La partition fur acceptée comme un moindre mal par les palestiniens Juifs et rejetée catégoriquement par l’ensemble du monde  arabe. Le 15 mai 1948 le mandat Britannique sur la Palestine prit fin  et  les palestiniens Juifs proclamèrent l’état  d’Israël. El le même jour les armées de cinque pays arabes partirent á  l’assaut du nouvel état.

Dans un autre contexte la question aurait été « pourquoi ». Que la division de la Palestine ait put poser un problème pour les Palestiniens Arabes était concevable. Mais en revanche elle n’affectait en rien les intérêts ou la sécurité des pays arabes tels que l’Egypte, l’Arabie Saoudite ou même la Syrie. Leur détermination, selon l’expression en cours de « jeter les Juifs à la mer » ne relevait donc pas d’un calcul géopolitique. De même, en ce qui concernait le plan de partage de l’ONU, si celui-ci allouait aux Juifs Palestiniens un territoire proportionnellement plus grand par rapport à leur population que celui alloué aux Arabes Palestiniens, le différend n’était pas là. Ce  qui était en cause ce  n’était pas tant  le tracé du plan de partage ; c’était  le concept même du partage. En d’autres termes le conflit n’était pas territorial mais existentiel.

 

PAS DE COMPROMIS

 

Dans un autre contexte il est possible que les parties en présence auraient accepté un compromis. Mais dans la partie du monde qui avait été le berceau de trois grandes religions la notion de compromis n’était pas à l’ordre du jour ; ce fut donc une véritable déferlante venue du monde Arabe qui fit marche ver le nouvel état.

Le dos au mur, sans possibilité de retrait et avec en arrière plan la mémoire de l’Holocauste, les israéliens se battirent avec l’énergie du désespoir. Confrontés à des armées arabes mieux armées mais peu motivées et mal commandées non seulement ils réussirent à préserver les territoires qui leur avaient été alloués par le plan de partage mais les agrandirent et lorsque un armistice fut signé en février 1949 ils ne les avaient pas seulement presque doublés mais avaient aussi conquis une partie de Jérusalem.

 

OCCASIONS PERDUES

 

Ni le plan de partage de 1947, ne la ligne d’armistice de 1949 ne changèrent le fond du problème. Sur le papier chaque partie avait  un territoire et donc par définition le potentiel de créer un  état. Ainsi la logique, pour ne pas dire une appréciation rationnelle  des rapports de forces entres parties au conflit,  laisserait croire qu’en 1947 et en  1949 deux occasions pour arriver a une solution négociée furent perdues. En fait elle n’étaient pas perçues comme telles Car si l’aspiration á la « terre promise » de la part des Juifs Palestiniens était un acte de foi susceptible de se concrétiser en une solution territoriale, la négation de cette aspiration par ce qui passait pour le « Monde Arabe » était lui aussi un acte de foi qui n’était pas sujet a négociation.

 

TROIS NON

 

Le résultat, du coté Arabe, fut la politique des « trois non ». Pas de paix, pas de reconnaissance, pas de négociation. Si la guerre des six jours de 1976  marqua l’apogée de la force militaire d’Israël, et la guerre du Kippour de 1973 ses limites, la problématique de base resta la même avec une épine de plus ; la question des refugiés palestiniens.

 

REFUGIES

 

Suite à la création de l’état d’Israël quelques 720 000 Arabes Palestiniens cherchèrent refuge dans les pays arabes environnants. Si les évènements qui en firent des réfugies sont encore sujet a polémique, la crise humanitaire qui en découla était bien réelle et méritait une intervention d’urgence.

Cree en décembre 1949 l’UNRWA avait comme mission de pourvoir aux besoins des réfugiés Palestiniens dans l’attente d’une solution. Or celle-ci  se limitait à deux options. Soit le retour dans leurs lieux d’origine désormais en Israël, soit leur réinstallation dans les pays Arabes. Israël refusant de les reprendre et les pays Arabes refusant de les réinstaller, la création de l’UNRWA satisfaisait tout le monde. Soixante-dix ans plus tard, ce qui avait été une solution, en principe temporaire, était devenu une partie du problème.

La clé de voute du système UNRWA tient au fait que le statut de réfugié Palestinien s’hérite sans limite de temps selon la ligne patriline. Ainsi, quand le fils d’un réfugié – mais pas la fille- se marie, ses enfants sont des « réfugiés » et cela de génération en génération. Le résultat c’est que si parmi les  réfugiées de 1949 seulement quelques 40 000 sont encore en vie, le nombre total de refugies palestiniens comptabilisés par l’UNRWA aujourd’hui se chiffre a environs 5 millions et ne cesse de croitre.

 

UN AUTOGOAL

 

Tout comme le refus de reconnaître le plan de partage de la Palestine de 1947,  parquer les Palestiniens dans des camps et refuser de les intégrer afin de s’en servir comme instrument de pression contre Israël se révéla pour le monde Arabe  un monumental auto-goal. Avec les années les camps devinrent des havres de désespoir et les premiers incubateurs d’un terrorisme qui perdure jusqu’à nos jours.

Après avoir cherché à renverser le gouvernement Jordanien et imposé leur présence au sud-Liban, les palestiniens se retrouvent comme une communauté marginalisée dont les états Arabes se passeraient bien. Une méfiance exacerbée par l’appui Palestinien à Saddam Hussein lorsqu’il envahit le Koweït en 1991 et qui résulta dans l’expulsion de 200 000 palestiniens du Koweït lorsque ce dernier retrouva son indépendance.

Avec les passage des années et la pérennisation de l’implantation  Israélienne dans les territoires occupés les rôles ont permuté. A l’origine l’exigence des dirigeants Palestiniens était « un état, partie intégrante de la nation Arabe ». Aujourd’hui le camp de la partition est désormais Arabe et ce sont les extrémistes Israéliens qui s’y opposent. Et suite à la reconnaissance d’Israel non seulement par l’Egypte et  la Jordanie  mais aussi par les Emirats  Arabes et Bahreïn, la  « cause palestinienne » ne fait plus recette.

 

VICTIMES

 

Si la parenthèse est loin d’être fermée, les dégâts, à ce jour sont considérables et le nombre des  victimes de même.

D’abord les Palestiniens ; victimes d’un processus historique qui les dépassaient,, victimes du refus du plan de partage de 1947, victimes du refus de bâtir un état selon la ligne d’armistice de 1949, victimes de leur instrumentalisation par leurs frères Arabes, victimes enfin de leur rêve d’un « retour »illusoire et d’une réalité certes injuste mais qui, tout comme les Allemands des Sudètes, les Français d’Algérie, les Rohingas, les Chinois du Vietnam, les Indiens d’Ouganda pour ne pas dire toutes les communautés Juives Sépharades du monde Arabe,  les condamnent à refaire leur vie ailleurs.

 

QUEL AVENIR ?

 

Ce refus de voir la réalité amène à deux autres interrogations ;

Premièrement, vue le taux de natalité de la population Arabe, l’annexion de territoires palestiniens par Israël, plutôt que la création d’un Etat palestinien indépendant constitue-t’il une bombe à retardement pour l’état Juif ? De même, considérant la politisation accrue de la société Israelienne entre ultra-orthodoxe qui ne payent pas d’impôts et ne servent pas dans l’armée, expansionnistes fanatiques, laïques et autres, dans quelle mesure la fin potentielle de la  menace Arabe  priverait le pays du sens de danger partagé qui contribue à son unité ? Avec Hamas qui contrôle Gaza et qui a pour seul objectif l’éradication de l’état  Juif ce jour n’est pas prêt d’arriver. Pour le moment, du moins.

C’est dire que dans un monde ou aucun des antagonistes en présence n’as  jusqu’á aujourd’hui manqué une occasion de manquer une occasion, le jour ou le scorpion pourra monter sur le dos de la grenouille pour ainsi traverser sereinement le Nile n’est pas pour demain.

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L’Europe et ses migrants

Il n’est pas rare de voir dans les médias, pour ne pas dire dans le langage de certaines ONG ou de personnalités politiques un même groupe qualifié successivement de « réfugiés », de « demandeurs d’asile » et de « migrants ».

Confusion

Si la confusion qui en découle est souvent instrumentalisée, pour ne pas dire politisée, elle est aussi la conséquence d’une situation qui échappe parfois à des définitions précises. Ainsi il est acquis qu’un « réfugié » est une personne qui fuit une persécution pour des raisons politiques, ethniques ou religieuses ou, accessoirement une situation de guerre.

