Voilà des mois que les mauvaises nouvelles s’accumulent dans le domaine des médias : disparition de L’Hebdo, réductions répétées des postes de journalistes, fusion de rédactions. Alors que No Billag attaque frontalement la SSR et le service public audiovisuel, voilà maintenant des licenciements qui sont annoncés à l’ATS.
Notre accès à l’information est menacé
Le monde de l’information est donc en crise à tous les niveaux : la presse est au plus mal, l’audiovisuel public et les radios et télévisions régionales privées en danger, et l’ATS, qui fournit à l’ensemble des médias des données fiables et indépendantes dans les trois langues nationales, sur le point d’être dangereusement affaiblie.
Ceci doit nous alarmer. C’est en effet notre accès à l’information qui est menacé. Comment notre démocratie directe, qui fait reposer de telles responsabilités sur les épaules des citoyens, peut-elle se mettre dans cette situation ?
L’information n’est pas un pur et simple produit
Les propos de Markus Schwab, directeur de l’ATS, doivent nous faire réfléchir. Selon lui, l’ATS ne serait redevable qu’envers ses actionnaires. De tels propos font fi d’une réalité qui devrait pourtant être une évidence : l’information ne peut être réduite à une pure marchandise. Si l’information était un produit comme les autres, au même titre qu’un meuble, qu’un vêtement ou qu’une cafetière, alors oui, pourquoi pas, le directeur de l’entreprise qui les produirait pourrait tenir de tels propos : il serait – en tous les cas principalement – redevable envers ceux qui ont investi dans son affaire.
Mais il se trouve que l’information n’est pas un produit comme un autre. L’information est à la base du débat démocratique, elle en est quasiment, pourrait-on dire, une infrastructure. Les médias indépendants et de qualité, désignés à raison comme un quatrième pouvoir appelé à contrebalancer celui de l’Etat, apportent aux citoyens un éclairage irremplaçable sur l’actualité politique, mais aussi économique, sociétale, scientifique, sportive ou cultuelle de leur région et de leur pays.
Vous nous êtes aussi redevable, Monsieur Markus Schwab !
Dès lors, on ne « consomme » pas de l’information, comme l’on consommerait, de manière banale ou désinvolte, n’importe quel produit d’usage courant. Nous avons au contraire besoin d’une information indépendante et fiable pour pouvoir assumer sérieusement notre rôle de citoyen. Nous avons besoin de cette information indépendante et fiable pour pouvoir comprendre et penser notre lieu de vie et notre époque. Nous avons besoin de cette information indépendante et fiable pour pouvoir agir de manière éclairée dans notre économie, dans notre société.
Cher Monsieur Markus Schwab, vous ne vendez pas n’importe quoi. L’ATS fait partie de cette « infrastructure de l’information » dont notre démocratie a un besoin vital. Elle en est même un rouage essentiel, car elle permet à des rédactions aujourd’hui sous pression de bénéficier d’un matériel informatif précieux, dans les différentes langues nationales. Vous n’êtes pas seulement redevable envers vos actionnaires. Vous nous êtes aussi redevable, à nous, citoyens, qui voulons jouer notre rôle démocratique avec sérieux, qui voulons appuyer nos décisions économiques sur des informations solides, qui voulons connaître la vie culturelle et sportive de notre région.
Refusons No Billag pour les mêmes raisons
La même réflexion est valable pour No Billag. Chers initiants, l’information audiovisuelle ne peut, elle non plus, être réduite à une banale marchandise et consommée comme telle. Elle a une valeur qui dépasse celle d’un pur et simple produit. Elle répond à des exigences de qualité, d’indépendance et d’impartialité – bref, à un mandat de service public – auquel nous, citoyens engagés et responsables, tenons. Ce sont ces exigences que vous voulez rayer de notre Constitution. Nous ne vous laisserons pas faire. Nous voulons être des citoyens bien informés, pas seulement des consommateurs. Le 4 mars, nous vous dirons non.
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