Touche pas à mes médias !

Il est un point commun qui unit les politicien-ne-s de tous âges, milieux et appartenances partisanes : régulièrement, ils vont en lisant un article de presse ou en écoutant un sujet à la télé ou à la radio le trouver partial, regretter que leurs arguments ne soient pas mieux mis en avant, que la position de leur formation soit si peu explicitée.

Cela a quelque chose de salutaire, car les médias ne sont pas là – exceptée la presse dite ” de parti”, qui n’existe quasiment plus en Suisse –  pour complaire à tel ou tel organe, lobby ou groupe d’intérêt. Ils sont là pour relayer des informations de manière aussi neutre que possible, afin que la lectrice ou le lecteur, l’auditrice ou l’auditeur puissent se forger leur opinion.

Un journaliste n’est bien entendu pas un simple passe-plat, il doit aller chercher l’information, poser les questions qui fâchent, mettre le doigts sur les non dits, sur les zones d’ombre, même si cela dérange certains.

Il y a par ailleurs la place pour les commentaires, les analyses, les tribunes libres et tout le reste, du moment que cela est clairement indiqué et explicité.

Dans un pays qui s’est doté d’un système politique donnant aux citoyen-ne-s la responsabilité de trancher régulièrement sur des questions importantes et parfois complexes, il est essentiel que l’information circule et que les opinions puissent se forger en toute connaissance de cause.

Il est donc essentiel de disposer de médias divers et indépendants, reflétant les tendances que l’on observe au sein de la société et informant de manière claire et objective. Il en va à terme de la bonne santé de la Démocratie, de sa vitalité.

Ce n’est donc pas un hasard si environ 200 personnes se sont réunies aujourd’hui dimanche 28 janvier sur la place de la Riponne à Lausanne, répondant à un appel pour le diversité de la presse. Ils et elles y ont protesté contre les licenciements à l’ATS et dans les rédactions des principaux quotidiens romands, et ont plaidé pour une mobilisation en faveur des médias qui de plus en plus nombreux tirent la langue.

Dans la foule des journalistes, des politicien-ne-s, mais aussi des citoyen-ne-s attachés à leurs médias et aux nouvelles qu’ils y découvrent jour après jour.

Les rassemblements et les protestations sont nécessaires, mais doivent être suivis d’actions concrètes. Le politique a un rôle important à jouer en la matière, et doit réfléchir à comment mieux  et davantage soutenir la diversité médiatique dans notre pays. L’une des pistes évoquées est par exemple celle d’une fondation  indépendante mais financée par des collectivités publiques, qui subventionnerait les différents médias.

Un travail de fond doit également être fait pour sensibiliser la population, et tout particulièrement les plus jeunes, sur le prix d’une information de qualité. Parce que comme on l’a souvent entendu en ces temps de campagne sur l’initiative No Billag, “si c’est gratuit, vous êtes le produit”.

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.