Avortement : un acquis à défendre sans concessions !

Il est tristement fascinant de constater comment certains acquis sociaux sont périodiquement remis en question par des milieux conservateurs, qui ne supportent pas de voir la société évoluer et des groupes sociaux obtenir des droits.

Parmi ces acquis, celui le plus violemment et régulièrement contesté est probablement le droit à l’avortement, comme en témoigne par exemple la récente loi adoptée par le Parlement de l’Alabama, la plus restrictive en la matière de tous les Etats Unis.

En Suisse aussi, nous ne sommes malheureusement pas à l’abri d’attaques et de volontés plus ou moins larvées de régression…

L’objectifs des élus du parti républicain de l’Alabama est clair : se retrouver devant la Cour suprême des Etats-Unis pour la convaincre de revenir sur sa décision emblématique de 1973, « Roe v. Wade », qui a reconnu le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas viable. Avec une Cour désormais à claire majorité conservatrice, il n’est malheureusement pas exclu que l’arrêté soit remis en question, et que le Etats les plus conservateurs puissent durcir fortement leur législation en matière d’avortement, tirant un trait sur près de 50 ans d’une pratique qui a permis aux femmes de disposer librement de leur corps, et qui a évité bien des drames sociaux.

Deux choses m’interpellent particulièrement :

La première – et plus anecdotique – est que les mêmes personnes qui se battent corps et âme pour le “droit à la vie” sont bien souvent les mêmes qui soutiennent la peine de mort, laissant ainsi supposer que l’existence à venir d’un foetus a plus de valeur que celle bien réelle et consciente d’un jeune adulte…

La deuxième et principale est l’acharnement de certains à vouloir empêcher d’autres personnes d’avoir les mêmes droits qu’eux et de vivre paisiblement leur vie.  De quel droit un homme d’âge mûr peut-il décider ce qui est bon ou mauvais pour le corps d’une jeune femme, et ce qu’elle peut faire ou non avec ce dernier ?

On avorte rarement de gaieté de coeur, et cet acte est toujours mûrement réfléchi et pensé. Même lorsqu’il est bien vécu et assumé, il résulte simplement de la volonté d’une personne de ne pas avoir d’enfant, ni plus ni moins. Dans une société libérale comme la nôtre ou celle des Etats-Unis, cela devrait être une évidence, et non une avancée acquise de haute lutte et sans cesse contestée.

Pourtant, en Suisse aussi on doit à intervalles réguliers voter sur l’énième initiative de l’UDF voulant limiter, restreindre, rendre plus cher (je vous laisse compléter la liste) l’avortement. Loin de moi l’idée de contester le droit démocratique de chaque citoyen ou groupe d’utiliser les instruments de la démocratie directe pour lancer un débat et faire des propositions, mais à un moment donné il semblerait opportun de passer à autre chose…

Il ne vient à l’idée de personne de contester le droit au divorce, à la liberté de croyance ou de commerce. Alors pour l’amour du ciel, ouvrons les yeux sur une société moderne et libérale, et faisons le voeu de voir un jour toute l’énergie mise dans ce combat d’arrière garde mise un jour au service d’une vraie égalité entre les sexes et les genres. Car c’est de cela dont nous avons besoin !

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.

Une réponse à “Avortement : un acquis à défendre sans concessions !

  1. Bravo cher Alberto, “Liberté, Egalité, Fraternité”, j’ai bien peur qu’il faille défendre bec et ongles les lambeaux qu’il en reste.

    A croire que l’on provoque les crises et les guerres et jusqu’à la pollution pour pouvoir garder ses prérogatives, allez savoir 🙂

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