Dans la tête d’un coureur à cinq jours de l’UTMB

Les jours qui précèdent les courses sont toujours particuliers. Un peu comme avant de partir en vacances, mais en pire. Mille choses à faire à la dernière minute s’ajoutent au stress habituel d’un quotidien surchargé où, comme tout le monde, je jongle du mieux que je peux entre obligations professionnelles et vie familiale, le tout saupoudré d’un mélange d’euphorie et d’appréhension. Cette fois, c’est encore plus palpable, parce que je vais participer à l’UTMB et que cette boucle autour du plus haut sommet d’Europe est mythique.

 

Je ne me voile pas la face: je ne me suis pas assez entraîné pour m’attaquer sereinement à un morceau pareil. Cette année a été intense à tous points de vue et comme je l’ai déjà écrit dans ce blog à plusieurs reprises, je n’ai pas réussi à m’installer dans une routine d’entraînement régulière. J’ai fait entre deux et trois sorties hebdomadaires les semaines où j’étais le plus assidu, mais sur des distances qui excédaient rarement 20 km.

Sachant que l’UTMB, c’est 170 km pour 10’000 mètres de dénivelé, c’est plutôt léger. Je compte sur l’élan que me donnera le plaisir de participer à cette grande aventure pour compenser la forme que je n’ai pas. Et puis, soyons honnêtes, je suis souvent du côté des canards boiteux pour ce qui est de se préparer correctement, donc pas de panique.

Si mon entraînement insuffisant ne m’inquiète pas plus que ça, le travail c’est autre chose. Je passe en revue toutes les tâches urgentes à faire dans la semaine avant de pouvoir boucler mon sac à toute vitesse vendredi midi et partir pour Chamonix. Comment je vais y arriver? C’est encore un mystère. J’essaie de me rassurer en me disant que ça se passera aussi bien que les autres fois. Sûrement, oui, à condition de ne pas trop penser au retour au bureau lundi, après 48 heures sans dormir…

Le départ de la course aura lieu vendredi 29 août à 18 heures, sur la place du Triangle de l’Amitié, d’où je me suis élancé il y a deux mois pour les 90 km du Marathon du Mont-Blanc. En début d’après-midi, je vais faire la queue avec des centaines d’autres coureurs pour récupérer mon précieux dossard et présenter le matériel obligatoire, dans un Chamonix transformé en capitale assiégée du trail. Je vais essayer de ne pas attendre jeudi soir – ça sent déjà le vœu pieux! – pour sortir de mes armoires les indispensables que chaque participant doit avoir dans son sac pour cette longue virée en semi-autonomie dans les montagnes.

Le temps maximum pour boucler l’épreuve est de 46 heures 30. Pour être finisher, il faut être de retour à Chamonix dimanche avant 16 h 30. Je n’ai pas encore fait mes calculs mais il est évident que comme le gros du peloton, je passerai deux nuits d’affilée sur les sentiers. L’expérience du Tor des Géants me sera bien utile pour gérer la fatigue et le manque de sommeil durant la course. Je ne me fais pas trop de souci pour ça. En revanche, la météo, c’est autre chose. Pour le moment, MétéoFrance annonce du soleil toute la semaine jusqu’à jeudi et dès vendredi… des averses orageuses.

Soyons philosophes, inutile de s’inquiéter pour ce qu’on ne peut pas maîtriser. Hier, j’ai fait une petite sortie sur les crêtes de La Clusaz pour évacuer un peu de la pression qui commençait à s’accumuler dans ma tête. La semaine peut commencer, je suis d’attaque. D’ici quelques jours, je vous raconterai la suite de l’aventure. UTMB à nous deux, jour J-5!

 

Alexander Zelenka

La nuit, Alexander Zelenka enfile ses baskets et allume sa lampe frontale pour voir autrement les montagnes suisses ou plus lointaines. L'obscurité amène le coureur dans un univers onirique où le paysage est transformé, propice aux plus belles aventures. Le jour, Alexander Zelenka est rédacteur en chef du magazine Terre&Nature.