Sauf dans des cas de déplacements massifs lors d’une guerre, un réfugié est d’abord un « demandeur d’asile » à savoir une personne qui s’estime persécutée dans son pays d’origine, qui se trouve à l’étranger et qui demande à être reconnue comme « réfugié ».

Si la demande de statut de réfugié est considérée comme justifiée le « demandeur d’asile » est qualifié de « réfugié ». Si elle ne l’est pas il est qualifié de « débouté » et doit en principe retourner dans son pays d’origine.

Qui est un réfugié ?

En fait, être reconnut comme « réfugié » ne donne à la personne concernée qu’un seul droit. Le droit de ne pas etre renvoyé dans un pays ou elle serait persecuté. En effet aucun état n’est tenu de lui donner un asile permanent.

Et un migrant

Enfin un « migrant » est une personne qui cherche à émigrer pour des raisons autres qu’une persécution personnelle ou un état de violence assimilable à une guerre.

Si sur le papier la problématique est simple. En réalité elle est autrement plus complexe. Ainsi le critère de « persécution » est pour le moins sujet a controverse. Les Conventions font état de raisons politiques, ethniques ou religieuses.

Femmes mutilées

Or on estime que, en Afrique, quelque 120 million de femmes sont victimes de mutilations génitales. Est-ce une « persécution » ? Aucune convention ne se prononce sur le sujet mais la Suède a accordé l’asile à une Soudanaise qui avait fait état du fait que si elle serait rapatriée elle serait victime d’une une mutilation. Le geste de lui accorder l’asile était louable mais il ne portait pas à conséquence. En revanche on peut se demander quelle aurait été la réaction de la Suède si 100 000 soudanaises avaient fait état de la même demande ; ou, en d’autres mots, à partir de quel point le souhaitable n’est simplement plus faisable ?

Une distinction difficile.

La problématique est rendue encore plus complexe lorsque migrant et réfugiés s’imbriquent. Ainsi il est acquis que les quelques 3.5 millions de syriens qui ont trouvé refuge en Turquie sont collectivement des « réfugiés », même si chaque cas n’a pas été évalué individuellement. Or si les conditions de vie des Syriens en Turquie sont pour le moins difficiles ils n’y sont pas persécutés. Ainsi tout mouvement de leur part au delà de la Syrie n’est plus motivé par un besoin de trouver asile. Il en découle que les si les Syriens qui se trouvent aujourd’hui à Lesbos sont bien des « réfugiées », ce n’est pas pour se mette à l’abri d’une persécution qu’ils se trouvent sur l’ile. En fait ils avaient déjà l’asile en Turquie et s’ils ont été bloqués à Lesbos par les autorités grecques c’est parce qu’ils cherchaient à émigrer illégalement vers l’Europe.  On assiste donc là à un nouveau phénomène à savoir le réfugié qui cherche à émigrer à partir du pays ou il a trouvé refuge et ou il n’est plus en danger.

L’exode à destination de l’Europe par la Libye est une autre version de la problématique migrant/réfugié.

Le cas Libyen

On estime que sous le régime du colonel  Ghaddafi chaque année 2 millions de personnes en provenance de l’Afrique Sub Saharienne se rendaient en Libye pour travailler. La plupart ne restaient que quelques mois dans le pays quitte à en suite rentrer chez eux pour revenir, l’année d’après mais ce-faisant ils assuraient la subsistance de leurs familles restées dans leur pays. Au total on estime que quelques 20 millions d’africains arrivaient ainsi à subvenir à leurs besoins. Quant à ceux qui cherchaient à procéder illégalement vers l’Europe ils étaient interceptés soit par les garde-côte Libyens soit par la marine Italienne qui les débarquaient discrètement en Libye.

Cet équilibre s’effondra quand l’administration Obama, par OTAN interposé, précipita la chute du régime Ghaddafi sans disposer de solution de rechange. En quelques semaines le pays sobra dans l’anarchie. Non seulement des millions d’africains perdirent tout source de revenu mais le pays devint une passoire dont profitent des gangs organisés qui alimente un flot ininterrompu de migrants vers l’Europe.

Explosion démographique

Or ce flot migratoire n’est pas un phénomène transitoire ou conjoncturel. Durant les prochains 25 ans l’Afrique sub saharienne dont proviennent les migrants passera de 1 milliard à 2 milliards d’habitants et l’Afrique du Nord de 210 à 350 millions d’habitants. Même en tenant compte des pronostics les plus optimistes, rien ne laisse supposer que durant ce lapse de temps les condition politiques, économiques et sociales dans la région évolueront au point de représenter une réelle alternative à une émigration massive et illégale.

La même problématique se pose dans l’est méditerranéen. La tentative de l’administration Obama de faire tomber le régime syrien par Etats du Golf interposés et de nouveau sans solution de rechange a non seulement avorté mais a laissé une Syrie en ruines avec quelques 6.2 millions de déplacés internes et 5.6 millions de réfugiées dont 3.5 millions en Turquie.

25 millions de migrants ?

La conséquence immédiate, en plus du cout humain, a été de donner à la Turquie une carte politique, pour ne pas dire un instrument de chantage dont elle n’a pas hésité à s’en servir. En effet, il suffit que la Turquie, comme elle l’a déjà fait, entrouvre ses frontières pour voir des centaines de milliers de réfugiés syriens affluer vers l’Europe. Or ceci n’est que la pointe de l’iceberg. Aujourd’hui les trois pays de la région producteurs d’un flux combiné de réfugiés et de migrants à savoir la Syrie, l’Iraq et l’Iran comptabilisent un total de 93 millions d’habitants. Dans 25 ans les projections donnent un chiffre de 147 millions, ce qui, ajouté à l’Afrique fait un pool de 2.4 milliards de personnes. Se basant sur cette projection, si seulement 1 %  cherchent à émigrer vers l’Europe on arrivera à un flux potentiel de 25 millions de personnes. Or quelle que soit l’étiquette que l’on donne aux migrants, ou les contingences de leur départ, les chiffres sont là et ils représentent pour l’Europe une réalité politique et sociale incontournable.

Un Pacte Migratoire

Le résultat, avec des décennies de retard, est un nouveau Pacte Migratoire que la Commission Européenne a soumis aux états membres et qui, en pratique, constitue une révision complète des principes censées gérer la migration telle qu’elle est conçue aujourd’hui. Le premier principe c’est l’abandon du système dit de Dublin par lequel ce sont aux pays de premier accueil de gérer leurs influxs respectifs. Désormais, il appartiendrait à l’ensemble des pays européens de se répartir les nouveaux arrivants dont les dossiers devraient être, en première instance, statués en l’espace de cinq jours. En parallèle, toute décision négative devrait etre associée à un ordre de retour dont la mise en pratique serait facilitée par la création de centres de transit dans les pays d’origine.

Problèmes

A ce jour les premières réactions ont été prévisibles. Les pays du groupe de Višegrad – Pologne, Hongrie, Slovaquie et République Tchéquie – ont déclaré qu’il n’était pas question pour eux d’accepter des migrants même à titre temporaire. D’autre part on a assisté à une levée de boucliers de la part de la communauté des ONGs.

Le nouveau Pacte Migratoire aura certainement besoin de retouches et son application pratique inévitablement laissera parfois à désirer. Néanmoins, il est légitime de croire qu’il constituera un progrès face à la confusion actuelle, et cela d’autant plus que, si les critiques sont nombreuses, aucune ne présente une alternative susceptible de cadrer avec la réalité. Or celle-ci comporte un fait incontournable ; les inégalités sociales, l’injustice, la pauvreté et la répression qui poussent les gens à partir ne seront pas résolues de ci-tôt et ce ne sera pas l’Europe qui pourra imposer un nouvel ordre social aux pays d’origine.

Quelle alternative ?

Dans cette perspective il n’y as pas d’autre alternative pour l’Europe que d’adopter une politique migratoire à long terme qui fait la part des choses en cherchant à concilier un minimum d’exigences morales avec des contraintes pratiques dont on ne peut faire abstraction.

Mais une politique migratoire à elle seule ne tient pas la route sans un apport politique.

En effet, les deux grandes crises migratoires actuelle  qui impactent l’Europe, Libye et Syrie, sont les conséquences directes des tentatives de Washington de renverser deux régimes, abjectes sans doute mais dont l’affaiblissement ou la chute se sont révèles pire que le mal. Or c’est aujourd’hui l’Europe qui paye le prix des errements de la politique étrangère américaine.

Pour que de tels événements ne se répètent pas il ne suffit pas d’un Pacte Migratoire. Il faut aussi que l’Europe politique s’affirme, et cela non seulement par rapport à ses ennemis mais aussi par rapport à ses amis.

