Le 24 janvier évoque pour d’aucuns une avenue d’Yverdon ou de Renens, pour d’autres l’anniversaire de Raymond Domenech, et pour les écolier-e-s et politicien-ne-s vaudois-es la fête d’indépendance de notre canton.
C’est en effet un 24 janvier 1798 que les bourgeois des principales villes vaudoises ont proclamé leur indépendance de Leurs Excellences de Berne, forts de l’appui des troupes de la France révolutionnaire, sans doute plus intéressée par les richesses de la République bernoise que par l’autodétermination des peuples.
Peu importe si cette indépendance n’en fut pas vraiment une, puisque le soutien français se transforma en occupation, et s’il fallut attendre le 14 avril 1803 pour que le canton de Vaud fasse son entrée officielle dans une Confédération pacifiée par l’Acte de Médiation.
C’est cette date qui a été choisie pour les commémorations, et un peu partout dans le canton, 220 ans plus tard, les sections locales de partis de droite comme de gauche organisent des soupers et autres commémorations plus ou moins officielles.
Pour ma part, il me semble que ce type d’anniversaires devraient être aussi et surtout l’occasion rêvée pour se pencher sur le passé, mais également pour imaginer le futur d’un coin de pays qui suit un chemin tracé depuis un peu plus de deux siècles.
Le canton de Vaud a bien changé depuis la fin du XVIIIème siècle. Il s’est urbanisé, diversifié, enrichi. D’une société essentiellement rurale il est passé à une réalité beaucoup plus diverse et cosmopolite, dans laquelle on vit plus longtemps et mieux.
En deux siècles les mentalités ont évolué, devenant plus ouvertes et tolérantes, et une incroyable croissance économique a amené – surtout depuis les dernières décennies – une prospérité inégalée.
Tout va donc très bien, et on peut se gargariser de ces succès entre un toast à la Patrie et une assiette de papet ?
Oui, sans doute, mais on aurait tort de se reposer sur les lauriers d’un “miracle vaudois”. Car ce développement a aussi une face moins glorieuse, celle de l’enlaidissement des paysages, de la baisse de la qualité de l’air ou encore de la pollution des eaux et de l’augmentation du stress et du bruit.
Il fait aujourd’hui globalement bon vivre en terres vaudoises – sans doute bien mieux qu’en 1798 – mais si nous voulons que les oratrices et orateurs des banquets patriotiques de 2058, 2098 ou 2118 puissent en dire autant, il est urgent d’agir.
De revoir un modèle de développement économique basé sur la croissance irréfléchie, de protéger plus efficacement la nature et les paysages, de soutenir avec détermination une agriculture qui se meurt malheureusement à petit feu et de lutter contre des inégalités sociales qui semblent malheureusement reprendre l’ascenseur.
Vaste programme me direz-vous, entravé qui plus est par des lois fédérales, des accords internationaux, des intérêts divergents, la nécessaire recherche de compromis et j’en passe.
Mais il est des jours comme cela ou il est plus permis de rêver que d’autres, et d’imaginer le futur tel que nous le souhaiterions.
Puisse donc cette journée de l’Indépendance vaudoise être l’occasion pour chacune et chacun de formuler ses souhaits et désirs pour le canton à venir. Parce que la politique ce ne sont pas seulement des textes de lois, des phrases plus ou moins creuses et des affrontements partisans. C’est aussi et surtout une volonté de concevoir le futur et de s’engager pour le réaliser.
Bonne fête à tou-te-s les vaudois-es !