Dans la forêt de Blair Witch

Regardez bien cette photo.

Imaginez que vous êtes au coeur de la nuit, dans un coin perdu derrière le petit Salève. Cela fait plus d’une heure que vous courez. Il fait froid.

Au gré du vent qui forcit, vous commencez à entendre de drôles de bruits. Agités comme de simples roseaux, les troncs des arbres se mettent à gémir. Votre lampe frontale balaie les ténèbres à la recherche d’une présence qui pourrait expliquer ces grincements que votre cerveau est en train de transformer en bande-son de film d’horreur.

N’ayons pas honte de le dire, courir dans l’obscurité est parfois impressionnant. Il y a des nuits sereines, où l’on est en osmose avec son environnement. Et d’autres, plus agitées, où – sans qu’on parvienne vraiment à l’expliquer -, on est plus sensible au craquement d’une branche dans la forêt ou au bruit d’un animal invisible qui se déplace sur des feuilles mortes.

C’est une des raisons pour lesquelles les entraînements nocturnes sont si spéciaux. La nuit, c’est souvent plus dur de se motiver, mais c’est aussi plus intense. Mettre parfois un pied dans l’étrange fait qu’on n’en apprécie que plus de retrouver la normalité. A cet égard, aucune sortie n’est jamais quelconque.

Mais revenons à la forêt de Blairwitch. Une accalmie a rendu le bois soudain plus silencieux. Le froid est retombé. En quelques instants, l’ambiance a viré.

L’arrivée au petit trot à Monnetier-Mornex, étape bien connue des marcheurs se rendant au Salève par le Pas de l’Echelle (Veyrier), puis la descente, rapide et légère, sur Veyrier, ont achevé de chasser la rémanence du fantastique.

Vivement la prochaine aventure !

Alexander Zelenka

La nuit, Alexander Zelenka enfile ses baskets et allume sa lampe frontale pour voir autrement les montagnes suisses ou plus lointaines. L'obscurité amène le coureur dans un univers onirique où le paysage est transformé, propice aux plus belles aventures. Le jour, Alexander Zelenka est rédacteur en chef du magazine Terre&Nature.