 

 

 

 

Retour à Shanghai

Son nom est sans importance mais pas sa nationalité. Il est européen, il réside en Chine depuis 40 ans, il en parle la langue, son épouse est chinoise et il a très bien réussi. Il a un luxurieux appartement à Hong Kong, sa résidence principale est à Shanghai et il se déplace régulièrement entre les deux villes.

Bloqué à Hong Kong

En mars de cette année il se trouve à Hong Kong alors que Pékin décrète le lock down du pays. Impossible donc pour lui de retourner à Shanghai.

En septembre, finalement, la situation se détend. Les étrangers régulièrement résidents en Chine peuvent enfin rentrer avec un bémol ; il y a des formalités à remplir.

La première étape exige d’obtenir un certificat médical de bonne santé délivré par un hôpital de Hong Kong agréé par Pékin. Il faut en suite présenter une lettre d’invitation émise par une société chinoise. Ensuite il faut passer un test de détection d’acide nucléique qui montre que l’on n’est pas porteur du Covid 19 et enfin il faut déposer une demande de visa à l’équivalent du consulat de Chine à Hong Kong. Durée de la procédure : un mois.

Arrivée à Shanghai

Le vol sur Shanghai se passe sans problèmes. A l’arrivée en revanche les passagers sont dirigés vers une salle spéciale ou les attendent une nuée de fonctionnaire chinois en tenue d’astronaute ; bottes, lunettes, gants et tenues blanches de protection. Il y a quatre contrôles ; douane, police, santé et municipalité.

Après avoir passe les contrôles les passagers sont amenés par un autobus sécurisé vers un hôtel du gouvernement. Là il subissent un nouveau test d’acide nucléique et se voient assignés un chambre avec interdiction d’en sortir. Quant aux repas ils sont déposés devant leur porte sur un plateau.

A la  maison

Le lendemain, les passagers dont le test est négatif et qui résident à Shanghai sont invités à se rendre chez eux avec une escorte de police. Arrivés à destination ils sont reçus par le personnel de l’immeuble où ils habitent, également en tenue sécurisée qui a été prévenu à l’avance de leur arrivée et qui s’emploie à désinfecter leur  bagages, le sol où ils ont marché et l’ascenseur qu’ils ont pris.

Dés qu’ils sont dans leur appartement, arrivent deux infirmières qui prennent leur température et le taux d’oxygénation de leur sang et leur donnent un sac poubelle de couleur jaune où ils sont tenus de mettre toutes leurs ordures ménagères. Pas question évidement pour eux de quitter l’appartement. En revanche ils peuvent commander ce qui veulent au supermarché du coin qui à un système de livraison à domicile bien rodé.

Contrôle quotidien.

Le lendemain matin à 9h20, les deux infirmières reviennent escortées d’un policier. Vérification d’identité, prise de température et réception du sac poubelle avec en échange un nouveau. Enfin à 13h30 vidéo conférence par We Chat et nouvelle prise de température.

Ce scénario se répète chaque jour pendant 14 jours. Le quinzième jour ils reçoivent un code QR qu’ils doivent montrer chaque fois qu’ils se rendent dans un lieu public mais à part cela ils sont libres.

La dernière question est accessoire mais pas anodine. Comment est-ce que les chinois perçoivent ce système ? Mais comme la preuve que les autorités se préoccupent de leur santé, voyons !

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On peut se passer de policiers chinois en suisse (bis)

La nouvelle a fait la une des médias. Des hordes de policiers chinois, invités par Berne, se seraient abattues sur la Suisse pour soumettre à la question des malheureux chinois que la Confédération s’apprête à expulser. Le TJ romand en a fait état. Des parlementaires se sont saisis de l’information. Ces fonctionnaires chinois qui viennent en Suisse pour identifier l’identité de demandeurs d’asile déboutés en instance de rapatriement, qui sont-ils ? Des ‘espions’ selon un Conseiller National. Des ‘agents étrangers’ selon un autre. Un éditorialiste s’indigne. Les expulsés, dont aucun ne remplit les conditions pour être reconnu comme réfugié politique, sont décrits comme des ‘demandeurs d’asile’.Et sa conclusion est sans appel; on peut se passer de policiers chinois en Suisse.

Des policiers chinois opérant sur sol suisse.

Que le nombre des rapatriés…deux par an au cours des derniers 5 ans soit statistiquement insignifiant n’est pas contesté. En revanche, le principe de ‘policiers chinois opérant sur sol suisse’ donne lieu à polémique, et plus encore si pris hors contexte. Un contexte qui lui en revanche, est incontournable.

140 millions de touristes chinois.

Si la Chine de Mao imposait de sévères restriction aux voyages à l’étranger de ses citoyens, ces jours sont révolus. Aujourd’hui pratiquement chaque chinois qui en fait la demande reçoit un passeport lui permettant soit d’émigrer, soit de faire des études à l’étranger, soit de se rendre à l’étranger comme touriste. L’émergence d’une nouvelle classe moyenne chinoise aidant, ce ne sont pas moins de 140 millions de touristes chinois qui se sont rendus à l’étranger en 2018 avant que le Covid 19 ne frappe.

Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur le régime chinois c’est donc un fait incontestable que, à un moment ou à un autre, 140 millions de chinois se sont trouvés dans un environnement ou ils n’étaient plus sous le contrôle de Pékin.  Or sur ce chiffre combien en ont profité pour se déclarer ‘persécutés’ et demander l’asile en tant que refugiés politiques ? 25,455 correspondant au 0.017 % du nombre total de touristes.

Tout demandeur d’asile n’est pas un réfugié.

Or pour ce faire le ‘demandeur d’asile’ doit prouver  qu’il a été personnellement l’objet d’une persécution pour des motifs religieux, politiques ou ethniques.

La plupart des états ont des procédures de détermination de statut afin d’évaluer si une demande d’asile est effectivement motivée par la nécessité de fuir une persécution et n’est pas un subterfuge pour chercher à émigrer.

Il est évident que selon le pays  les demandes d’asile tout comme les  procédures ne font pas abstraction de facteurs politiques. Ainsi au Japon qui a reçut 31.2 millions de touristes chinois, les demandes d’asile se chiffraient à 308 et le taux de reconnaissance à zéro. En revanche en Malaisie, avec 2.9 millions de touristes chinois, le taux de reconnaissance était de 100 % avec un bémol ; le nombre de demandeurs était de 11 et ils étaient tous Musulmans. Quant à la Thaïlande, sur les 10 millions de touristes chinois qui visitèrent le pays en 2018, 38 demandèrent l’asile et 21 furent reconnus comme réfugies.

Trois pays en tête de liste.

En fait la majorité des demandes d’asile des chinois se focalisent sur trois pays qui, accessoirement, sont aussi les destinations de choix de l’émigration chinoise, à savoir Etats Unis, Canada et Australie.

Confrontés á un total de quelques 16 000 demandes d’asile déposées par des chinois, le défi pour ces gouvernements est double ; d’une part il s’agit de gérer une procédure juste et efficace qui permet d’identifier les réfugiés par rapport aux demandeurs d’asile dont la demande est frauduleuse. Vu les complexités du pays d’origine ce n’est pas une mince affaire d’où des taux de reconnaissance avec de fortes variations ; 47 % pour les Etats Unis, 45 % pour le Canada et 3.4 % pour l’Australie. Or comme le profile du chinois qui demande l’asile dans un de ces trois pays est essentiellement le même on peut supposer que les variations sont dues à des facteurs politiques comme aussi probablement à une meilleure connaissance de la réalité chinoise de la part des fonctionnaires australiens par rapport à leurs collègues canadiens et américains.

Pas d’alternative au retour.

Le deuxième défi, et il vaut pour tous les pays ou des chinois déposent une demande d’asile est que faire avec les demandeurs déboutés? Les garder au même titre que les réfugiés serait vider de leur substance les procédures d’asile avec en plus le risque de créée un appel d’air incontrôlable. D’ou un consensus parmi les démocraties industrielle occidentales à savoir qu’il n’y a pas d’alternative au retour des déboutés.

Or c’est là que le problème se corse. Si le nombre de déboutés est à l’échelle mondiale pour le moins contenu – environs 17 500 – et beaucoup acceptent de se rapatrier volontairement, Pékin n’a jamais été particulièrement enthousiasmé par le retour de ses citoyens. En fait, ce sont les pays occidentaux qui sont demandeurs. Ainsi en 2016 les Etats Unis purent convaincre Pékin de reprendre 398 demandeurs d’asile déboutés, nombre que l’administration Trump réussit à porter à 525 pour 2017.

Identifier l’identité des rapatriés.

