Loi sur le CO2 : qui défend qui ?

Le 13 juin prochain nous sommes appelé-e-s à voter sur le référendum lancé par le lobby du pétrole et l’UDC sur la loi sur le CO2. La campagne fait rage, et parmi les opposant-e-s à cette loi, on fait feu de tout bois ( ou devrais-je dire mazout) pour essayer de montrer que celle-ci est nuisible pour les locataires et celles et ceux qui vivent dans les régions périphériques.

La droite conservatrice et climatosceptique qui défend les locataires ? Cela a pour le moins de quoi surprendre, notamment quand on sait que l’UDC s’oppose depuis toujours à toute proposition cantonale ou fédérale allant dans le sens d’une meilleure défense des locataires. Parmi les derniers exemples en date on peut citer le refus sec de l’initiative de l’ASLOCA “pour davantage de logements abordables”, ou encore la farouche opposition de la section vaudoise du parti  agrarien à la Loi sur la préservation et promotion du parc locatif (LPPPL), dont l’objectif était de mettre sur le marché davantage de logements à loyers abordables.  À noter par ailleurs que dans le comité du référendum contre la loi CO2 figure également l’association suisse des propriétaires immobiliers. Bref, pas vraiment les plus grands avocats de la cause des locataires…

Qu’en pensent au contraire celles et ceux qui ont pour vocation de les défendre ? Et bien, pour reprendre les mots exacts de l’ASLOCA, association suisse de défense des locataires, que ” (…)  la nouvelle loi qui veut renforcer la protection du climat en Suisse, ne devrait avoir que des effets marginaux sur [ces derniers]”.

Même topo pour ce qui est des régions périphériques. On aurait aimé entendre ce cri d’amour pour celles et ceux qui y habitent au moment où il était question de défendre les initiatives “services postaux pour tous” ou  “pour le service public”, qui auraient notamment permis de maintenir certains services de base dans les régions de montagne ou rurales, là où ils sont moins rentables.

De là à penser que cet amour soudain pour les petites gens est une basse manœuvre électorale il y a un pas que je franchis volontiers, tant le procédé est discutable et détestable. Ne nous laissons pas avoir : l’UDC et le lobby du pétrole s’en fichent éperdument tant des loyers que du chauffage ou des moyens de locomotion des montagnards. Ils instrumentalisent ces catégories de la population pour faire passer leur message d’opposition à tout type de progrès en matière d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique, afin de servir les intérêts très particuliers de ceux qui s’enrichissent en perpétrant ce réchauffement.

La vérité est que les classes populaires sont celles qui souffriront davantage des effets du réchauffement climatique. Les désagréments d’une canicule ne sont pas les mêmes dans une villa avec piscine à Herrliberg que dans un petit appartement de la cité des Avanchets. Quant aux populations des zones alpines, elles seront aussi les premières impactées, et elles ont donc tout à gagner d’une lutte accrue contre le réchauffement climatique, comme le montre une brillante analyse de l'”initiative des Alpes”, qu’on ne saurait accuser de défendre les lubies de quelques bobos citadins.

Bref, pour toutes sortes de raisons il semble préférable de faire confiance le 13 juin à celles et ceux qui défendent réellement les locataires, les Alpes et l’environnement, plutôt qu’à ceux qui essaient de les instrumentaliser pour continuer à nous mener dans une course qui nous mène à vitesse croissante contre un mur.

 

 

 

 

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.

3 réponses à “Loi sur le CO2 : qui défend qui ?

  1. Ce n’est pas parce que l’UDC s’oppose à cette loi pour de mauvaises raisons, que nous devons nosu opposer à l’UDC.
    La question est dans la loi – faut-il taxer le CO2?
    Est-ce que cela résoudra nos problème environnementaux? Point du tout.
    Encore une fois, le CO2 est nécessaire à la vie sur terre.
    Ce qui pollue, c’est la surconsommation et le gaspillage des ressources.
    Rien n’est fait pour ralentir la consommation d’électricité. Or l’électricité pollue aussi pour sa production.
    Donc non aux mirages.
    Vous êtes écologistes alors attaquez-vous aux causes des problèmes au lieu de vendre du green washing.
    Le problème n’est pas dans le CO2, mais dans la surconsommation. Il suffit de pénaliser ceux qui produisent des machines à l’obsolescence programmée et de faire payer la mise à la casse et l’on résoudra déjà une bonne partie du problème. Et taxer enfin les transactions boursières! Combien d’électricité pour faire tourner les super-ordinateurs de la bourse qui ne servent qu’à la spéculation?
    Tout cela c’est bien autre chose que la bourse mondiale du CO2 qu’on veut nous vendre. D’ailleurs qui veut vendre cela – les GAFAM, la Sillicon Valley, les grandes banques d’affaire!
    Alors, je vous en supplie, redevenez écologiques, au lieu de servir le grand capitale!!!

