“À découper suivant les pointillés” : série chef d’oeuvre d’humanité

Si l’Italie a notamment brillé dans les années 1960 et 1970 pour ses “western spaghetti”, ses réalisations cinématographiques et télévisuelles se sont faire un peu plus discrètes ces dernières années, à l’exception notable de quelques pépites comme “La vie est belle” ou “La grande bellezza”. Je vous mets d’ailleurs au défi de citer une série télévisée italienne récente, à part bien sûr la célèbre “Gomorra”, qui a fait connaître au monde entier via Netflix la pègre napolitaine et ses agissements.

Mais ça, c’était avant… avant que Netflix ne mette en ligne un petit chef d’oeuvre d’humour, de tendresse et de profondeur existentielle : “À découper suivant les pointillés” , dessin animé réalisé par Zerocalcare, nom d’artiste de  Michele Rech, romain de 37 ans qui s’est au fil des années forgé la réputation de meilleur dessinateur italien de BD.

Dans cette brève série de 6 épisodes d’une vingtaine de minutes chacun, on suit les aventures de l’avatar du dessinateur et de ses amis dans un voyage qui les mène de Rome jusqu’au Nord de l’Italie pour quelque chose dont ils se seraient volontiers passés ( difficile d’en dire davantage sans en dire trop).

Le voyage est entrecoupé de “capsules” racontant des événements à priori anodins, mais qui amènent à chaque fois une profonde réflexion philosophique sur le sens de nos existences, et finissent par s’assembler comme autant de pièces d’un puzzle créant un tableau assez époustouflant.

Impact de nos actions et comportements sur autrui, existence ou non d’un destin immuable, manières d’appréhender les événements prévus ou imprévus qui se présentent à nous… Difficile de ne pas sortir un brin bouleversés de ce tourbillon de réflexions toujours émaillées d’un humour mordant et de dizaines de références plus ou moins savantes ou “geek” qui vous feront sourire à tous les coups.

Avec ses personnages, c’est aussi le portrait d’une génération, celle des (plus si…) jeunes nés dans les années 1980, que brosse Zerocalcare. Une génération avec ses espoirs, ses désillusions et son mode de fonctionnement si particulier, qui la rend à la fois attachante et insupportable ( je le dis d’autant plus volontiers que j’en fais partie).

Bref, si vous avez envie de passer une ou deux soirées à rire, vous émouvoir et réfléchir au sens profond de la vie, c’est sur Netflix avec “À découper suivant les pointillés” que ça se passe !

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.

2 réponses à ““À découper suivant les pointillés” : série chef d’oeuvre d’humanité

  1. Bonjour Alberto Mocchi,
    Génération des années 80 attachante et insupportable?? C’est à voir.
    Que dire de la génération d’avant et encore celle de bien avant.
    La réalisation italienne qui m’avait le plus bouleversé, oeuvre pas forcement d’une grande facture cinématographique, mais néanmoins d’une grande sensibilité et humanité qui transcendent les appartenances, y compris chez le jeune enfant que j’étais en se temps là. Cette oeuvre est “Pane e cioccolata” (Pain et chocolat), 1973 de Franco Brusati, avec Nino Manfredi. Ce dernier, dans le rôle du migrant italien, balloté entre espoir et désespoir et se cherchant une vie digne à se construire dans la Suisse de ce temps là, mais affligé par le poids coercitif du système administratif procédurier, froid et débilitant, voire destructeur.
    On ne peut ne pas s’empêcher de faire le parallèle avec le vécu d’aujourd’hui de très nombreuses personnes se trouvant dans cette situation et que très peu prennent la mesure de leur désespoir.
    Cordialement
    D. Medjitna

    1. Hello !
      Oui, effectivement un magnifique film que “pane e cioccolata”, poignant et très actuel.
      D’aucuns ont oublié en Italie qu’il n’y a pas si longtemps que cela, les migrants mal accueillis un peu partout en Europe étaient souvent italiens…
      Très bonne journée et à bientôt 🙂

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