En l’absence d’une procédure globale en  la matière, on assiste à des accords de réadmission signés pays par pays et dont la mise en pratique est souvent laborieuse. Or si un nombre substantiel de demandeurs d’asile chinois déboutés acceptent leur rapatriement sans s’y opposer par la force, Pékin a une exigence qui n’est pas négociable, à savoir de vérifier l’identité de ceux dont les documents de voyage ne sont plus en ordre.

L’exemple du Vietnam

En fait c’est là une démarche standard. Ainsi en 1996 quand Hanoi accepta le rapatriement de quelques 98,000 boat people vietnamiens qui se trouvaient dans des camps dans les pays du Sud Est asiatique et qui s’étaient vu refuser le statut de réfugié, le Vietnam exigea de vérifier leur identité avant leur rapatriement. Cela ne posa aucun problème et c’est financé par le HCR que des équipes du ministère vietnamien de l’intérieur se rendirent dans les camps pour entreprendre ce travail.

La Suisse a survécu.

Dans le cas de la Chine ce travail d’identification et généralement entrepris par les services consulaires chinois dans les pays concernés, services qui peuvent si nécessaire être épaulés par des experts envoyés par Pékin. C’est ce qui advint en Suisse en juin 2016 quand, pour la première et à ce jour la dernière fois, une équipe vint de Pékin passer une semaine à Berne pour épauler le consulat. Manifestement la Suisse et ses institutions ont survécu à cette incursion…

 

 

Hong Kong: la bourse a voté

La décision du gouvernement chinois d’imposer à Hong Kong une nouvelle loi qui autorise l’extradition vers la Chine de prévenus accusés de porter atteinte à la sécurité de l’Etat ne devrait pas être une cause de surprise.  Tout au plus, ce qui est en revanche étonnant, c’est qu’il a fallut 23 ans aux autorités de Pekin pour prendre une telle décision.

Si Hong Kong a pu, de par le passé, éviter une mainmise de Pékin, que ce soit en tant que colonie britannique ou, plus récemment en tant « Zone Administrative Spéciale » de la Chine, c’est essentiellement pour deux raisons.

Premièrement, Hong Kong était utile et, en plus de son importance en tant que place financière, représentait il y a vingt ans environs 12 % du PIB Chinois.

Deuxièmement Hong Kong n’a jamais représenté une alternative politique ou un modèle différent de celui exercé par  le parti communiste chinois. En effet, durant la colonisation britannique, les autorités s’arrangeaient pour discrètement évacuer vers des pays d’accueil tous les dissidents chinois qui tentaient, à partir de Hong Kong de s’en prendre au régime de Pékin. En résumé, Hong Kong était gouverné par un pouvoir colonial qui savait ménager Pékin et ne laissait guère de place à toute velléité de « démocratie » avec un seul bémol : un état de droit scrupuleusement respecté.

Aujourd’hui, ces deux piliers sur lesquels reposait l’existence même de l’ancienne colonie britannique sont en train de s’effriter.

Des pilliers qui s’éffritent 

D’une part le fossé entre le revenu moyen par habitant à Hong Kong comparé à celui en cours en Chine continentale est en train de se combler. En d’autres termes, le modèle économique de Hong Kong, basé en grande partie sur le contrôle par l’état du secteur immobilier est désormais dépassé. Ayant raté le virage vers l’industrialisation, la haute technologie ou l’informatique, l’ancienne colonie britannique dépend désormais pour sa prospérité sur le tourisme, l’immobilier et le secteur bancaire, trois domaines qui n’assurent guère le long terme.

Sur la plan politique, pour ne pas dire social, Hong Kong a fait du sur place. Contrairement à Singapore où le gouvernement a mis en place un système d’assurances sociales  dont toute la population profite, Hong Kong n’est pas intervenu en la matière. Le résultat, c’est que dans une ville ou le PIB moyen par habitant est plus haut qu’en Allemagne ou en Angleterre, quelque 7 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Or à ces laissés-pour-compte du miracle économique de Hong Kong s’ajoute la frange de la population que l’ombre de Pékin inquiète.

Le résultat, c’est une masse critique de mécontents qui manifestent pour une «démocratie»  indéfinie et qu’ils n’ont jamais connue et qui va de casseurs qui vandalisent des stations de métro à de simples frondeurs qui agitent des parapluies. Que certains agitent des drapeaux américains garantit qu’ils se mettent sur le dos 1.4 milliard de chinois chez qui la fibre patriotique n’est pas un vain mot.

Sans illusions 

Il serait naïf de croire que le mouvement n’est pas instrumentalisé, pour ne pas dire manipulé de tous cotés. Ainsi, c’est a coup de centaines de milliers de dollars que le National Endowment For Democracy, une fondation crée par le gouvernement américain pour prendre le relais de la CIA dans l’appui à des mouvements anti-communistes distribue des subsides à des ONG à Hong Kong actives dans le mouvement dissident. La filière américaine a d’ailleurs toujours été une réalité et un des personnages clé du mouvement «démocratique», Martin Lee avait comme principal  champion à Washington le Sénateur Jesse Helms, un pilier de l’extrême droite connu pour son combat contre l’avortement, le mariage pour tous  et même la contraception. Il n’en fallait guère plus pour inquiéter un parti communiste chinois déjà porté par nature à voir des complots tous azimuts.

Un parti communiste dont il ne reste que le nom 

Le paradoxe d’une loi sur la sécurité adoptée par un parti communiste est que la réaction la plus positive est venue de la bourse de Hong Kong. A part la démonstration, s’il en fallait une, que le parti communiste chinois n’a plus rien de communiste sauf le nom, il est évident que pour l’économie de Hong Kong, prospérité rime avec stabilité et non pas avec «démocratie». En fait la loi sur la sécurité est la confirmation que Pékin tient, du moins pour le moment, à préserver la place financière de l’ancienne colonie britannique tout en levant l’hypothèque politique qu’elle pouvait représenter pour le gouvernement central. Cette réalité s’inscrit dans une autre, à savoir que Hong Kong fait partie de la Chine. Et cela, pour le meilleur ou pour le pire,  n’est pas négociable.

 

 

Le Covid-19, la Chine et le monde

Laissant de coté la polémique qui entoure les nombreuses facettes de la crise du Coronavirus, celle-ci a mis en lumière deux interrogations qu’il est désormais impossible d’esquiver : d’une part quelle est la place de la Chine dans le monde et, d’autre part, comment le parti communiste Chinois gère le pouvoir à l’intérieur du pays.

Que le virus ait fait son apparition dans la région de Wuhan est généralement acquis. Comment et à quelle vitesse le gouvernement chinois a réagit et encore sujet a polémique.

Les leçons de 2002

Tirant les leçons de la l’épidémie du SARS en 2002, le parti communiste chinois étaient arrivé à la conclusion que la lenteur du gouvernement central à réagir à la crise avait été en grande partie causé par le fait que la première réaction des autorités locales avaient été de minimiser le problème pour ne pas dire de l’étouffer plutôt que d’en référé aux autorités supérieurs. Pour éviter une répétition de ce scénario les autorités avaient mis en place un système d’alerte qui était censé réagir dans les plus brefs délais. Le problème était que le système avait été conçut en fonction du SARS. Il n’était pas programmé ni avait la flexibilité pour évaluer une problématique avec des caractéristiques différentes à savoir le Covid-19.

Pas de mauvaises nouvelles

Ne pas faire état de mauvaises nouvelles était une tare qui avait gravé les autorités chinoises depuis des millénaire. Elle était fondée sur le principe que le pouvoir réside au haut de la hiérarchie et filtre vers le bas et non le contraire et qu’il n’appartient pas à la base de perturber la sérénité de l’Empereur.

Il est évident que le parti communiste chinois est parfaitement conscient que l’on ne gère pas un pays en ignorant ce qui ne va pas. Il n’en reste pas moins que vu la nature autoritaire du régime un processus de communication indépendant venant de la base n’est pas encouragé car il pourrait déborder dans la sphère politique et représenter un danger pour le pouvoir.

Un système peu flexible

Pour tenter de résoudre ce dilemme le pouvoir avait mis en place ses propres canaux ce communication. Or ceux-ci fonctionnent selon des schémas et des protocoles bien établis et ne sont pas à leur mieux confrontés à une situation qui n’avait pas été prévue et qui exige un degré de flexibilité et d’adaptabilité qu’ils n’ont pas. Le régime se retrouva ainsi dépendant du système de communication qu’il avait lui-même mis en place avec un bémol ; si le système se grippe il n’a pas de solution de rechange.