  2. Cette loi Co2 est une punition pour les revenus les plus faibles. Cette loi ne favorise pas l’innovation mais taxe les plus pauvres. Il faut croire que les verts se moquent de la révolte des gilets jaunes. Pour votre info j’ai eu voté vert mais c’est bien fini. Le parti vert est devenu un parti de petits bobos fils à papa avec des poches bien remplis. J’ai voté NON à cette loi inique et je fais voté NON.

  3. Pour ma part, j’ai voté non. Les raisons sont simple :
    cette loi ne fera rien, à part donner bonne conscience à la politique; les pollueurs continueront de polluer, vu qu’il n’y aura qu’à payer pour le faire, comme tout en Suisse (un truc est interdit/mal vu? bah on met une taxe, et c’est réglé).

    La redistribution ? On y croit vraiment ? Via les assurances privées qui nous tondent chaque mois, parce qu’on est légalement contraint de passer par eux pour une couverture médicale somme toute médiocre (on reparle du remboursement des lunettes?) ? Franchement, qui y croit encore, à ce système de redistribution ? des clopinettes qui seront aussitôt récupérées via d’autres taxes, d’autres primes, d’autres paniers percés.

    La Confédération veut des sous pour améliorer l’écologie ? Entre l’OFIT, incapable de tenir un budget, de mener un projet IT à terme, ou simplement de faire les choses correctement, et l’Armée, incapable de se renouveler, incapable de se trouver une réelle mission (on attend depuis Armée XXI que les nouvelles missions de l’armée soient définie), incapable de passer aux champs de bataille moderne, y aurait de quoi trouver quelques milliards à investir dans, disons, les toits solaires sur les bâtiments publics, l’isolation des bâtiments, etc.

    Et que dire quand on nous rabâche que les véhicules privés à moteur thermique, c’est la mort de la planète…. Alors que la Suisse continue d’importer des v12 américains consommant plus de 5l au 100 (au ralenti), ou des SUV trop larges pour nos routes et parkings ?
    Et donc, on veut nous faire passer à l’électrique ? En supprimant les centrales nucléaires (il paraît que ça pollue – à part de la vapeur d’eau, j’avoue, je vois pas…. la gestion des déchets ? on y reviendra plus bas) – en supprimant nos centrales donc ? Avec chaque projet éolien mis à mal par, oh douce ironie, des écologistes en mal de paysage ?! On va les alimenter comment, nos voitures à batterie lithium ?
    Sans même parler du coût de tels véhicules, du coût du recyclage de l’ancien, du coût de production des batteries, etc, etc, etc.

    Et donc, les déchets…. Parlons-en, de ceux-ci ! La gestion des déchets, en Suisse, c’est du folklore complet. Si certaines régions (même pas cantons, non, régions, genre districts) s’en sortent assez bien (Lausanne et la Riviera, pour ce que j’en sais), avec des capacités de tri plus que correctes, des infrastructures de déchetteries pratiques, simples d’accès, proposant un vaste choix de collecte, d’autres en sont encore au Moyen-Àge – que dis-je, à l’Antiquité ! Venez voir la superbe plaisanterie au Jura ! Les flacons en plastique ? bah, poubelle, ou alors faut trouver des points de collecte dans les magasins (donc, prendre la voiture, etc). Les encombrants ? Wow, là, si on a un ramassage tous les 3 mois, c’est chouette, et attention, 2m et 50kg max, sinon faut payer. Le canapé ? Je préfère ne pas y penser ! Le matelas ? Pareil, au secours !
    Alors je veux bien que la Suisse soit une confédération. Mais j’ai l’impression qu’à l’heure actuelle, la politique est plus concentrée sur la première syllabe, et perd de vue ce qui est, effectivement, son but : s’assurer du bien-être des citoyen/ne/s, s’assurer que le pays fonctionne.

    Sérieusement, la schizophrénie de la Suisse sur le plan écologique n’a d’égal que son hypocrisie totale et complète. Payez, payez, PAYEZ – et, peut-être, on vous filera un susucre dans 30 ans.

    Mais, surtout, ne posez jamais de question sur l’usage réel des sommes versées, vous ne voulez pas savoir.

Les commentaires sont clos.