Lutter contre le réchauffement climatique en aménageant mieux notre territoire

Aménagement du territoire et lutte contre le réchauffement climatique peuvent sembler des sujets à priori distincts, quoi que liés à l’envie de léguer à celles et ceux qui viendront après nous une Planète agréable à vivre.

Pourtant, à y regarder de plus près, la manière dont nous organisons notre territoire est un élément essentiel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’origine de ce réchauffement qui menace notre qualité de vie.

Il est donc temps d’empoigner le taureau par les cornes dans ce domaine également, et de sauver ce qui peut encore l’être de nos terres agricoles tout en aménageant de manière plus harmonieuse et logique les différentes activités qui structurent nos sociétés.

Le constat actuel a malheureusement de quoi déprimer : chaque seconde ou presque un mètre carré de terres agricoles est enfoui sous une chape de ciment ou de goudron, rendu imperméable à jamais. Depuis 1985, ce sont 584 km2 de surface qui ont accueilli de nouveaux bâtiments, soit un tout petit peu plus que la superficie du lac Léman.

Bien sûr, une population en forte augmentation a besoin de plus d’espace, et cela personne ne le conteste. Ce qui est par contre affligeant, c’est que durant des décennies on n’a pas réfléchi à la manière d’articuler logiquement transports, activités économiques et récréatives et lieux de vie, pensant naïvement que la surface à disposition pour nous étaler était infinie.

Or si la population et les activités économiques augmentent, le nombre de kilomètres carrés qui constituent notre territoire reste quant à lui identique.

Cet aménagement inconsidéré a engendré des modes de vie et de déplacements qui ne sont pas viables à long terme, et qui sont en partie responsables des émissions de gaz à effet de serre que nous souhaitons aujourd’hui juguler.

Le nombre de kilomètres parcourus pour aller travailler a ainsi explosé depuis les années 1950, et si en 1990 on comptait encore 40% de personnes travaillant dans leur commune de résidence, ils n’étaient plus que 29% en 2016.

Cette distance toujours croissante entre lieux d’habitation et de travail ou de consommation/loisirs a pour effet une explosion du trafic routier, et une motorisation croissante des ménages. Le nombre de véhicules immatriculés a ainsi augmenté de 32% en 17 ans, soit bien plus vite que la population totale.

Alors on pourra taxer le carburant tant qu’on le voudra, le meilleur moyen de réduire les émissions liées aux transports reste celui de réduire les besoins de déplacements. Et cela n’est possible que si l’on réfléchit à un aménagement du territoire plus durable et intelligent, qui met un terme à l’étalement urbain qui nous pousse à aller vivre toujours plus loin et à occuper toujours plus d’espace.

La révision de la Loi sur l’Aménagement du Territoire (LAT) en 2013 a fait un pas bienvenu dans ce sens, mais le travail est encore énorme.

L’initiative “stop mitage” sur laquelle nous sommes appelé-e-s à nous exprimer le 10 février prochain permet une avancée supplémentaire en ce sens, en demandant à ce que cantons et Confédération veillent à créer “ un environnement favorable à des formes d’habitat et de travail durables dans des structures de petite taille se caractérisant par une qualité de vie élevée et de courts trajets (quartiers durables).”

En prônant une densification de qualité et en réduisant les zones à bâtir dans les lieux mal desservis en transports en commun, commerces, places de travail et autres services on garantit une qualité de vie accrue à toutes et tous, et on brise cette chimère du “toujours plus vite, toujours plus loin” qui a voulu nous faire croire pendant trop longtemps qu’être libres c’était pouvoir passer deux heures par jour dans les bouchons.

C’est bon pour la cohésion sociale, pour nos paysages mais aussi pour le climat, qui a besoin de tout sauf de centaines de milliers de voitures en fille indienne sur les autoroutes chaque matin.

Gardons cela en tête au moment de glisser notre bulletin dans l’urne le 10 février prochain…

 

 

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.

4 réponses à “Lutter contre le réchauffement climatique en aménageant mieux notre territoire

  1. Le quartier de vie « durable » ne se fabrique pas à la manière d’une montre suisse qui indique l’heure exacte dès sa sortie d’usine. Les quartiers construits à l’extérieur ont vu leur taille croître avec le besoin de logements d’une poplation grandissante… qui n’as pas les moyens de s’offrir un loyer 30 % plus élevé pour disposer de commerces et transports publics, déjà présents et à portée de main. Les centres commerciaux se sont rapprochés de ces îles en expansion, et les transports publics tentent péniblement de suivre. Quant au lieu de travail, le prix du terrain au m2 en périférie proche de la ville ne permet simplement pas à une PME de s’offrir ce luxe. Se soucier de la durabilité sous toutes ses formes c’est bon pour l’avenir d’une population, mais si possible sans oublier que chaque personne se soucie également de la durabilité de sa vie qui s’arrête bien avant le vert horizon, même si elle peut espérer qu’à l’approche se sa retraite les transports publics auront réussi à faire fonctionner une ligne en hiver. Compresser la périférie des agglomérations sauverait ainsi le paysage du « laid mitage » coûteux en énergie, en offrant une qualité de vie supérieure dans un naturel environnement constitué de fontaines, de buissons et d’arbustes en pots. L’homme créera donc une nature sur mesure pour lui, et laissera la nature originelle aux bêtes et aux fleurs. Il restera encore le ciel entier à partager très équitablement pour se sentir le bienvenu sur cette planète. Pensons-y au moment de glisser le bulletin dans l’urne le 10 février prochain…

  2. On n’aménage pas un pays comme on fait le nettoyage de printemps, ça prend des décennies, il n’y aurait aucune chance pour qu’un tel projet ait un impact sur le climat à court ou moyen terme .
    La piste la plus sérieuse repose sur le travail à distance basée sur les technologies numériques.
    De plus en plus , les sociétés recourent au “cloud” pour faire tourner leurs applications commerciales. Ce qui revient à dire que vous pouvez travailler de n’importe quel endroit du monde pour effectuer vos taches professionnelles ou privées , tous vos dossiers étant à portée de clic .
    Je ne vois donc pas ce qui retient toute organisation de flexibiliser autant le lieu de travail que l’horaire.
    En ne restant qu’un jour par semaine à la maison , les pendulaires réduiraient de 20% le trafic sur les routes en pensant qu’ils ne vont tous choisir le lundi !

    1. Tout à fait d’accord avec vous : le télétravail est une des pistes les plus prometteuses pour réduire le nombre de véhicules sur les routes et les déplacements pendulaires. Il manque cependant une réelle volonté politique de le développer, et quelques questions doivent encore être réglées au niveau du droit du travail, afin de rallier les syndicats à cette cause.

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