Un ophtalmologue parmi d’autres

En décembre 2019 un ophtalmologue opérant à Wuhan, le Dr Li Wenglian tira la sonnette d’alarme. Il croyait avoir identifié une nouvelle source d’infection qui ressemblait au SARS mais qui ne l’était pas et qui avait infecté certains de ses patients.

Pour les autorités locales avec lesquelles le Dr Li partagea ses soucis la question était simple. Le Dr Li était un ophtalmologue, pas un virologue. Il ne travaillait pas dans un centre de recherche et sa fonction n’était pas d’attirer l’attention des autorités sur un problème qui ne relevait pas de ses compétences.

Perturbateur

Dans une société ou chaque individu est censé opérer dans le cadre professionnel qui lui est assigné et ou une des responsabilités de la police est de préserve « l’harmonie sociale », le Dr Li était un « élément perturbateur » qui agissait en delà de ses fonctions. Il fut donc réprimandé pour avoir « répandu des rumeurs « et réduit au silence. Un mois, au moins, fut perdu.

Ce qui suivit fut un enchainement d’éléments qui ne firent qu’aggraver le problème. Si l’épidémie aurait éclaté 50 ans plus tôt il est probable qu’elle aurait été circonscrite à la Chine pour ne pas dire à la région de Wuhan. Mais la révolution dans le domaine des transports changea la donne.

100 millions de touristes 

En 2019 on estime que quelques cent millions de chinois se sont rendus à l’étranger comme touristes. La magnitude de ce chiffre fait qu’il existe une réelle possibilité qu’un chinois amène à l’étranger une maladie contractée en Chine, ou ramène en Chine une maladie contractée à l’étranger.

La problématique fut encore aggravée par l’état des relations entre la Chine et les USA. Depuis la guerre de Corée on n’a jamais vu un tel niveau de tension entre les deux pays et ce qui, à l’origine avait été perçut comme une guerre commerciale a en fait débordé pour affecter l’ensemble des relations entre les deux pays. Au niveau de la coopération scientifique entre Chine et Etats-Unis l’effet a été désastreux et n’a fait qu’amplifier le manque d’information sur le virus qui régnait au début de la crise. Et la politique du Président Trump de ne pas manquer une occasion de s’en prendre, a tort ou a raison, à la Chine n’était pas fait pour encourager un régime déjà par sa nature peu porté à la transparence à être plus ouvert qu’il n’aurait normalement été.

Une fois le problème identifié, les mesures d’urgence prises par les autorités chinoises se révélèrent efficace sur le plan national. Mais entre temps le virus avait migré et ce qui avait débuté comme un problème Chinois était devenu une catastrophe planétaire.

Une Chine impériale

Si chaque pays a affronté la pandémie selon ses moyens, son économie, sa culture et, surtout, la crédibilité de ses autorités il y a deux éléments fondamentaux qui sont incontournables.

Le premier relève de la politique intérieur chinoise. Il est incontestable que le parti communiste a sorti la Chine de l’ornière dans laquelle l’avaient laissé les invasions étrangères, l’effondrement du système impérial et les guerres civiles. De même le parti a réussit de découpler le pays des aberrations du système soviétique. Et quant au « socialisme avec des caractéristiques chinois », qui prime aujourd’hui, c’est en fait le système impériale version 21 éme siècle. Ainsi le régime a évolué d’un système totalitaire à un régime à parti unique et une économie hybride état/privé. Dans cet environnement le chinois moyen n’a jamais été aussi libre. Il est libre de choisir son métier, monter une affaire, s’habiller comme il l’entend, gagner de l’agent et voyager à l’étranger. La seule liberté qu’il n’a pas, c’est de monter un contre-pouvoir au parti communiste.

Le résultat c’est une sorte de contrat social ; le parti assure la stabilité de l’empire et la prospérité de la population. Le population, elle, délègue l’exercice du pouvoir au parti. La Chine a ainsi passé d’un totalitarisme inefficace à un dirigisme performant.

Si le chinois moyen s’accommode de ce régime la société chinoise, elle, a évolué et est devenue non seulement plus mobile mais aussi plus complexe. Or on a à faire ici avec une Chine de 1 milliard 400 millions d’habitants ce qui pose des problèmes de gestion que l’on ne retrouve nulle part ailleurs sur terre. Sans pouvoir politique alternatif, ONG indépendantes, ou journalistes d’investigation le régime est dépendant de ses propres institutions pour garder le contacte avec la base. Et à force de vouloir à tout prix « préserver l’harmonie sociale « il risque de se couper d’une réalité qui finira inévitablement par le rattraper.

La paix à tout prix ?

Ainsi des procédures de sécurité laxistes que personne ne conteste dans un centre de recherche qui fait une étude sur les chauves souris au fin fond du pays peuvent avoir des conséquences qui vont bien au delà d’une seule institution.

La crise du Covid-19 devrait être l’occasion pour le parti communiste chinois de réexaminer la façon dont il gère – et non seulement étouffe – une information qui n’est pas nécessairement générée par des mécanismes officiels.

En revanche, une fois le problème identifié et la décision politique d’intervenir prise au sommet de la hiérarchie, l’efficacité du système n’est plus à démontrer. En cela le contraste avec les Etats-Unis est saisissant. Là une société ouverte, une presse libre, des ONG à ne plus compter, des institutions médicales réputées se sont révélées d’une inefficacité flagrante face à une absence de volonté politique au sommet de la hiérarchie.

L’autre interrogation soulevée par le Covid 19 relève de rien de moins que la place de la Chine dans le monde. Lorsque la Chine s’est ouverte au monde extérieur, la formule, vue de Washington était : « conçut aux Etats-Unis, assemblé en Chine ». Ainsi les américains pensaient se focaliser sur la recherche et le développent tout en délocalisant vers une Chine aux bas salaires leur capacité manufacturière.

La Chine se réveille

Trente ans plus tard il leur fallut déchanter. Cette Chine aux bas salaires était devenu une puissance industrielle dont la recherche et la haute technologie était en train de les dépasser. Et si le fait de délocaliser leur production avait payé a court terme il était en train de saper la base même de l’économie américaine.

Or pour Washington le concurrent, ici, n’était pas une autre économie de marché mais une sorte d’hybride, avec une économie en partie étatisée et en partie privée, obéissant à ses propres règles et dirigée par un parti unique dont la seule loi était son bon vouloir.

En cela la situation est complètement différente de celle qui prévalait durant la guerre froide. A l’époque, l’Union Soviétique et l’Occident avaient deux systèmes économiques dont les échanges étaient limités et qui opéraient en parallèle.

Concurrence loyale ?

Avec la Chine, en revanche, on assiste aujourd’hui à l’existence de deux systèmes économiques qui se chevauchent. Ainsi, à moins de revenir à la situation qui prévalait dans les années 1950 ou le régime de Pékin était littéralement en quarantaine, la Chine aujourd’hui est, sur le plan mondial, une réalité dont on ne peut pas faire abstraction. Reste, pour l’occident à savoir comment gérer une relation avec un partenaire incontournable mais dont la logique relève d’une autre métaphysique. Une relation qui n’aura trouvé son équilibre que le jour ou ce sera la Chine de se plaindre du vol des sa propriété intellectuelle ou de pratiques commerciales douteuses de la part d’acteurs étrangers plutôt que l’inverse.

Les états reprennent leurs droits 

Alors que la crise du Covid 19 est désormais un phénomène mondial les seuls qui ont été à amenés à réagir ont été les états à titre individuel. En effet ce qui passe pour des structures ou des institutions internationales s’est tout à coup révélé inexistante. Bruxelles a littéralement cessé d’exister et les Nations Unies avec un Secrétaire Général timoré, un Conseil de Sécurité absent et une OMS sous le feu ne fait plus partie du paysage. Ce qui laisse les états et leurs citoyens seuls à mener le combat. Et il sera long.










Eglise et Etat: questions sans réponse ?

Le 30 juillet 1956 le congrès américain adopta à l’unanimité une loi qui spécifiait que les mots ‘notre foi est en Dieu ‘ serait désormais la devise officielle des Etats-Unis et figurerait sur tous les billets de banque américains.

Adoptée en pleine guerre froide, cette résolution était censée souligner le fossé entre les valeurs chrétiennes représentées par les Etats Unis et le communisme athée représenté par l’Union Soviétique.

L’adoption de cette devise qui perdure aujourd’hui faisait des Etats-Unis une puissance dont la politique mondiale serait inspirée non seulement par ses intérêts nationaux mais aussi par sa foi dans un être supérieur défini comme Dieu. Ainsi la ‘foi’, pour ne pas dire la religion, devenait une des composantes de la politique d’un état qui constitutionnellement avait adopté le principe de la séparation ente l’Eglise et l’Etat.

Deux visions

Le concept de la séparation de l’Eglise et de l’Etat est relativement nouveau. Historiquement les deux institutions se confondaient et la foi faisait partie de l’environnement politique. Durant la première guerre mondiale l’armée allemande partit au combat avec ‘Gott mit uns’ gravé sur les ceinturons de ses militaires. Quant aux monarchies, elles étaient considérées de droit divin et le couronnement des souverains était une cérémonie religieuse. Cela explique pourquoi, encore aujourd’hui, des états européens comme les pays scandinaves ou le Royaume-Uni arborent sur leurs drapeaux des croix qui rappellent leurs origines chrétiennes. En revanche, des pays de plus récente facture comme l’Allemagne ou l’Italie, ou la France avec sa tradition révolutionnaire, arborent sur leurs drapeaux des combinaisons de couleurs plutôt que des pictogrammes avec des connotations religieuses.

La tendance visant à déconnecter l’Etat du cadre religieux est un phénomène essentiellement occidental. Il est basé sur le principe que la religion relève du domaine privé de l’individu et que la légitimité de l’Etat est basée sur un support populaire et non pas sur une inspiration d’origine divine. Il en résulte que chaque citoyen est libre de choisir sa foi et qu’il n’appartient pas à l’Etat d’imposer des normes religieuses à ses citoyens.

Un Pape visionnaire

Si le principe est clair, son application pratique ne saurait être divorcée de siècles de traditions et nombreuses sont les références à l’échelle mondiale qui relèvent d’une tradition chrétienne. Ainsi le calendrier international avec l’année commençant le premier janvier été introduit à l’origine par le Pape Grégoire XIII en 1582, d’où son nom de calendrier Grégorien. A ses débuts, rejeté par les pays protestants qui y voyaient une ingérence de l’église de Rome, il fut adopté par l’Angleterre en 1752, par le Japon en 1872 et la Turquie en 1919. Aujourd’hui il est une référence universelles et si certains pays comme le Népal, la Thaïlande, l’Iran ou Israël ont leur propres calendriers à usage interne, il est devenu une norme internationale déconnectée de toute connotation religieuse.

Si la notion de séparation de l’Eglise et de l’Etat est devenu un acquis dans les démocraties industrialisées occidentales, c’est le phénomène contraire qui s’est développé dans le tiers monde. Dans les années 1950, suite à la décolonisation, un nombre croissant de pays du tiers monde accéda à l’indépendance et le choix d’un drapeau national devint une de leurs priorités.

Un drapeau national

Pour ce faire beaucoup choisirent diverses variations de bandes de couleur. Mais d’autres choisirent une autre approche.

La grande majorité des pays issus de la colonisation avaient des frontières qui avaient été arbitrairement déterminées par la puissance occupante. Ainsi des pays comme l’Iraq, la Syrie, la Libye ou même les Indes sans compter la plupart des pays d’Afrique avaient des frontières artificielles qui ne correspondaient à aucune réalité sociale ou historique. Le résultat fut une déficience au niveau du ciment social qui était censé assurer un minimum de cohésion nationale. Le premier exemple de ce déficit furent les Indes.

En 1947 lorsque le pays devint indépendant il comptait 540 millions d’habitants dont 370 millions d’Hindous et 170 millions de Musulmans. Or les Musulmans exigèrent d’avoir leur propre état ; le résultat fut un conflit qui fit 12 millions de déplacés, un million de morts et la création de la République Islamique du Pakistan ,le premier Etat fondé sur un choix basé sur une appartenance religieuse plutôt que politique ou nationale.

Le cas fit école

En effet beaucoup de pays à majorité musulmane, lorsque ils accédèrent á l’indépendance, choisirent un drapeau national qui comportait un symbole religieux afin d’affirmer ainsi non seulement leur identité nationale mais aussi leur appartenance à l’Islam.

Ce choix n’était pas seulement symbolique. En effet tous les pays concernés choisirent de fonder leurs législations nationales sur la Sharia, l’ensemble des lois dérivées du Coran. Le droit devint ainsi pour eux le reflet de la foi.

Deux classes de citoyens

Le résultat fut la création de deux classes de citoyens, à savoir ceux qui appartenaient à la religion majoritaire et ceux appartenant à une autre religion mais qui se voyaient imposer les dictats d’une foi qui n’était pas la leur.

L’inspiration divine du droit a comme corollaire que chaque tentative de changer la loi déborda du domaine politique dans le domaine de la religion avec tout ce que cela peut comporter d’émotionnel. Ainsi, la constitution de la Tunisie, possiblement l’état arabe le plus démocratique prévoit l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Cependant, c’est seulement en 2017 que le gouvernement réussit à annuler une directive inspirée par la Sharia et adoptée en 1973 qui interdisait à une femme musulmane d’épouser un homme d’une autre religion. En revanche le gouvernement s’est trouvé incapable de mobiliser au Parlement une majorité nécessaire pour amender la loi sur les héritages. Celle-ci en effet, basée sur la Sharia, prévoit qu’une femme hérite moins qu’un homme. Or toutes les tentatives pour amender la loi et s’assurer que hommes et femmes jouissent des mêmes droits en matière d’héritage ont faillit face à l’opposition des mouvements islamiques et en Tunisie et dans le monde arabe. Il en résulte qu’une loi qui dérive d’un édicte religieux basée sur la foi musulmane en vient à s’appliquer même a ceux qui ne sont pas musulmans.

Dans une perspective historique la relation entre l’Eglise et l’Etat a été déterminée par l’époque, la nature de l’Eglise et l’environnement social. Traditionnellement, les religions monothéistes avec leur croyance dans un Dieu unique ont étés moins tolérants envers les tenants d’autres religions que les fois basées sur le Bouddhisme, le Taoïsme ou le Confucianisme. Le temps a aussi joué un rôle crucial et il est évident que la Catholicisme d’aujourd’hui ne saurait se comparer à celui en cours à l’époque de l’Inquisition. Quant au contexte social, son rôle est fondamental.

Il y a actuellement de par le monde trois Théocraties ; des régimes dont le chef de l’Eglise est également le chef de l’Etat : L’Iran, le Vatican et le Royaume Uni. L’Iran se passe de commentaires. Le Vatican ne dispose pas de pouvoir temporel. Reste le Royaume-Uni dont le Souverain est à la fois le chef de l’Etai et le chef de l’Eglise d’Angleterre. Le cérémonial mis à part, cela ne porte pas à conséquence. En effet la tradition britannique de tolérance et de démocratie est si profondément ancrée dans la société qu’il n’est pas question d’imposer à un groupe les préceptes religieux d’une foi qui n’est pas la leur.

Si l’environnement social est déterminant dans la définition de la relation entre Eglise et Etat il n’en reste pas moins que certaines fois sont plus exclusives que d’autres et imposent à leurs adhérents des règles de conduite quotidienne dont les exigences peuvent varier considérablement Aujourd’hui, la fracture se situe essentiellement entre les sociétés industrielles à tradition Judéo-chrétiennes et celles à tradition Arabo-Islamiques. Encore que la fracture est loin d’être uniforme.

Des règles diététiques

Ainsi, l’Algérie, la Mauritanie et la Libye interdisent l’élevage de porcs dont la consommation est interdite par le Coran. En revanche le Maroc, considérant le nombre de touristes en provenance de l’Europe, l’autorise et le Bahreïn a refusé la proposition d’un député islamiste d’en interdire l’importation, arguant que l’on ne peut pas imposer des règles diététiques provenant de l’Islam à des personnes pratiquant une autre religion.
Si Bahreïn est une exception, elle reflète une forme de libéralisme comme aussi une multiplicité d’interprétations du Coran qui se reflètent aussi dans la diversité des écoles Coraniques. Mais cette diversité ne peut faire abstraction du fait que le Coran est considéré comme reflétant à la lettre la parole de Dieu et a donc ancré l’Islam dans des codes de conduite difficilement portés vers un concept évolutif.

Un ciment social

Dans ce cadre, la présence d’un symbole religieux sur un drapeau national a une double signification. D’une part il fait de la religion une des composantes du ciment social qui est censé souder un peuple appartenant à un même Etat.Mais d’autre part, et ce-faisant ,il sous-entend une société par définition moins inclusive que celles qui n’arborent pas de symbole religieux sur leur drapeau national.

Débacle a Damas

Le 3 février 1982 un groupe armé appartenant à la Confrérie des Frères Musulmans s’empara  d’une partie de la ville de Homs. La réaction du régime Syrien, dirigé par le père de Bachar, Hafez el Assad, fut immédiate. Après avoir bloqué les quartiers de la ville contrôlés par les insurgés il  lâcha contre eux son artillerie et son aviation. Quand le siège  fut levé, 27 jours plus tard la partie de la ville occupée par les insurgés avait été réduite en  poussière. Et quant aux victimes civiles,  les estimations allaient de 10 000 à 40 000 morts.

Massacre à Homs

La leçon de Homs porta. Pendant 29 ans le régime, désormais dirigé par le fils de Hafez, Bachar, règna incontesté. Puis en mars 2011 dans la ville de Deraa un petit groupe de lycéens, inspirés par l’exemple du “Printemps Arabe, “ écrivirent sur les murs de leur école des slogans demandant la démission de Bachar El Assad. Le régime réagit en arrêtant et brutalisant les manifestants. Cela provoqua une réaction des parents et de fil en aiguille, les réseaux sociaux aidant, des manifestations contre le régime  éclatèrent dans plusieurs villes du pays.

En d’autres temps le régime, laissé à lui-même, aurait probablement réussi à contrôler la situation. Mais les temps avaient changés. En 1982 Hafez el Assad avait put écraser comme il l’entendait la rébellion des Frères Musulmans. Vingt neuf ans plus tard des puissants intérêts n’allaient pas rater une occasion d’abattre le régime dirigé désormais par son fils Bachar el Assad.

Un équilibre

Jusqu’en 2003 un équilibre des forces avait amené un semblant de stabilité au Moyen Orient. La Syrie et l’Iraq étaient tous les deux gouvernés par des factions rivales du parti Baas qui étaient à couteaux tirés et se neutralisaient mutuellement. En Iraq le régime de Saddam Hussein, d’obédience Sunnite qui se voulait étatiste, pan-arabiste et laïque, régnait sur une population majoritairement Chiite. En guerre larvée avec l’Iran il était également, après son incursion au Koweït, une menace constante pour les monarchies du Golfe.

Aussi abjecte que puisse être son régime, les orientations de politique étrangère de Saddam Hussein faisaient de lui un allié objectif des Etats-Unis. Non seulement il tenait tête à la Syrie et l’Iran, deux régimes ennemis des Etats-Unis. Enfin  représentant une menace pour les monarchies du Golfe  il les rendait dépendantes de leurs alliances avec Washington. Mais à Washington, les “Neocons”  qui entouraient le Président G.W. Bush ne voyaient pas les choses sous cet angle.

Les “neocons” en action

Issue d’une mouvance libérale, les “Neocons” avaient une du monde qu’il appartenait, selon eux, aux Etats Unis d’imposer fut-ce par la force. Pour eux “ l’hégémonie américaine est la seule défense contre un effondrement de l’ordre mondial”…et  la promotion des “valeurs américaines “ au Moyen-Orient  le seul moyen pour instaurer la “démocratie” dans le monde Arabe. Or cette démarche passait inévitablement par la chute de Saddam Hussein. Quant à la présence, ou absence d’armes de destruction massive, c’était là un détail sans importance.

Ayant fait tomber Saddam Hussein l’Amérique se retrouva avec un Iraq affaibli, gouverné désormais par des Chiites. Celui-ci,  ayant fait sa paix à la fois  avec l’Iran et avec la Syrie constituait le maillon d’un croissant Chiite allant de Téhéran à Damas avec son ancrage sur la Méditerranée assuré par le Hetzbollah Libanais. Pour Washington, un cauchemar géopolitique était devenu réalité. Mettre l’Iran en échec en abattant son allié Syrien était devenu un impératif. Mais ce n’était pas le seul :

Le nerf de la guerre

La dépendance de l’Europe sur l’importation de gaz russe était pour les chancelleries occidentales une source constante de préoccupation. Celle-ci allait de paire avec les efforts des monarchies Sunnites du Golfe de  diversifier leurs moyens de transport d’énergie dont les exportations de carburant étaient toutes dépendantes de la libre circulation par le détroit d’Hormuz.

Il en résultât plusieurs projets visant à désenclaver l’Europe de ses sources d’énergie russes en créant un réseau de gazoducs allant du Golfe directement à la Méditerranée. Un de ces projets, “Nabucco,” qui prévoyait un gazoduc allant de l’Azerbaïdjan à l’Autriche en passant par la Turquie fut abandonné face à l’opposition de Moscou. Un autre aurait relié le Qatar à la Méditerranée. Les négociations autour de ces projets furent menées dans la plus haute discrétion et elles capotèrent toutes faute de l’accord de la Syrie.

Bachar doit tomber

Entre ses liens avec l’Iran et son support à la politique énergétique russe, Obama et les monarchies du Golfe avaient donc deux bonnes raisons de vouloir la chute de Bachar. Téhéran et Moscou avaient eux deux bonnes raison pour s’assurer qu’il reste au pouvoir.

Renverser Bachar était une chose. Le remplacer par un pouvoir acquis aux interêts de Washington était une autre. Or tout comme en Afghanistan, en Iraq et en Libye les américains n’avaient pas de solution de rechange sous la main. Faute d’intervenir directement ils  étaient aussi  obligés d’agir en se servant d’intermédiaires, à savoir les monarchies du Golfe. Or celles-ci avaient chacune leurs propres interets, souvent divergents. Quant à l’état syrien, c’était un amalgame artificiel résultants des interets  historiques divergents de la Turquie, de l’Angleterre, de la France et de pouvoirs locaux maintenus ensemble essentiellement par le parti Baas aux mains de la famille  des Assad.

Moscou intervient

Dans un premier temps le régime de Bachar, face à de multiples mouvements de résistance qui allaient de l’EI, des Kurdes en passant par les salafistes alimentés avec la bénédiction de l’administration Obama par des centaines de millions de dollars en provenance des pays du Golfe, tituba. Certes, il disposait d’une base composée de quelques 2.5 millions d’Alawites, de la bourgeoisie commerçante des villes et des communautés chrétiennes qui, sachant qu’elles ne survivraient pas à un régime Islamiste restèrent dans l’expectative. Mais cela n’aurait pas suffit à le maintenir au pouvoir sans un apport décisif: l’intervention Russe. Les divisions de la résistance aidant, elle a assuré que Bachar reste un élément incontournable de toute solution politique ; et cela d’autant plus que Alawites, Chrétiens, Ismaelites et Druzes ont clairement démontré qu’ils préfèrent le pouvoir de Damas à celui des Islamistes.

Avec le retrait des forces américaines de Syrie décidé par Donald Trump, la tentative de Washington et de ses alliés du Golfe de faire tomber Bachar el Assad en profitant d’un instant de faiblesse de son  régime a fait long feu. A ce jour elle transformé la Syrie en un champ de ruines, a causé quelque 400 000 morts et 11 millions de réfugiés et déplacés, a généré une vague migratoire vers l’Europe  et a fait de la Russie un acteur incontournable au Moyen Orient. Difficile de faire pire.

 

 

 

 

 

Donald Trump; l’Empire contre-attaque

Le 2 septembre 2018 un service funèbre fut organisé à la cathédrale de Washington à l’occasion des funérailles du sénateur John McCain, une des grandes figures de la politique américaine. Les 2500 invités comprenaient  trois anciens présidents des Etats Unis, le PDG d’Amazon, Jeff Bezos,  ainsi que tout le Gotha de l’Establishment politique et financier des Etats Unis. Le seul qui manquait parmi cette assemblée de notables était Donal Trump. Non seulement il n’aimait pas John McCane et ne le cachait pas mais l’Establishment  de Washington, ce n’était pas sa chose. Il choisit donc de ne pas se déranger.

L’establishment

Ce qui passe pour L’Establishment aux Etats Unis est un aggloméré comprenant les deux partis politiques, les fondations, les instituts de recherche, les grandes ONG, les cadres supérieurs de l’armée et les grands dirigeants de la finance et de l’industrie. A l’intérieur de ce magma il n’y a guère de différences idéologiques de substance mais tout au plus des fluctuations politiques d’une ampleur limitée. Et quant à ceux  qui opèrent au sein  de cette tourbière ils sont généralement issus des mêmes  classes sociales et des  mêmes universités et leur masse leur permet d’amortir les variations politiques au sommet de l’Etat. Ainsi lorsque un parti politique perd la présidence ses dirigeants trouvent refuge dans les diverses fondations, instituts de recherche, universités  ou ONG, quitte à revenir au pouvoir lorsque le vent aura tourné. Le résultat, c’est une continuité dans l’alternance ; ainsi, entre l’invasion de l’Iraq par G.W.Bush et la tentative de Obama d’orchestrer la chute de Assad par personne interposée, la différence n’est que de pure forme.

Le Bien et le Mal

Le ciment qui assure la cohésion de l’Establishment américain est un vision Manichéenne du monde qui se résume en un combat entre le bien absolu et le mal total. Dans cette perspective, l’Amérique représente la force du bien et son combat y trouve sa justification. Il en résulte que la politique étrangère Américaine devient un exercice quasiment religieux et ses intérêts matériels ou géopolitiques sont occultés sous un verbiage qui relève plus de la théologie que de la politique. Ainsi, le refus de Washington, pendant 20 ans  de reconnaître la République Populaire de Chine relève de facteurs qui n’on rien à voir avec la raison. De même, « regime change »  tel qu’il a été préconisé pour la Syrie, l’Iraq ou la Libye implique toujours que son corollaire sera la « démocratie ».

Ignorer la réalité

Dans ce contexte, l’immense réservoir de savoir et de connaissances dont dispose l’Establishment est quasiment inutile. Entre la CIA, la NSA et les divers services de renseignements du Département d’Etat et des militaires, le fait que la guerre du Vietnam n’était pas gagnable était un mystère seulement pour ceux qui ne voulaient pas le savoir. De même le fait que Saddam Hussein ne disposait pas d’armes de destruction massive était documenté. Mais c’était des vérités qui ne correspondaient pas à la vision du monde de l’Establishment  et elles furent délibérément ignorées. Et la masse de renseignements dont l’Establishment disposait se révéla inutile dans la mesure ou une vision idéologique du monde primait sur la raison.

Des fonds sans limites

Ce qui permet à l’Establishment de persévérer, c’est sa base économique. Disposant de la base industrielle la plus performante au monde, l’Establishment dispose d’un revenu imposable quasiment illimité. Il peut donc se permettre de se lancer dans des aventures étrangères sans devoir considérer les coûts. Du Vietnam à l’Afghanistan à l’Iraq, ce sont ainsi des milliards de dollars qui ont été dépensés sans que cela porte à conséquence.

Eviter des choix imprévisibles

L’assise de l’Establishment, c’est sa légitimité qui puise sa source dans un processus électoral bien rodé. Les pères fondateurs des Etats Unis étaient des nantis à l’esprit éclairé, de descendance anglaise et s’ils étaient acquis à un processus électoral ils se méfiaient des masses populaires  dont les choix pouvaient être imprévisibles. Pour se prévenir contre de tels possibles débordements ils décrétèrent que l’élection du Président américain serait fait par un collège électoral. Ainsi le peuple élirait le collège électoral lequel élirait le Président, étant entendu que, du moins en principe il serait libre de son choix.

Le système fonctionna jusqu’au 8 novembre 2016.

Deux Amériques

Ce qui est qualifié de Etats Unis d’Amérique est en substance  deux pays. Le gouvernement, les grandes universités, les fondations, les instituts de recherche, les banques et les grands centres urbains se trouvent essentiellement dans une zone de cent  kilomètres de large qui s’étend des deux côtes, est et ouest vers l’intérieur des terres. Au-delà de ces 100 kilomètres commence une autre Amérique ;  ignorée et méconnue, c’est l’Amérique profonde pour ne pas dire l’Amérique perdue.

 

L’Américain profond, si on peut le qualifier ainsi, sans être inconditionnellement isolationniste ne regarde pas vers l’étranger.  Travailleur, il croit en Dieu et s’il n’est pas ouvertement raciste préfère la compagnie de blancs a ceux d’une autre ethnie. De même il a peu d’empathie pour la lutte des femmes pour l’égalité mais en revanche tient dur comme fer  a son droit de posséder une arme. Il a fait au mieux quelques années d’école secondaire, ne lit pas les journaux, regarde sa télévision locale et a été souverainement ignoré par l’Establishment. Sauf en cas de besoin évidemment. Durant la guerre du Vietnam, c’est l’Amérique profonde qui  a répondu à l’appel sous les drapeaux  et est allé se faire massacrer pour une cause que  l’Establishment savait perdue et cela  alors que les étudiants de Yale et  de Harvard obtenaient des exemptions pour  raison d’études. Aujourd’hui, elle fait partie des laissés-pour-compte de la globalisation qui ont vu leurs emplois fondre comme neige au soleil alose que les usines qui les employaient relocalisaient leur production en Chine.  En 2008 ils restèrent muets alors qu’un noir était élut Président. Huit ans plus tard c’était le tour d’une femme de postuler pour l’élection suprême. Pour l’Amérique profonde le point de rupture avait été atteint. Et cela d’autant plus qu’un candidat à la présidence leur promettait de refaire une Amérique, leur Amérique, « grande ». L’heure de Donald Trump avait sonné.

Venu de nulle part.

Politiquement Trump venait de nulle part. En fait c’était un promoteur immobilier à la réputation pas totalement transparente. Contrairement à pratiquement tous ses prédécesseurs qui avaient été sénateurs, gouverneurs d’un Etat ou même vice-président il n’avait aucune expérience de la gestion du pouvoir. N’ayant jamais gravi les échelons du pouvoir politique il n’était pas entouré d’une équipe de collaborateurs qui lui étaient dévoués et dont la carrière politique dépendait de la sienne. Sur le papier, Trump était un Républicain. En fait, c’était un anarchiste qui avait réussit   à s’approprier le parti Républicain. Une fois élu, il se retrouva seul au pouvoir.

Un anarchiste.

Manquant une équipe de fidèles, Trump fut obligé de recruter ses collaborateurs parmi ceux avec lesquels il avait des affinités et qui étaient d’accord de le servir, à savoir des hauts gradés de l’armée et la faction la plus conservatrice du parti Républicain. Or ceux-ci, indépendamment de leurs compétences ou de leur orientation politique n’avaient aucune loyauté personnelle envers lui. Il en résulta des changements constants de personnel parmi les hautes sphères de l’administration avec en plus des milliers de postes qui ne furent pas pourvus.

Si cette gestion par à-coups fut systématiquement pointée du doigt par la classe politique, elle laissa sa base électorale totalement indifférente ; non seulement ils leur importait peu qu’il change son assistant pour la sécurité tous les trois mois mais ils ne savaient même pas qu’il en avait un.  En fait, ce que l’Establishment considérait comme  ses tares, ses électeurs voyaient comme ses qualités ; il n’avaient pas fait de brillantes études et eux non plus ; il affichait sa richesse et eux  auraient bien aimé en faire autant ; il était contre toute aide étrangère et eux ne voyaient pas pourquoi le fruit de leur travail devait servir a nourrir des palestiniens. Quant aux  chinois qui  avaient pendant des années manipulé à leur profit le système économique américain  il leur tombait dessus sans avoir de politique de rechange. En fait, tant que l’économie marchait et qu’il leur disait qu’ils étaient les meilleurs ils n’en demandaient pas plus.

En parallèle, son instinct politique lui faisait dire des vérités que beaucoup préféraient obnubiler. Ainsi son refus d’assumer une part excessive des frais de l’OTAN est, pour les européens un rappell : l’Amérique ne viendra pas toujours à leur secours et face à une Turquie menaçante le temps es venu pour eux de construire une  défense commune. Le problème, pour les Etats Unis comme pour ses interlocuteurs  est que ces prises de position n’étaient pas le résultat d’une politique ou même d’une pensée structurée mais plus  souvent des à-coups qui ne bénéficient d’aucun suivi politique.

Une aberration Américaine

Sur le paysage politique américain, Donald Trump est une aberration. Ayant détourné à son profit le parti Républicain il a réussi à se faire élire en mobilisant les frustrations de l’Amérique profonde que l’Establishment avait systématiquement marginalisé. Le fait qu’il a perdu le vote populaire au profit de Hillary Clinton aurait dût assurer qu’un un homme de son acabi ne soit jamais élu président. Mais c’était compter sans un Collège Electoral dont le but précis était d’éviter qu’un Donald Trump ne devienne jamais président des Etats Unis.

4 ans ou 8 ?

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si cette faillite institutionelle des Etats Unis portera ses effets sur 4 ans ou sur 8. Mais quelle-que soit sa durée, elle aura marqué une rupture entre l’Establishment et une frange de la population qui ne se reconnaît plus dans les structures traditionelles du pouvoir. Que Joe Biden, lors des prochaines élections, sera le l’incarnation et donc le représentant de ces structures traditionelles est un acquis. Qu’il saura convaincre assez d’américains de se déplacer et de voter pour lui, pour le moment l’est moins.

En attendant l’électorat de Trump est toujours derrière lui. Pour combien de temps ?